Le succès de Gilles Muller face à Roberto Bautista Agut (n°16), au 2e tour de l’Open d’Australie (7-6, 1-6, 7-5, 6-1), matérialise un formidable retour amorcé il y a un an.
Gilles Muller atteint pour la deuxième fois de sa carrière le 3e tour de l’Open d’Australie. (Photos : AFP)
C’est sans doute le succès qui illustre le mieux le retour au premier plan de Gilles Muller depuis cette folle ascension dans le classement ATP que le Schifflangeois a entreprise il y a un an. 366e à l’époque, 42e aujourd’hui, soit son meilleur rang qu’il avait atteint pour la première fois en octobre 2011, Muller ne devrait pas s’arrêter là.
Cette victoire face à l’Espagnol Roberto Bautista Agut, n°16 mondial, acquise lors du 2e tour de l’Open d’Australie dans la nuit de mercredi à hier (7-6, 1-6, 7-5, 6-1), va lui permettre d’entrer dans le top 40 au terme du tournoi dans la mesure où l’an dernier, à la même époque, il ne prenait que 10 points ATP lors du Challenger de Heilbronn, en Allemagne.
À 31 ans, s’il ne considère peut-être pas être dans la meilleure forme de sa vie (c’est en tout cas ce qu’il estimait au moment de revenir sur sa très bonne année 2014 et de commencer la nouvelle saison), Muller va donc atteindre le meilleur classement de sa vie.
> Cette nuit, un duel entre monstres du service
C’est la deuxième fois qu’il atteint le 3e tour d’un Grand-Chelem qui, au vu de ses qualités, aurait déjà pu lui sourire davantage. Mais comme en 2009, où le géant argentin Juan Martin Del Potro l’avait arrêté au 3e tour (7-6(5), 5-7, 3-6, 5-7), Muller s’est la plupart du temps heurté à des gros morceaux : Mardy Fish (alors n°8) en 2012 (4-6, 4-6, 2-6), Robin Soderling (alors n°4) en 2011 (3-6, 6-7(1), 1-6), Nikolay Davydenko (alors n°3) en 2007.
Le grand John Isner, que Muller va donc défier cette nuit au 3e tour, n’est peut-être pas tout à fait de cette trempe, d’autant que l’Américain est rentré dans le rang (n°21) alors qu’il était encore n°9 mondial en avril l’année dernière. Mais ça promet un duel assez atypique entre ces deux monstres du service.
Les statistiques ne plaident pas en faveur du Luxembourgeois, qui s’est incliné lors de leur trois confrontations, à chaque fois sur dur à Memphis en 2012 (7-6(1), 7-6(4)) et Atlanta en 2011 (7-5, 6-7(3), 6-1) et en 2010 (4-6, 7-6(6), 7-6(7)). Mais battre un record, en l’occurrence celui d’atteindre pour la première fois les 8e de finale de l’Open d’Australie, où il retrouverait alors probablement un Novak Djokovic qui se balade pour le moment, ça se mérite.
Pour le reste, Serena Williams, lente au démarrage, et Stan Wawrinka ont un peu lutté pour se frayer un chemin vers le troisième tour, à l’inverse, donc, de Djokovic, pressé d’en finir. Le mercure est encore monté, pour approcher les 35° C, et Djokovic a voulu s’épargner une trop longue bataille sous le cagnard contre le jeune espoir russe Andrey Kuznetsov, 88e mondial.
> Une Serena « trop attentiste »
Parti sur les chapeaux de roue, le n° 1 mondial a bouclé la rencontre en trois sets 6-0, 6-1, 6-4 et 1h24 face à un adversaire qui a levé le poing, en signe de victoire, lorsqu’il a — enfin — marqué un jeu à 3-1 dans le deuxième set. Longtemps transparent, Kuznetsov a un peu mieux résisté dans la troisième manche mais c’était déjà trop tard.
Cela a été moins simple pour Serena Williams contre la Russe Vera Zvonareva. Les deux joueuses ne s’étaient plus rencontrées en Grand Chelem depuis la finale de Wimbledon 2010 remportée par l’Américaine (6-3, 6-2) à une époque où Zvonareva, actuelle 203e mondiale, était au firmament de sa carrière (2e cette année-là).
Serena, déjà n°1 à l’époque, n’a encore concédé que cinq jeux, mais dans un ordre bien différent (7-5, 6-0). D’abord mollassonne, avec deux balles de set à sauver dans la première manche, la cadette des sœurs Williams est ensuite passée en mode destructrice pour l’emporter.
« J’étais un peu trop attentiste dans le premier set. Je me suis dit : tu n’as rien à perdre ici. Relâche-toi et prends du plaisir », a affirmé la quintuple championne d’Australie, qui aura droit à un premier test au prochain tour. Elle affrontera l’Ukrainienne Elina Svitolina (n° 26), sa première tête de série.
Pour Wawrinka, ce sera le Finlandais Jarkko Nieminen, contre lequel il avait perdu il y a quatre ans à Stockholm. Le tenant du titre a dû faire preuve d’habileté pour se frayer un chemin entre les bombes au service de l’artilleur roumain Marius Copil, auteur de 17 aces et « flashé » à 242 km/h. Sous le soleil de plomb et un court « très rapide », le Vaudois était soulagé de s’en être sorti en trois sets 7-6 (7/4), 7/6 (7/4), 6-3.
De notre journaliste Raphaël Ferber (avec AFP)