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[Natation] Les Luxembourgeois peuvent-ils être concernés par l’ISL ?


Raphaël Stacchiotti pourrait devenir le premier nageur luxembourgeois à faire partie de l'ISL (photo : afp)

Certains des meilleurs nageurs du monde se retrouvent dans une ligue fermée. Quid des Luxembourgeois ?

L’ISL, C’EST QUOI ?

L’International Swimming League est un nouveau circuit, créé par le milliardaire ukrainien Konstantin Grigorishin, qui a apporté 25 millions de dollars de sa propre poche. L’idée est de créer une compétition par équipes richement dotée, qui permette aux nageurs d’être bien mieux rémunérés qu’ils ne le sont avec le système actuel. Des finales directes, des distances limitées à 400 m, des surprises, du show, voilà pour les ingrédients pour dynamiser la natation mondiale.

Avec huit formations (4 Européennes et 4 Américaines) composées de 14 nageuses et 14 nageurs qui s’affrontent sur 7 dates avec un Final Four prévu les 21 et 22 décembre à Las Vegas.

QUI Y PARTICIPE ?

On ne va pas se mentir, c’est une ligue réservée à la crème de la crème. On y retrouve des champions olympiques, du monde, d’Europe. En gros, que des cadors du circuit comme le revenant Florent Manaudou, qui a d’ailleurs frappé très fort en signant, ce week-end à Indianapolis, les meilleures performances de l’année en petit bain sur 50 m nage libre (20″77) et 50 m pap (22″66) mais également la Suédoise Sarah Sjöström, le Sudafricain Chad le Clos, la multiple championne du monde américaine Katie Ledecky et son compatriote, nouveau patron du sprint mondial Caeleb Dressel, pour ne parler que d’eux.

Adam Peaty, le brasseur le plus rapide du monde est même un ambassadeur de cette ISL : «J’aime mon sport à la folie mais partout, la principale raison pour laquelle les gens arrêtent, c’est parce qu’ils n’y a pas suffisamment de moyens», estimait le colosse britannique, qu’on a l’habitude de voir chaque début d’année à l’Euromeet.

Même son de cloche pour une autre habituée de la Coque, Sarah Sjöström : «Nous méritons beaucoup plus. Moi, j’ai la chance d’avoir des sponsors mais beaucoup de nageurs ne peuvent même pas payer leur loyer et doivent compter sur leurs parents. Et je parle de nageurs olympiques.»

QU’EN DIT LA FINA ?

La Fédération internationale de natation voit d’un très mauvais œil cette concurrence. D’ailleurs, l’instance avait même menacé les nageurs qui y participeraient d’être exclus de ses compétitions. Une réaction épidermique vite tempérée quand elle a compris que ces fameux nageurs risquaient de privilégier l’ISL aux dépends des grands championnats.

ÇA RAPPORTE COMBIEN ?

Beaucoup. On parle d’un total de 5 millions de dollars qui seront versés aux nageurs. Avec des primes d’engagement, plafonnées à 25 000 dollars, un prize money individuel et collectif qui monte en fonction du classement et de la performance. Et, bien sûr, tous les frais de transport et de logement sont pris en charge.

Lors des finales, le vainqueur de chaque course touchera 6 000 dollars et 18 000 pour le 50 m. Chaque nageur de l’équipe victorieuse empochera 10 000 dollars supplémentaires.

UN LUXEMBOURGEOIS PRÉSENT ?

En début d’année, il était question que Raphaël Stacchiotti rejoigne ce circuit, via l’équipe de Stuttgart. Mais finalement, les dirigeants allemands ont préféré temporiser : «C’était beaucoup d’argent. Ils ont préféré attendre de voir comment ça se passe cette année pour peut-être y aller l’année prochaine. Et dans ces conditions, je devrais faire partie du projet comme nageur ou autre chose.»

Alors qu’il arrive au crépuscule de sa carrière, le sportif d’élite de l’armée luxembourgeoise, qui se prépare pour ses quatrièmes JO de suite, envisage l’avenir. Et travailler d’abord dans les bassins puis au bord n’est pas pour lui déplaire : «Bosser dans le scouting, s’occuper de la détection, du recrutement, ça peut être une piste» explique celui qui a validé son billet pour les JO à l’occasion des derniers championnats du monde de Gwangju, en Corée, cet été.

Parmi les autres ténors de la natation luxembourgeoise, seule Julie Meynen, 12e aux derniers Mondiaux et qui n’est plus qu’à un petit centième d’une seconde participation aux JO, pourrait prétendre à une place.

L’ISL À LUXEMBOURG ?

Marco Stacchiotti, le président de la FLNS, a été approché pour voir s’il était possible que la Coque accueille une étape de l’ISL. En effet, chaque club engagé peut décider d’organiser sa propre manche où il le souhaite et Stuttgart avait fait part de son intérêt pour l’écrin luxembourgeois. Mais pour pouvoir accueillir un tel événement, il manquait des gradins et la seule possibilité était donc d’installer une piscine dans l’Arena. Problème : la date. En effet, ce rendez-vous étant prévu pour la fin de l’année, en décembre et il coïncidait avec la période des meetings indoor d’athlétisme. Mais si Stuttgart venait finalement à se décider à tenter l’aventure, la possibilité de voir une manche organisée à la Coque est réelle.

ET LA SUITE ?

Si la saison 1 sera disputée sur un trimestre, la deuxième saison de l’ISL, à laquelle pourraient donc participer Stuttgart et Raphaël Stacchiotti s’étendraient quant à elle de septembre 2021 à juin 2021 avec une trentaine d’étapes pour passer à une soixantaine de dates et douze clubs l’année suivante : «Leur but est de créer une ligue un peu comme la NBA en basket, avec un tas d’étapes un peu partout dans le monde», s’enthousiasme le spécialiste du 4 nages.

Romain Haas