Le Fola s’attaque frontalement à la FLF

Furieux de devoir annuler un contrat signé avec Momar N’Diaye parce que ce dernier appartient toujours à la Jeunesse, qui en demande trop cher, le Fola veut s’attaquer aux particularismes locaux.

Le Fola n’est pas resté longtemps dans la posture du club victime du système à la suite de son désir de faire venir Momar N’Diaye chez lui. Il est vite passé à autre chose et veut désormais dézinguer le système.

Jeudi, il a envoyé une prise de position nette et très tranchée sur ce qu’il pense de cette loi qui affilie un joueur pendant trois ans à son club quand il signe une première licence au Grand-Duché, quand bien même son contrat n’est que d’une saison. C’est ce qui est arrivé à Momar N’Diaye et c’est ce qui autorise une Jeunesse tout à fait dans son bon droit, d’en demander la somme qu’elle veut. Ses arguments, elle les expose dans le communiqué que nous reproduisons in extenso ci-contre.

Il ne dit toutefois pas concrètement quelles actions le Fola a bien pu ou peut bien envisager dans les jours et semaines à venir. Pim Knaff, auteur du communiqué, nous a donc tout d’abord expliqué comment son club a préféré éviter de rentrer dans une stratégie du pire : «On aurait pu faire passer ça en force. Momar avait signé un contrat, les papiers du transfert et une demande de licence. On aurait pu l’envoyer à la FLF. Et si elle nous avait dit non, on l’aurait renvoyée devant l’arrêt Bosman, les règlements de l’UEFA et lui dire : « Tu n’as pas le choix, tes statuts ne sont pas compatibles. » Et s’il y avait encore eu refus, on aurait saisi la CLAS (NDLR : Commission luxembourgeoise d’arbitrage pour le sport) voire le TAS (NDLR : Tribunal arbitral du sport, à Lausanne). Mais on aurait risqué de bloquer le joueur pendant des mois. Or il a une famille et c’était trop risqué pour lui.»

Le Fola a donc opté pour la manière douce. Se retirer de la course au Momar au profit, visiblement, du F91 et se lancer dans sa croisade sans lui, «parce qu’on protège les intérêts de notre club», assène Knaff.

Le F91, lui, s’était fait débouter

Le club doyen, donc, va prendre contact avec la FLF. Lui suggérer la création immédiate d’un groupe de réflexion pour en finir avec ce règlement. Si cette dernière dit non, il y aura évocation lors de la prochaine assemblée générale de novembre voire tentative de mettre le point à l’ordre du jour, ce qui implique vraisemblablement de trouver des soutiens chez d’autres clubs. À en croire la fédération, c’est mal barré : «Les clubs soutiennent très majoritairement ce système», dixit Marc Diederich, le juriste de la fédération, au sujet de cette spécificité strictement luxembourgeoise qui date du siècle dernier. Pour mémoire, en 2009, c’est le F91 qui s’était fait débouter auprès de la Cour de justice des communautés européennes pour un autre point scabreux des statuts fédéraux sur la nécessité d’aligner sept «premières licences» sur une feuille de match. La justice avait estimé que ce n’était pas discriminatoire.

Bref, contester des spécificités locales au motif que cela contrevient au droit international, c’est tout sauf gagné d’avance. Ça ne décourage pas le Fola : «Au Luxembourg, on est quand même très loin de tout ce qui se fait en Europe sur bien des points : ces premières licences justement, les périodes de transferts…, énumère Pim Knaff. Le souci, c’est qu’une équipe qui joue l’Europe doit se conformer au même statut qu’un club de D3. Mais pour nous, c’est chiant! Financièrement notamment. La Jeunesse profite du système aujourd’hui, elle s’en plaindra peut-être demain! Il faut appliquer les réglements internationaux !». Le début d’une croisade.

Julien Mollereau