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Mondial 1998-2018 : une euphorie française remise au goût du jour


Ce 10 juillet 2018 sur les Champs-Élysées ressemble beaucoup à un temps que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaître. (photos AFP)

« Je crois qu’après avoir vu ça, on peut mourir tranquille » : les mots de Thierry Roland résonnent toujours vingt ans plus tard pour des millions de Français. La victoire des Bleus au Mondial-1998 se rappelle au souvenir des plus anciens alors que les jeunes générations rêvent de vivre pareille fête avec la finale du Mondial-2018 dimanche.

Ce premier sacre mondial de la sélection, au soir du XXe siècle et à domicile, a irrigué la société française d’une joie débordant le simple monde du foot. Il faut dire que ce 12 juillet 1998 coïncidait avec une période de reprise de la croissance économique et de baisse du chômage, à l’heure où la cohabitation entre le président de droite Jacques Chirac et le Premier ministre de gauche Lionel Jospin était plébiscitée par l’opinion publique. La « France Black-Blanc-Beur » était célébrée et a depuis fait l’objet d’innombrables débats et controverses.

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La liesse d’une victoire bleue en demi-finale, comme ici celle du 8 juillet 1998, n’a pas changé.

Dans la mémoire collective

Mais le mythe s’est imposé. Gimmicks et flashs de l’épopée imprègnent encore la mémoire collective, l’entêtant tube de Gloria Gaynor I Will Survive revisité par le Hermes House Band, le baiser de Laurent Blanc sur le crâne de Fabien Barthez, la pose hagarde de Lilian Thuram en demi-finale, la Une de L’Équipe « Pour l’éternité » et bien sûr le « et un, et deux, et trois zé-ro ! » en finale contre le Brésil après les deux buts de la tête de Zinédine Zidane, héros d’un soir devenu Zizou, icône absolue.

Et les amateurs du foot ont adopté dans leur langage des phrases comme « muscle ton jeu, Robert ! », assenée par le sélectionneur Aimé Jacquet à Pirès dans le légendaire documentaire Les Yeux dans les Bleus, ou encore « la lumière est venue de Laurent Blanc ! », lancée par le journaliste Thierry Gilardi à la télévision pour le but en or au bout d’un 8e de finale irrespirable contre le Paraguay.

Bien sûr, la belle image s’est moirée de reflets moins reluisants – de la déchirure autour de l’affaire des quotas à la « petite magouille » avouée récemment par Michel Platini, dirigeant de l’organisation du Mondial-1998 qui avait placé la France et le Brésil dans les groupes de telle sorte que, s’ils finissaient premiers, ils ne pouvaient se croiser avant la finale…

Contrairement à Jacquet (76 ans), retiré sur son Aventin, les 22 champions du monde font désormais partie du paysage médiatique : ils sont presque tous restés dans l’environnement du foot professionnel, quelques-uns en tant qu’entraîneurs, la moitié comme consultants médias. Au point qu’il est courant de parler de « lobby France 98 », le prestige s’étant mué en pouvoir d’influence facilité par l’accès illimité aux médias. Rares sont les absents du milieu du foot pro, comme Thuram, engagé dans la lutte antiraciste, Barthez, reconverti dans le sport automobile, ou Stéphane Guivarc’h, vendeur de piscines en Bretagne.

Vingt ans, deux finales : quel symbole pour Didier Deschamps !

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Un temps que les moins de 20 ans…

Reste un esprit de corps, comme l’illustre Marcel Desailly : « On arrive à se croiser, il y en a qui habitent à Los Angeles, Bordeaux, New York, Londres, Accra… C’est difficile de se retrouver mais quand on se retrouve il y a une vraie énergie. Tout de suite, ça claque, tout de suite on échange, on s’aide sur des opportunités ou des positionnements caritatifs ou autre ». Pour le terrain, ce sont principalement deux anciens joueurs qui assurent le lien entre les générations : Zidane, dont l’aura s’est étendue à sa carrière d’entraîneur à succès à la tête du Real Madrid, qu’il a quitté abruptement le 31 mai, et le capitaine des champions du monde Didier Deschamps, sélectionneur depuis 2012 et qui vient de qualifier ses Bleus pour la finale à Moscou dimanche.

« DD », les Bleus d’aujourd’hui sont conscients de son immense palmarès, et « quand il parle, les joueurs ne lacent pas leurs chaussures », confiait le président de la Fédération, Noël Le Graët. Quant à Zidane, « on l’a adulé, admiré, et on l’admire encore toujours en tant qu’entraîneur et en tant qu’homme », estime le capitaine actuel Hugo Lloris.

Le groupe actuel, à la conquête d’une deuxième étoile, se divise cependant entre ceux qui ont vécu l’événement et ceux qui étaient trop jeunes. Olivier Giroud, 31 ans, en avait 11 et conserve en tête l’image du doublé de Zidane et « surtout d’une équipe pas forcément destinée à ça et qui est allée chercher cette Coupe du monde ». Raphaël Varane (25 ans) est à la limite : « Je me souviens quand mon père a célébré les buts, j’avais 5 ans mais ça m’a marqué ». Quant à Kylian Mbappé (19 ans), symbole de la relève bleue, il n’était même pas né !

Le Quotidien/AFP

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