Comme prévu, André Greipel a remporté la 1re étape, jeudi à Hesperange, où Jempy Drucker est resté en jaune.
L’étape a été conforme aux prévisions. Une échappée fleuve de trois hommes et un sprint massif à l’arrivée. Il n’y a pas à tortiller, lorsqu’il déboule comme à Hesperange et ça lui arrive souvent, il n’y a pas photo ! Jeudi, le père Greipel, alias le «Gorille de Rostock», s’est payé son septième succès de la saison.
On avait fait de Caleb Ewan, le jeune Australien de 21 ans et son exact contraire, puisque l’Allemand est aussi musculeux que massif (1,84 m pour 75 kilos), alors qu’Ewan, certes râblé est un coureur de petite taille (1, 65 m pour 61 kilos), son adversaire du jour. On s’est trompé.
Leurs deux équipes respectives avaient certes préparé le terrain. On avait ainsi vu les formations Lotto-Soudal et Orica comme donner un bon coup de main à l’équipe BMC de Jempy Drucker, laquelle sur le final ne laissa qu’un homme en pointe, le grand Marcus Burghardt. «Quel boulot monstrueux il a abattu», s’émerveillera ainsi un Jempy Drucker qui ressemblait un peu à un coq en pâte, logiquement choyé par tant de monde… Seul le train de la Lotto résista dans les derniers hectomètres, plaçant donc Greipel comme sur des roulettes. Quand ça se passe comme ça, on prend un fameux courant d’air si on veut se risquer à le dépasser. L’Anglais Adam Blythe, deuxième sur la ligne , st resté assez loin derrière. Deuxième derrière Greipel, il n’y a quand même pas à rougir.
Bien au-delà la ligne d’arrivée, le vainqueur du jour est allé, comme c’est la tradition, féliciter poliment tous ses coéquipiers, lesquels, effectivement n’avaient pas chômé. Cela lui redonnait du baume au cœur après une polémique italienne dont il se serait bien passé et qu’il convient de rappeler ici. Lorsqu’il abandonna le Giro à l’issue de la 13e étape qu’il venait de remporter, André Greipel avait expliqué assez maladroitement sur le site de son équipe Lotto-Soudal qu’il se trouvait hors de forme après un long début de saison. La vérité, qui n’avait pas échappé au public italien, était ailleurs. Il lui fallait couper avant de reprendre sa préparation au Tour de France. Une Grande Boucle qu’il ne voudra sans doute pas quitter avant son terme et éventuellement un nouveau sprint royal sur les Champs-Élysées, avec d’ici là quelques succès d’étapes sous le bras.
Place aux choses sérieuses
Ainsi va le cyclisme moderne où les coureurs qui ne voudraient froisser personne se laissent aller à de petits mais néanmoins grossiers mensonges. Si André Greipel se fout de la gueule du public italien et du Giro qui ne lui sert en définitive qu’à accroître des stats déjà impressionnantes, il n’en demeure pas moins qu’il reste un sacré sprinter. Jempy Drucker, lui, est resté en jaune. Même si son idée était de se glisser sur une marche du podium, auquel cas il se serait assuré quelques secondes de bonifications. Histoire de dormir tranquille avant l’étape du jour, à Schifflange.
Voici deux ans, c’est là, au-dessus de la bosse d’arrivée aboutissant au stade Jacoby, qu’il avait pris le maillot jaune, battu d’un rien par le Danois Matti Breschel. Il l’avait rendu deux jours plus tard à Differdange. Il ne cache rien de ses ambitions. Il entend bien essayer de garder son bien jusqu’à dimanche, au Limpertsberg. Mais, bien sûr, il convient justement de procéder par étapes. Chaque chose en son temps. Aujourd’hui, il sera donc question de sauvegarder les acquis avant l’étape sans doute décisive de Differdange. Concluons simplement que les choses sérieuses commencent.
Denis Bastien