[REPRISE EN BGL LIGUE DIMANCHE] Quatre clubs du pays accueillent cette saison des joueurs venus du Japon. Un tsunami que les coaches annoncent plein d’effets positifs.
Ryunosuke Hayasaka n’est «pas normal», selon son coach, Manuel Correia. En un mois de préparation d’avant-saison, le nouveau joueur japonais de l’UNA Strassen s’est déjà fait voler… trois vélos. C’est un peu normal, il ne les attache pas. Et s’étonne: dans son pays, ce qui est à vous ne peut pas être à un autre. «S’il retrouve un portefeuille par terre, il le laissera à l’arbre suivant avec un petit mot», nuance le technicien. Bref, pas un naïf mais un garçon façonné par une autre culture.
Ils sont quatre, aujourd’hui, les joueurs qui viennent du pays du Soleil levant à être sur le point de reprendre le championnat de BGL Ligue. C’est un constat curieux, mais pas tant que ça : «Quelqu’un dans le comité rosportois connaît un manager qui bosse beaucoup avec les joueurs japonais, sourit Marc Thomé, nouveau coach du Victoria.On m’a demandé si ça m’intéressait. J’ai dit que je ne voulais pas d’un joueur qui ne parle pas un allemand parfait. Et que si en plus il savait jouer au foot, cela pouvait aider. Or, il comprend mon allemand et il sait TRÈS BIEN jouer au foot.»
«Il a remis la chaise à sa place! Mais qui fait ça?»
C’est ainsi que Daito Terauchi est arrivé à Rosport. Rejoignant donc Hayasaka, de Strassen, Taiga Tada, de Hostert, et Sota Adachi, du RFCU. Tous ont un point commun qui, ici, parle énormément aux comités et à leurs staffs : une mentalité «allemande»… poussée à l’extrême.
«Taiga, c’est un bijou au niveau de l’éducation, s’enflamme René Peters, néocoach d’Hostert. C’est un cadeau pour un coach. C’est la mentalité allemande mais à l’ancienne. La première fois que je l’ai vu dans mon bureau, en partant, il s’est levé et a remis la chaise à la place où elle était quand il est arrivé. Mais qui fait encore ça de nos jours?»
«Ce sont des gens très fiers, très bosseurs. Bien plus que les Français ou les Luxembourgeois. Le gars vient de Trèves en train (NDLR : puis en vélo, donc, quand il en a un) et n’a jamais été en retard une seule fois», relance Correia.
Patrick Grettnich, dans la capitale, n’est pas moins séduit par son acquisition estivale : «Il ne parle qu’un peu d’anglais mais s’il regarde un exercice une minute, il l’a capté. C’est incroyable à quelle vitesse il saisit les choses. Et en plus, il est très poli! C’est une belle expérience que l’on vit là.»
Que vont donner les quatre samouraïs cette saison, sorti de leur si séduisante rigueur, leur politesse et leur gentillesse? Celui qui a ouvert la voie, Yuki Tsuchihashi, est reparti avec le mal du pays, l’envie de passer pro à la maison et un championnat plutôt complet : 18 matches, 1 but et 1 passe décisive. Plus un statut de 33e meilleur joueur de DN.
«S’il mesure 1,69m, alors moi je fais 2,05m»
«Gentil avec tout le monde mais qui sait mettre la semelle sur le terrain. Vif, technique, tactiquement bien», détaille Thomé au sujet de Terauchi, qui lui aurait menti à la signature: «Paraît qu’il fait 1,69m. Mais s’il fait 1,69m, alors moi, je mesure 2,05m!»
Concernant Tada, Peters se montre élogieux : «C’est un milieu axial technique, puissant et bien formé.»
Mais puisque Tsuchihashi laissera aussi un bon souvenir humain à son club, ce débarquement exotique ne s’arrête pas au seul football. Ce serait trop réducteur. Ses successeurs semblent s’inscrire dans la même veine, capables de soulever un enthousiasme généralisé.
«Les Japonais, c’est des fous!, s’emballe Peters. Ils ne comprennent rien à ce qui se dit. Mais ils font les conneries avec tout le monde!» «Ils ne s’ouvrent pourtant pas facilement, tempère Manuel Correia. Ils sont surtout réservés et respectueux.»
C’est cette synthèse des comportements que font aussi leurs homologues, y compris Patrick Grettnich, qui se réjouit que «pour le bizutage, le club va entendre la première chanson en japonais de son histoire». «C’est génial, rigole le coach du Racing. Mes joueurs apprennent une langue en plus. Ils saluent Sota en japonais, lui se fait un plaisir de leur apprendre quelques mots pour chambrer. Ça fait plaisir.» Comment dit-on «bienvenue en DN» en japonais?
Julien Mollereau