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Festival de BD à Contern : «Bien plus que des images»


La bande dessinée, ce n’est pas qu’un truc de gosse. Ce sont de belles illustrations, des sensations, de la poésie, de l’humour et des plumes. (photos Didier Sylvestre)

Le festival de BD de Contern est un festival dédié au 9e art, mais pas que. C’est aussi, et avant tout, une fête populaire ainsi qu’un moment de partage et de découverte.

Les Français ont le festival d’Angoulême, les Belges ont le Comic Strip Festival et les Luxembourgeois ont le festival de Contern. Depuis 28 ans, la bulle gonfle et accueille chaque année plus de visiteurs, d’auteurs, de scénaristes et de dessinateurs. C’était à nouveau le cas ce week-end. Rencontres avec les artistes, séances de dédicaces, marché aux albums dans les rues du petit village et dans un grand hall, mais aussi animations de rue et concerts étaient au programme.

La bande dessinée, on tombe généralement dedans petit. Elle accompagne les lecteurs et leur fait des souvenirs. «Le vendredi soir, si j’avais bien travaillé à l’école, ma maman m’achetait un Tintin, un Astérix, un Lucky Luke…», se souvient Laurent qui collectionne les objets à l’effigie du petit reporter belge. «Moi, je lisait les Gai-Luron de mon papa», enchaîne son amie. «Et chaque mois, je me réjouis de la parution d’un nouveau numéro de Fluide glacial. J’aime l’absurde et le potache.» Julien lisait les Michel Vaillant, Buck Danny et Les Tuniques bleues et Bruno a découvert le 9e art il y a quelques années grâce à un roman graphique, «une biographie de Johnny Cash. Enfant, j’ai dû lire deux ou trois Mickey Mouse, mais on n’était pas très bande dessinée à la maison». Il s’est rattrapé depuis.

Les dessinateurs réalisaient des dessins souvent très complexes en direct pour leurs fans. Une vraie leçon.

Certains sont repartis dimanche avec beaucoup moins de bandes dessinées et d’autres avec beaucoup plus. Ici, on se promène avec des albums sous le bras ou des sacs plus ou moins lourds à l’épaule et on croise des elfes, des orques, des chasseurs de fantômes, Dark Vador ou des personnages d’heroic fantasy. Quelques steampunks également, à l’honneur cette année. Un orgue de barbarie joue des ritournelles. Les dessinateurs s’affrontent à coups de crayons. Et l’ambiance est bon enfant.

Des mangas aux comics américains en passant par les classiques, tous les styles et les époques sont représentés entre parutions récentes et albums ou planches de collection. La bande dessinée luxembourgeoise n’est pas en reste. Quand on ne croise pas John Rech et sa ribambelle de chats, de canards et d’attrapeurs de rêve ou Andy Genen, son merveilleux géant et son zombie, on entend résonner le rire communicatif de Lucien Czuga, on passe devant la rue Roger-Leiner ou on aperçoit leur Superjhemp trôner sous forme de château gonflable sur l’aire de jeu réservée aux enfants.

Les visiteurs pouvaient échanger avec les auteurs et dessinateurs. Laurent Souillé fait découvrir Azuro, son petit dragon bleu, à une visiteuse.

«Le festival réunit beaucoup d’auteurs luxembourgeois. Une vingtaine. Nous voulons renforcer cette scène, mais nous devons également conserver un équilibre avec les auteurs internationaux», note Jean-Claude Muller, président de la commission BD du festival. Une cinquantaine d’auteurs étaient présents et enthousiastes. «Certains m’ont confié que le festival était différent des autres festivals. Plus chaleureux. Nous faisons la promotion de cet art, nous ne cherchons pas absolument à fabriquer des sous et le public n’importune pas les auteurs et ne leur manque pas de respect.»

John Rech en pleine dédicace. Il fait partie des auteurs de BD les plus populaires au Luxembourg.

Un record de visiteurs

Les rues grouillaient de monde dimanche après-midi. «Nous n’avons jamais eu autant de visiteurs que ce samedi. Plus de 3 300 visiteurs, soit 500 de plus qu’en 2019», se réjouit Jean-Claude Muller. «Nous sommes bien partis pour battre un record aujourd’hui également.» Au-delà du seul intérêt pour la bande dessinée, il estime que le public est en recherche de convivialité après deux années marquées par la pandémie. «Le festival est une fête populaire. On peut boire un verre, manger un morceau, rencontrer des gens. Beaucoup de gens ne sont pas bédéphiles et notre but est d’encourager la lecture de ces ouvrages. Si nous arrivons par ce biais populaire à amener des gens à s’y intéresser, alors nous avons rempli notre mission.»

Le monde de la BD est vaste et explore de nombreuses contrées. «La bande dessinée est bien plus que des images avec du texte. C’est bien plus complexe», explique-t-il. «Nous essayons de réunir un maximum de styles différents pour couvrir un maximum de terrain. Depuis des années, nous essayons d’inviter des mangakas pour répondre à un besoin des jeunes.» Le festival essaie de mélanger les genres, les styles, les langues pour correspondre aux différents profils de lecteurs tout en respectant quatre piliers. «Il y a les auteurs, les 100 revendeurs professionnels et privés, les animations de rue et les associations du village», explique Jean-Claude Muller. Et le reste se crée tout seul dans les rues du village.

Le choix de BD était vaste dans les échoppes des bouquinistes éparpillées dans la rue principale de Contern fermée aux voitures.

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