Alberto Contador pour son dernier acte, Chris Froome pour une grande première : le premier achève sa carrière alors que le second rêve du doublé sur ce Tour d’Espagne qui débute samedi.
Pour l’Espagnol, finir à la maison est une manière de boucler la boucle, dans l’une de ses courses fétiches. Le «Pistolero» a remporté trois fois la Vuelta (2008, 2012, 2014) et en cas de nouveau triomphe à Madrid le 10 septembre, il pourrait égaler le record de victoires dans l’épreuve, propriété de son compatriote Roberto Heras (2000, 2003, 2004, 2005).
«Je crois qu’il n’y a pas de meilleure façon de dire au revoir que dans mon pays», a expliqué le leader de Trek-Segafredo au moment d’annoncer ses adieux. «Je suis sûr que ce seront trois semaines de rêve, en ressentant toute l’affection (du public).»
Même s’il a semblé faire son âge sur les routes du Tour de France (9e à l’arrivée), le Madrilène est un battant qui devrait animer cette Vuelta jusqu’au bout. En 2014, il avait remporté l’épreuve avec Froome pour dauphin et l’an dernier, c’est son audacieux coup de force à Formigal qui a coûté la victoire au Britannique.
«Il y a des étapes (…) comme celle de Formigal où on sort du scénario», a expliqué Contador en janvier dernier. «La course explose et toi, tu te retrouves au milieu. Ce ne sont pas des victoires, mais ce sont des moments, des situations que j’aime. Et les gens s’en souviennent parfois plus que certaines victoires.»
Appartenant au club très fermé des coureurs ayant remporté les trois grands tours, et ce malgré le retrait de ses victoires en France en 2010 et sur le Giro en 2011 pour dopage, l’Espagnol a toujours dit vouloir tirer sa révérence «au sommet d’un podium.» Et, honoré du dossard n°1 de cette Vuelta, il espère sans doute y parvenir à Madrid.
Froome en quête d’un doublé Tour-Vuelta
Froome, lui, peut entrer dans l’histoire avec une prouesse jamais vue depuis 1995 et le repositionnement du Tour d’Espagne du printemps vers la fin de l’été : remporter la même année le Tour de France puis la Vuelta.
Vainqueur en juillet de sa quatrième Grande Boucle, le grand échassier de l’équipe Sky pourrait penser qu’il a fait le plus dur. Mais il a échoué trois fois à la deuxième place sur l’épreuve espagnole (2011, 2014, 2016), chère à son cœur car il s’y était révélé il y a six ans : «J’ai le sentiment que je n’en ai pas fini avec cette course», a souligné le Britannique. «J’ai terminé trois fois deuxième, mais j’ai un bon pressentiment pour cette année.»
Souvent placé, jamais gagnant, Froome peut compter cette année sur un parcours avantageux : un contre-la-montre par équipes dès la première étape à Nîmes, qui pourrait permettre à Sky de distancer d’entrée certains adversaires, et un long chrono individuel globalement plat (40,2 km) pour la 16e étape, dont «Froomey» sera le grand favori.
Mais attention, car le scénario de la Vuelta réserve toujours des traquenards, des arrivées harassantes sur des pentes à deux chiffres ou des défaillances inattendues au gré d’états de forme disparates.
Et le plateau de l’épreuve s’annonce comme le plus dense des dernières années : les Italiens Fabio Aru (Astana) et Vincenzo Nibali (Bahrain), vainqueurs respectifs en 2015 et 2010, le Français Romain Bardet (AG2R La Mondiale), qui découvre l’épreuve ou l’armada Orica avec Johan Esteban Chaves (3e en 2016) et les frères Simon et Adam Yates…
De quoi favoriser la course de mouvement chère à Alberto Contador, et de quoi mettre à l’épreuve les rêves de doublé de Chris Froome.