Championne du monde en titre, l’Allemagne est à 90 minutes d’une humiliation historique : en cas de défaite samedi contre la Suède à Sotchi (18h00 GMT), elle quitterait un Mondial avant les 8es de finale, pour la première fois de son histoire.
« La pression est énorme », reconnaît Thomas Müller, l’homme aux dix buts en Coupe du monde, guère brillant lors de la défaite inaugurale contre le Mexique 0-1. En Allemagne, la presse et la majorité des anciennes gloires de la Mannschaft, les Breitner, Matthäus et autre Effenberg ont éreinté l’équipe, pointant non seulement les lacunes tactiques et techniques, mais aussi et surtout l’état d’esprit de champions du monde qui ont semblé endormis sur leurs lauriers désormais fanés…
« On ne peut plus se permettre un match comme ça, sinon nous allons rentrer à la maison », a admis jeudi le défenseur central Mats Hummels : « Nous avons définitivement compris que seules des performances de très haut niveau » nous permettront d’aller plus loin. Contre des Suédois en pleine confiance, la tâche s’annonce rude. Les Scandinaves, qui ont privé l’Italie du Mondial en s’imposant en barrages, ont tout à gagner et peu à perdre. S’ils l’emportent, ils peuvent décrocher dès ce samedi leur billet pour le tour suivant, à condition que, parallèlement, la Corée du Sud batte le Mexique.
Les derniers frissons datent de 1982
Dans le camp des Allemands à Sotchi, après l’auto-critique du début de semaine on cultive désormais la pensée positive. « Nous devons gagner, nous n’avons plus de joker », admet le milieu défensif Sami Khedira, très décevant dimanche. « Mais le groupe est solide, nous avons beaucoup de joueurs qui n’ont pas encore joué et qui sont chauds, je crois que nous pouvons le faire », estime-t-il. « Cette équipe et cet entraîneur ont souvent prouvé qu’ils savaient gérer la pression », renchérit Hans-Dieter Hermann, le préparateur mental qui accompagne la Mannschaft depuis 2004. Cette fois pourtant, la situation est quasi-inédite : jamais depuis 1982 l’Allemagne ne s’est trouvée en position d’être éliminée d’un Mondial dès le deuxième match. Cette année-là, après une surprenante défaite d’entrée contre l’Algérie, elle avait tout de même atteint la finale.
Pour les amateurs de frissons, deux autres statistiques circulent : le sélectionneur Joachim Löw a plutôt raté ses deuxièmes matchs dans les six tournois (deux Mondiaux, trois Euros, une Coupe des confédérations) qu’il a dirigés : son bilan est de deux défaites, trois nuls et une seule victoire. Et au XXIe siècle, le tenant du titre a été éliminé trois fois sur quatre en phase de poule (France 2002, Italie 2010 et Espagne 2014).
Retrouver un équilibre
Mais la vérité, samedi, sera sur le terrain où la Mannschaft devra retrouver un équilibre qui lui a totalement fait défaut contre Le Tri, lorsque ses latéraux partis à l’assaut ont laissé des trous béants derrière, que personne n’est venu colmater. « Nous avons clairement identifié les choses que nous devons améliorer, qui n’ont pas fonctionné contre le Mexique », assure Hummels : « Cette fois nous ne devons pas nous laisser entraîner par la situation, chacun devra remplir sa tâche, même si évidemment c’est attirant d’aller vers l’avant ». Les consignes semblent claires. Mais qui les mettra en pratique ?
L’opinion réclame des têtes à Löw, connu pour sa fidélité à ses joueurs-clés : celle d’Özil, d’abord, le très décevant animateur de l’attaque, celle de Khedira aussi, voire de Timo Werner. « Peu importe qui sera sur le terrain », répond Miroslav Klose, le recordman des buts en coupe du monde (16) aujourd’hui adjoint de Löw chargé plus spécialement de préparer les attaquants, « tout le monde doit savoir ce qu’il a à faire et être là pour aider les autres, c’est le plus important. Les joueurs cadres doivent entraîner les autres, ils ont plus d’expérience, ils savent exactement comment agir dans de telles situations ».
Le match de samedi est leur dernière chance de rappeler à la planète foot qu’ils sont encore champions du monde… du moins jusqu’au 15 juillet.
Le Quotidien/AFP