Alors qu’ils s’attendaient à jouer Cluj, les Dudelangeois ont finalement dû prendre la direction de l’Arménie pour y affronter le FC Pyunik en 2e tour aller de la Ligue des champions. Pas forcément une affaire.
Ce fut encore un peu plus long que prévu, mais voilà le F91 arrivé à bon port. Restée une heure sur le tarmac du Findel à bord de son avion paré au décollage, la délégation dudelangeoise réduite a foulé le sol d’Erevan dimanche, aux alentours de 17 h 30 (19 h 30 heure locale), au terme d’un voyage trop casse-pattes (près de 4 h 30 de vol) pour l’entreprendre la veille d’un match, d’où ce départ anticipé.
Ce n’est pas forcément là que Carlos Fangueiro et ses hommes s’imaginaient atterrir : eux se voyaient plutôt à 1 800 kilomètres à l’ouest, de l’autre côté de la mer Noire, en Roumanie, où les attendait un remake des barrages de la Ligue Europa 2018/2019 face au CFR Cluj, pourtant favori de son 1er tour contre le FC Pyunik.
Conséquence de leur qualification il y a quatre ans, les Dudelangeois auraient été attendus de pied ferme par le «Tchéféré» (NDLR : la façon dont les locaux prononcent CFR), autrement plus référencé sur la scène européenne que Pyunik : qualifiés pour la Conference League l’an passé, les Roumains ont participé trois fois à la phase de groupes de la Ligue des champions (C1) et sont sortis deux fois des poules de la Ligue Europa (C3) au XXIe siècle, là où les Arméniens n’ont jamais passé le 2e tour de la C1, et atteint qu’une fois le 3e tour de la C3.
Mais il n’est pas sûr que la qualification tardive et surprise des champions d’Arménie (sacrés cette année pour la 15e fois, la première depuis 2015), revenus deux fois dans le «money time» au retour (0-0 à l’aller en Arménie, match nul 2-2 au retour avec des égalisations aux 89e et 120e minutes, avant une victoire aux tirs au but), soit une si bonne nouvelle que ça pour le F91, tant sur le plan logistique que sportif.
Pyunik, entre Cluj et Tirana
D’un point de vue pratique, il a donc fallu se fader un trajet aussi chronophage qu’énergivore, à l’organisation coton et coûteuse. Allez donc ficeler un périple aux confins de l’Asie en moins de 72 heures chrono, à une destination non desservie directement depuis le Luxembourg et évidemment située en dehors de l’espace Schengen, ce qui a exclu, dimanche, le cap-verdien Vova de la liste d’embarquement du vol charter opéré par la compagnie Ukraine International.
Au niveau footballistique, la donne est presque aussi complexe. Certes, Cluj est «en général plus fort que Pyunik», de l’avis de Carlos Fangueiro, mais Pyunik reste suffisamment fort pour faire jeu égal avec Cluj sur deux matches. Et «quand même un peu plus fort que Tirana», d’où les Dudelangeois sont rentrés mercredi soir avec un second succès en six jours (1-0, 1-2), une qualification en poche, des certitudes renforcées dans le jeu et l’assurance de disputer trois tours et six matches européens supplémentaires d’ici la fin de l’été.
Mais aussi un retour éprouvant, entre les deux heures de vol, les deux heures d’attente au «baggage claim» de l’aéroport de Francfort, et les trois grosses heures de bus pour rentrer au Grand-Duché. On récupère toujours mieux après une victoire, et de ce côté-là, Carlos Fangueiro ne s’en fait pas : ses joueurs étaient tous au repos jeudi, ceux qui ont moins joué au 1er tour et les jeunes ont affronté en amical Steinsel vendredi soir (défaite 5-4) pendant que les tauliers avaient droit à «un travail de décrassage».
Puis tout le monde s’est entraîné samedi, et voilà l’effectif à peu près sur un pied d’égalité, désormais, en termes de temps de jeu. «Au niveau physique, nous sommes bien, il n’y a pas de problème», confirme le technicien. L’arrivée précoce à Erevan, pile deux jours avant le coup d’envoi de ce 2e tour aller, et d’où les Dudelangeois repartiront illico après le match de demain, va dans ce sens.
À quoi faudra-t-il s’attendre demain, dès 18 h (heure luxembourgeoise) au Vazgen-Sargsyan Republican Stadium? À une bataille et une pression locale forte, encore, loin de l’atmosphère confidentielle des rencontres de BGL Ligue : «C’est toujours difficile à l’extérieur. Ce sera une ambiance différente, avec éventuellement 15 000 personnes.»
Des progrès attendus devant
Cela peut influer sur les émotions, la concentration et la communication, mais puisque ses hommes, passées vingt premières minutes très délicates, s’en sont très bien accommodés à l’Air Albania Stadium, et qu’ils lui semblent «très focus pour faire encore un tour magnifique», l’entraîneur portugais reste assez confiant.
Si les Arméniens devraient évoluer dans un 3-4-3 assez étiré, ce qui nécessitera des ajustements «au niveau de la coordination et des mouvements défensifs» chez ses cinq de derrière (Ouassiero, Skenderovic, Da Costa, Diouf et Kirch, de droite à gauche), c’est surtout devant que Fangueiro attend de son équipe qu’elle affiche des progrès. Irréguliers dans la conservation du ballon à Tirana, les «très costauds» Samir Hadji et Mohcine Hassan, doivent ainsi «garder un peu plus le ballon dans les phases de construction ou de création».
«Parfois ils le font de manière magnifique, mais parfois, ils le perdent trop vite», note le technicien dudelangeois, conscient, malgré le niveau déjà atteint en Albanie après seulement trois semaines et demie de travail, qu’«il faut qu’on améliore encore certaines choses». Mais persuadé aussi que «si on arrive à le faire, on passera ce tour».
Ce serait la garantie, cette fois, de disputer la phase de groupes de l’une des trois compétitions européennes, et donc de jouer six matches européens supplémentaires à l’automne. Le genre de perspective grisante qui mérite bien qu’on se cogne 9 heures de vol en trois jours.