[Championnats de France] Au-delà de ses retrouvailles avec la compétition pour la première fois depuis onze mois, Pit Brandenburger se penche surtout sur son avenir à moyen terme.
Voilà onze mois pratiquement jour pour jour qu’il n’a plus pris part à une compétition, depuis le 7 février dernier, du côté de Nice. Onze mois sans pouvoir se mettre à l’eau pour se mesurer aux autres. Onze mois où se sont mêlés les doutes, avec l’impossibilité de longues semaines durant de pouvoir tout simplement nager, le manque de motivation avec un certain relâchement dans les efforts. Onze mois de blessures.
Cela fait onze mois que Pit Brandenburger, puisque c’est de lui dont on parle, navigue à vue. Au début de l’année, il pétait tellement la forme qu’il était en fait en surentraînement. S’en est suivie une sale période, une mise au repos forcé. Histoire de récupérer.
La pandémie est ensuite passée par là. Privé d’entraînement, cantonné dans son petit appartement à Antibes, il a fait ce qu’il a pu. Au mois de mai, il a enfin pu regagner le Luxembourg quand le pays a rouvert la Coque pour les sportifs professionnels. Et là, il a regoûté aux joies d’enfiler le maillot. Et de s’entraîner.
Mais toujours pas la moindre compétition à l’horizon : «On s’entraîne mais on ne sait pas pourquoi on le fait», commente-t-il. Au début de l’été, il est retourné dans le sud de la France. Avant de tout arrêter une nouvelle fois : «J’avais des soucis au niveau des bras que je n’arrivais pas à expliquer. Je me suis dit qu’il valait mieux que je fasse vérifier tout ça. J’ai donc décidé de rentrer au Luxembourg pour me faire examiner.» Il y restera deux mois, passera toutes sortes d’examens… pour rien : «Au final, on m’a dit que tout était normal.» Au moins, la douleur est partie d’elle-même : «Donc, ça va !»
J’ai beaucoup réfléchi à ma situation. Je sens que j’ai besoin d’un nouveau changement
S’il est retourné à Antibes début octobre où il a pu s’entraîner dans des conditions normales, ces périodes à répétition sans pouvoir pratiquer l’ont conduit à se pencher sérieusement sur son avenir. L’actualité, ce sont ces championnats de France de Saint-Raphaël, où il s’alignera sur les 50 (aujourd’hui), 100 (dimanche) et 200 m nage libre (samedi). À moyen terme, c’est de tout tenter pour jouer la qualification pour les JO de Tokyo : «Certainement aux alentours du mois de mai.» Peut-être le Japon au cœur de l’été.
Mais après ? «J’ai beaucoup réfléchi à ma situation. Je sens que j’ai besoin d’un nouveau changement.» En clair, après les JO, Pit Brandenburger quittera le club d’Antibes : «Avec le corona, on n’est même pas sûr à 100% que les JO pourront se dérouler. Donc je suis en train de mettre au point un projet pour 2024.» Un projet qui combine sport, bien sûr. Mais également études. Passionné de kinésithérapie, il souhaite enfin franchir le pas. Reste à savoir où. A priori, deux options s’offrent à lui : soit un retour au Luxembourg pour suivre les cours de la Lunex tout en s’entraînant à domicile – reste à voir avec qui –, soit une expérience aux Pays-Bas, où les études sont en anglais (son souhait), de très bon niveau et avec des structures qui permettent d’accueillir des sportifs de haut niveau.
On l’aura compris, à 25 ans, Pit Brandenburger est à un tournant de sa vie. Tant personnelle que sportive. Mais en attendant de voir ce que l’avenir lui réserve, il a bien l’intention de se donner à fond avec ses moyens actuels : «Je pense que ça manque à tous les nageurs de faire des compétitions. J’ai recommencé seulement début octobre et pendant trois semaines, j’ai fait entre trois et cinq séances hebdomadaires. Ça m’a pris un mois et demi pour me remettre à niveau. Je serais content si j’arrive à réaliser des temps proches de mes records personnels. Bien sûr si la qualification pour Tokyo se présente je suis preneur, mais il faut être réaliste : je ne pense pas que ce soit le moment pour le faire.»
Romain Haas