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C’est pas moi, c’est l’autre

Si les échanges entre les grands leaders politiques finissent par se résumer à des querelles de bac à sable, le monde va mal. Dernier exemple en date : la mort préméditée du traité de désarmement nucléaire (INF), engageant les États-Unis et la Russie.

Les circonstances ayant provoqué la fin de ce contrat emblématique pourraient prêter à rire, mais les conséquences sont potentiellement d’une telle gravité, que la rigolade n’a pas lieu d’être. Et pourtant : le titre de film C’est pas moi, c’est l’autre, résume très bien le dialogue de sourds mené entre Donald Trump et Vladimir Poutine. Les accusations réciproques de violations du traité n’ont eu de cesse de fuser au-dessus de l’Atlantique. Sans surprise, les deux camps ont laissé expirer l’ultimatum lancé début février par le locataire de la Maison-Blanche.

L’enterrement du traité INF a eu lieu vendredi devant les yeux d’une communauté internationale médusée. Pendant ce temps, la querelle entre Washington et Moscou a repris de plus belle. Les deux camps continuent de s’accuser mutuellement d’être responsables de la fin de ce texte historique.

Lors de la signature en décembre 1987 du traité, Ronald Reagan – le président américain de l’époque – et Mikhaïl Gorbatchev – alors secrétaire du Parti communiste soviétique – ne se doutaient certainement pas que trois décennies plus tard, un magnat de l’immobilier et un ancien espion allaient torpiller leurs efforts diplomatiques.

Donald Trump n’a pas tardé à annoncer qu’il comptait accélérer le développement de nouveaux missiles sol-air. Vladimir Poutine ne devrait pas se faire prier pour en faire autant. La France a entièrement raison de souligner que ce scénario «accroît les risques d’instabilité en Europe».

Mais cela n’est visiblement pas suffisant. On a ainsi pu observer vendredi le caractère schizophrénique du président américain. Il estime sans sourciller que l’enchaînement de tirs de missiles par la Corée du Nord ne violerait pas le cessez-le-feu signé en juin 2018 avec Kim Jong-un. Allez comprendre…

David Marques

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