Enfin! Après trois finales perdues, Simona Halep s’est offert à 26 ans son premier titre du Grand Chelem, samedi à Roland-Garros, grâce à un renversement de situation face à « Madame 100% », l’Américaine Sloane Stephens (3-6, 6-4, 6-1).
Née à Constanta, sur les bords de la Mer Noire, la N.1 mondiale rêvait de soulever la Coupe Suzanne-Lenglen « depuis (qu’elle a) commencé le tennis ». Elle a dû attendre son 32e tournoi majeur, essuyer deux échecs en finale à Paris (2014, 2017) et un autre en Australie en janvier, pour atteindre son objectif. Il faut croire que le chiffre huit lui porte bonheur. Quand la première Roumaine, son agent Virginia Ruzici, a triomphé Porte d’Auteuil, c’était en 1978.
Roland-Garros junior en 2008
Lorsque Halep a conquis le trophée chez les juniors, c’était aussi une année se terminant par huit… 2008. Assurée de conserver le trône de la WTA avant l’épilogue parisien, la stratège au petit gabarit (1,68 m) avait une pression en moins. Mais face à la championne de l’US Open, qui avait gagné ses six premières finales, le bilan de Halep ne suscitait guère l’optimisme.
Malgré les chaleureux « Simona, Simona » venus des tribunes, ce match a été tout sauf une partie de plaisir pour la Roumaine, qui avait vécu sa plus grande désillusion l’an dernier sur ce même court Philippe-Chatrier. Elle avait mené d’un set puis s’était offert trois balles de 4-0 avant de s’effondrer face à l’inattendue Lettone Jelena Ostapenko, sacrée à 20 ans. « Cette défaite m’a attristée pendant des mois. J’étais déprimée. J’étais si près du titre! », avait-elle confié dans les colonnes de Tennis Magazine avant le tournoi.
Cette fois-ci, elle renverse la vapeur
Cette fois-ci, le scénario s’est inversé. Menée 6-3, 2-0, elle a su surmonter son stress et la constance de son adversaire, impeccable jusque-là. Sa mauvaise habitude de craquer dans les grands rendez-vous (16 victoires pour 14 défaites avant samedi) planait encore. Depuis le revers subi l’an passé à Rome face à l’Ukrainienne Elina Svitolina, elle avait perdu six de ses sept finales. Sa seule victoire, c’était lors d’un tournoi mineur à Shenzhen (Chine) en janvier.
Mais dos au mur, la protégée de l’Australien Darren Cahill, ancien coach d’Andre Agassi, a trouvé les ressources pour inverser la tendance. « Quand j’ai été menée d’un set et d’un break, je me suis dit qu’il fallait que je me relaxe et que je profite du match », a expliqué la N.1 mondiale, après avoir donné une belle accolade à son entraîneur, qui la suit contre vents et marées depuis fin 2015.
Dans le dernier set, elle empile les jeux
Elle a limité les erreurs (17 provoquées, 10 directes dans la première manche) et a empilé quatre jeux consécutifs, dont deux blancs, pour prendre les commandes pour la première fois (4-2). L’égalisation à un set partout n’a pas pour autant été acquise dans la simplicité. Stephens a recollé dans la foulée à 4 jeux partout. Il a fallu que Halep tienne bon au service et pousse la Floridienne à la faute pour s’offrir une manche décisive. Halep a alors fait défiler les jeux en sa faveur (7 d’affilée entre le 2e et le 3e acte).
Stephens a retrouvé précision et agressivité pour éviter un 6-0 mais pas la perte du match. « Ce n’est pas le trophée que je voulais mais il est très beau quand même », a-t-elle dit en parlant du plateau remis à la finaliste. A 25 ans, l’Américaine grimpera à la quatrième place, son meilleur classement, lundi.
Halep a elle enfin gravi son Everest. « Dans les derniers jeux, je ne pouvais plus respirer, j’ai juste essayé de ne pas répéter ce qui s’était passé l’année dernière », a-t-elle affirmé, soulagée d’avoir remporté son « tournoi préféré ». Un succès qui lui a valu les félicitations du chef de l’Etat roumain Klaus Iohannis: « Bravo Simona Halep pour votre incroyable victoire à Roland-Garros. Première victoire en Grand Chelem de sa carrière après que notre championne s’est battue sur chaque balle et n’a pas abandonné. Bravo, Simona Halep! », a salué M. Iohannis
AFP.