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[Sélection nationale] Bienvenue dans le monde d’après


Les Roud Léiwen se sont entraînés hier soir sur la pelouse du Marakana, où ils visent ce soir un exploit.  (Photo : Ben Majerus)

Deux ans après leur dernière venue, les Roud Léiwen retrouvent Belgrade et le Marakana avec humilité, mais avec un statut rehaussé et quelques ambitions.

C’est un souvenir qui nous ramène à une autre époque, au fameux «monde d’avant». Une période bénie où l’on jouait devant des tribunes garnies, et où le stade Rajko Mitic avait valeur de pèlerinage pour les «groundhoppers» (ces supporters dont le hobby consiste à aller assister à des matches à l’étranger) en quête de sensation fortes comme pour les joueurs qui en foulaient la pelouse, située sous le niveau du sol, ce qui ajoute au côté infernal de l’enceinte. Ce soir, le Marakana -le surnom du stade- sonnera creux, la faute au Covid et aux jauges restreintes qu’il impose, mais aussi à l’affiche, qui ne déplace visiblement pas les foules : seuls 10 à 15 000 des 26 000 sièges disponibles seront occupés au mieux.

Mais il n’y a pas que l’ambiance qui a changé depuis ce 14 novembre 2019, date de la dernière venue en Serbie du Luxembourg, reparti de Rajko Mitic avec un revers 3-2 en Ligue des nations. L’enjeu -une qualification pour le Mondial-2022- est décuplé, mais le rapport de forces s’est semble-t-il quelque peu réduit, si l’on ne s’en tient qu’à cette donnée mathématique : en cas de victoire ce soir à Belgrade, les Roud Léiwen délogeront temporairement les «Aigles blancs» de la deuxième place de ce groupe A.

Fou, grisant, mais sacrément trompeur. Car pour le reste, la Serbie reste la Serbie, et Luc Holtz a tenu hier en conférence de presse à la rappeler, façon aussi de tempérer les attentes autour de son groupe. «Il faut calmer les esprits et garder les pieds sur terre, a imploré le sélectionneur luxembourgeois. On est outsiders. Il ne faut pas rêver trop tôt.» Plus fraîche physiquement, puisqu’elle n’a disputé cette semaine qu’un match amical (NDLR : remporté 4-0 face au Qatar) tandis que les Roud Léiwen s’arrachaient pour venir à bout de l’Azerbaïdjan, la sélection de Dragan Stojkovic est surtout bien plus armée.

En 4-3-3 avec Chanot?

Suffisamment pour que Luc Holtz la juge «pas loin de la tête du football mondial». À condition qu’elle «arrive à s’investir sur tous les matches pendant 90 minutes» et parvienne à exploiter son «gros potentiel». Cela fait pas mal de «si», mais cela suffit à situer les choses : un éventuel succès luxembourgeois ce soir ne serait ni plus ni moins qu’une «une surprise». Réaliste, Holtz n’en est pas moins ambitieux. Le technicien veut faire «une belle performance», et devrait pour cela s’appuyer sur «ce qui est acquis». Pas question, a priori, de déroger donc à un système rôdé, le 4-3-3, pour revenir à la défense à cinq expérimentée lors des matches amicaux de juin.

Et tant pis si cela coûte sa place à Enes Mahmutovic ou plus probablement à Dirk Carlson, qui ont tous deux donné satisfaction dans l’axe mercredi, afin de permettre à Chanot, qui a purgé sa suspension et n’a sans doute pas traversé l’Atlantique pour faire des selfies, de réintégrer de réintégrer un onze qui pourrait toutefois être amputé de Mica Pinto, touché mercredi et encore incertain hier avant le dernier entraînement. Le Marakana était alors vide et silencieux. Et c’est, malgré la prudence de leur coach, sans doute dans cet état que les Roud Léiwen aimeraient le laisser ce soir.

Simon Butel