Au bout de son rassemblement le plus exténuant depuis 42 ans, la sélection peut faire un 6 sur 9 et garantir la deuxième place si elle ne perd pas face aux îles Féroé, ce mardi soir. En jouant bien, ce serait encore mieux.
Indonésie, 1980. La dernière fois qu’une sélection luxembourgeoise de football a vécu une telle densité de matches internationaux remonte à la Marah Halim Cup, qui l’avait vu affronter la Thaïlande un 1er mai, puis enchaîner avec la Corée du Sud le 9, le Japon le 11, la Birmanie le 13 et encore la Corée le 14. Et à l’époque d’Hubert Meunier, Benny Reiter ou autre Jeannot Moes, l’intensité n’était peut-être pas la même. Alors voilà, après une semaine de quasiment non-turn-over, l’heure est venue. Avec cet état de fatigue généralisé, Luc Holtz n’a plus le choix et il l’a dit : il va casser ce onze de départ qui a très peu changé depuis Vilnius, il y a dix jours et pourtant très bien fonctionné jusque-là. Mais il est un point au-delà duquel l’état de forme prime sur les automatismes. Surtout que malgré deux succès et une prestation honnête en deuxième période face aux Turcs, on ne peut pas dire non plus que le jeu des Roud Léiwen a atteint des sommets d’élégance. Clairement, ils ont déjà fait mieux. En tout cas, plus beau.
Dans les dernières 72 heures de ce rassemblement au long cours, le sélectionneur a encore pas mal ressassé. Allant voir les joueurs coupables de fautes individuelles qui ont coûté deux buts contre la Turquie, «mais ce n’est jamais la faute d’un seul garçon et je ne rejette la faute sur personne». Revisionnant aussi plusieurs fois le but contre son camp annulé pour une faute supposée de Vincent Thill, allé mettre la pression en taclant, «et le juge de touche n’a pas de réaction avant de se rendre compte que le ballon rentre dans le but».
«Évitons de répondre aux provocations»
Puis il a fini par tourner la page en même temps que les très minces espoirs de première place qu’il consentait avoir. Pour se concentrer sur les aspirations les plus naturelles que peut nourrir sa sélection pour l’heure, à savoir celle d’outsider qui s’affirme de plus en plus, campagne après campagne. Le tirage finira bien par désigner un jour une «tête de série» abordable qui permette de jouer la montée en Ligue B puis les barrages… En attendant que les étoiles soient alignées, pour faire encore une deuxième place dans cette Nations League 2022, ne pas perdre contre les Féroé suffirait. Pas sûr toutefois que cela suffise à Holtz et ses gars, qui se verraient bien finir le mois de juin avec un 9 sur 12.
Pour ça, il faudra «refaire le même match qu’à l’aller». C’est-à-dire être patients. Et accepter la stratégie claire et agaçante des Féroïens, établie en ces mots par Luc Holtz : «Gagner du temps, cela fait entièrement partie de leur jeu. C’est leur plan. Avoir des phases arrêtées, gagner des duels aériens, ne même pas essayer de jouer le ballon mais aller chercher le contact corporel pour chercher un nouveau coup franc, ou un corner. Ne tombons pas dans ce piège, essayons de mettre du rythme dans ce match et évitons de répondre à des provocations quelconques.» Il y a une semaine, à Torshavn (0-1), les Féroïens avaient eux craqué les premiers et perdu deux joueurs sur carton rouge. Cela ne leur avait pas fait baisser pavillon. C’est dire la mentalité de cet adversaire qu’il faudra soumettre par la force ce soir. Par la supériorité manifeste du niveau de jeu, ce serait bien aussi. Cela permettrait de faire coïncider la manière avec le résultat.
En 1980, à Sumatra, au bout de cinq matches en treize jours, les Roud Léiwen avaient perdu leur finale pour la troisième place. Aujourd’hui, 42 ans plus tard, ils aimeraient bien, après quatre rencontres en dix jours, gagner leur finale pour la deuxième place.