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[Le portrait] Pierre Veidig, Roude Léiw dans la peau


Naturalisé luxembourgeois en 2014, l’ailier gauche s’est pris d’amour pour les Roud Léiwen, qu’il retrouve après trois ans d’absence.

Le vendredi 10 février dernier, aux alentours de 21 h 30, Pierre Veidig termine l’entraînement avec son club de Käerjeng. Comme il en a l’habitude, l’ailier gauche consulte alors son téléphone portable dans les vestiaires du Um Dribbel. «Je vois qu’il y a un message vocal de Nikola (NDLR : Nikola Malesevic, le sélectionneur national). J’étais très surpris dans un premier temps et puis, ensuite, il y a tout qui te passe par la tête. J’ai écouté le message en repartant, quand j’étais seul dans la voiture. Il me demandait de le rappeler, il voulait qu’on discute par rapport à l’équipe nationale», explique-t-il.

Ni une ni deux, le jeune homme s’exécute. À l’autre bout du fil, en raison de l’absence présumée du capitaine Tommy Wirtz, blessé à l’épaule quelques jours avant l’annonce de la liste, le technicien vient prendre la température auprès du Bascharageois en vue de participer à la double confrontation face à la Turquie comptant pour la phase 2 des qualifications de l’Euro-2024.

Sans une once d’hésitation, le joueur naturalisé luxembourgeois en 2014 via sa grand-mère donne son accord : «J’ai bien sûr tout de suite dit oui. Ça fait toujours très plaisir ! C’est quand même énorme ! Pour l’équipe nationale, je ferai tout parce que c’est une expérience vraiment exceptionnelle, et que tout le monde n’a pas la chance de vivre ça. Heureusement, je n’avais pas prévu de vacances parce que sinon il aurait fallu tout annuler (il rit). Moi je donne la priorité encore maintenant à l’équipe nationale et à mon club également. C’était la chance de revenir.» Parce que le garçon n’avait plus goûté aux joies d’une sélection en équipe nationale depuis plus de trois ans et cette dernière apparition contre l’Estonie en janvier 2020.

Alors évidemment, le Roude Léiw s’empresse de partager la nouvelle avec ses proches, notamment ses parents, eux qui étaient aux premières loges quand le fiston a débuté plus tôt que prévu sa carrière professionnelle avec brio, à la suite d’un «concours de circonstances» lors de sa deuxième année au centre de formation de Valence, dans le sud de la France. À l’époque, le natif de Metz évolue avec la réserve du club.

Je n’ai jamais été un mec trop stressé, mais là…

«En équipe première, il y avait Guillaume Marroux et Steve Marie-Joseph à l’aile, deux mecs monstrueux !», se souvient-il. Derrière eux dans la hiérarchie, deux autres jeunes complétaient l’effectif en cas de pépin. Et le malheur des uns fait le bonheur des autres, comme le dit le célèbre adage.

Hormis Steve Marie-Joseph, les trois autres joueurs sont tous blessés pour la rencontre face à Saran, leader de Pro D2 (désormais Proligue, la 2e division française). L’ailier gauche se retrouve donc dans le groupe pour affronter l’un des ogres du championnat. «J’ai immédiatement appelé mes parents pour leur annoncer la nouvelle et ils ont fait le déplacement», se remémore le Luxembourgeois. Et d’ajouter : «Je n’ai jamais été un mec trop stressé, mais là…»

En fin de rencontre, le titulaire du poste écope de deux minutes. «Froid, gelé même», Pierre Veidig entre pour une première attaque. Celle-ci se déroule sans accroc, puis sur la deuxième dont il se «souviendra toute sa vie», c’est la cerise sur le gâteau. Il inscrit l’un des buts décisifs lors de la victoire des siens. La première depuis une longue série de défaites. «Voilà l’élément déclencheur de ma petite carrière», sourit-il. Dès lors, il ne quittera plus l’équipe première et cette dernière lui ouvrira les portes de l’équipe nationale du Luxembourg.

Après avoir été invité à venir faire des tests en octobre 2017 durant lesquels il s’est «super bien senti», le jeune homme connaîtra ses premières minutes sous le maillot des Roud Léiwen en janvier 2018 contre la Russie à l’occasion des éliminatoires du championnat du monde 2019. Son plus beau souvenir, il le vivra durant cette même campagne au cours du dernier match à la Coque, face à la Slovaquie. «J’ai fait mon match référence, j’ai mis 3 buts et puis en plus, on gagne. C’était exceptionnel!»

La même année, «il fallait prévoir l’après handball» même s’il avoue «ne pas y avoir pensé tant que ça à ce moment-là», il décide, après concertation avec ses parents, de rentrer au bercail. Trois options se présentent alors à lui : Berchem, Esch ou Käerjeng. Il optera pour Käerjeng parce qu’il «s’y est plu» quand il a été invité pour voir une rencontre et que le club, champion la saison précédente, disputait aussi la Coupe d’Europe et «ça me permettait de rester en équipe nationale».

J’ai réussi à remonter la pente, j’étais à 0, voire -1. Je suis revenu malgré tout

Il y retrouve d’ailleurs certains de ses partenaires en sélection, notamment Chris Auger. En parallèle, il commence à travailler en plus du handball. «Alors oui c’est super, tu es de retour à la maison, tu retrouves ta famille et tes potes, mais à côté c’est compliqué de s’habituer à cette nouvelle vie.» De fil en aiguille, le joueur grand-ducal s’adapte à cette vie loin du sud et fait les beaux jours de son nouveau club jusqu’à cette fameuse blessure survenue au début du mois de février 2021. «On devait finir l’entraînement à 21 h 45, mais on a un peu continué et puis est arrivé ce contact avec Charel Kirtz», se remémore-t-il.

Résultat : une cheville droite dans un sale état et surtout, «la peur de tout perdre» pour lui, qui, à l’époque, avait débuté comme comptable pour l’entreprise Serge Bressaglia dirigée par Yannick Schuler, le président de Käerjeng, et à qui il restait encore un mois d’essai. «Le plus beau geste, c’est celui de Yannick. Il est venu à la maison et il m’a dit de ne pas m’en faire pour le boulot», se souvient le joueur. Après six semaines d’immobilisation, des heures de rééducation chez le kinésithérapeute et une préparation individuelle, Pierre Veidig est officiellement de retour avec son club en août.

Il ne sera pas appelé pour prendre part aux échéances de fin d’année avec les Roud Léiwen (de retour après un an et demi sans rencontres en raison du covid) ni pour celles de début 2022. Sa blessure définitivement derrière lui, et de retour à un bon niveau, le Bascharageois n’avait qu’une idée en tête à l’aube de cet exercice 2022/2023 : «revenir en équipe nationale !».

À force de persévérance, la récompense finit par arriver : «J’ai réussi à remonter la pente, j’étais à 0, voire -1. Je suis bien revenu malgré tout. C’est une satisfaction personnelle et un nouvel objectif atteint», savoure le Luxembourgeois.

En bref

C’est tout bambin que Pierre Veidig fait ses premiers pas sur les parquets. Il commence par suivre son papa Martial, joueur puis entraîneur, et le garçon y «prend goût». À trois ans et demi, il commence par le baby hand à Hettange-Grande. Alors âgé d’une dizaine d’années, l’ailier gauche s’en va direction Kanfen pour rejoindre le paternel avant de rallier Thionville à la pré-adolescence.

Au sein du club, il est surclassé dans toutes les équipes de jeunes avec lesquelles il participe aux championnats de France. Arrivé au lycée, le joueur rejoint le pôle espoir de Pont-à-Mousson et opte ensuite pour le centre de formation de Valence (2e division française). Là-bas, il est rapidement promu en équipe première et signe professionnel.

Quatre années après avoir pris ses quartiers dans le sud de la France, il décide de signer au Handball Käerjeng où il évolue depuis la saison 2018/2019.

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