La vie et la carrière de Ken Diederich, coach de l’Amicale Steinsel, sont rythmées par un amour inconditionnel pour le sport américain.
Schifflange, mercredi 22 septembre, 13h45. Ken Diederich joue à domicile, dans un bel appartement où il accueille en servant un expresso de qualité. Le décor est vite planté : sur son écran plat, ESPN, la chaîne de télévision sportive américaine, propose une rediffusion d’un match de football américain universitaire (NCAA), entre les Air Force Falcons et les Michigan State Spartans. Du foot US, donc, mais cela aurait aussi bien pu être du base-ball, car Ken en pince pour les Baltimore Orioles, où sévit Nolan Reimold, n°14 de l’équipe et frère de John Reimold, son meilleur pote et intérieur à l’Amicale.
Mais au fait, pourquoi cet attrait pour le sport US, alors que l’Europe a encore tendance à croire que cette passion qui dévore les nuits est réservée aux adolescents en mal de rêves ? Le patrimoine génétique de Ken Diederich, 37 ans, fils de deux basketteurs, et la vie sentimentale de sa tante Andrée expliquent en partie pourquoi il a plaqué le football à 13 ans, alors qu’il sévissait au Stade Dudelange, «quelques semaines avant la fusion qui a vu naître le F91», restitue-t-il.
Au milieu des années 70, Claude Diederich, père de, est entraîneur du T71 Dudelange quand il décide de recruter l’Américain Joe Lyons, originaire de Boston. Le pivot de 2,05 mètres ne résiste pas longtemps aux charmes de la belle Andrée, sœur du coach. L’histoire d’amour dure depuis quarante ans et c’est peu dire que l’arrivée de tonton Joe dans l’arbre généalogique de la famille a contaminé à jamais Ken du virus basket-ball.
La culture NBA au quotidien
À 16 ans, l’adolescent part six mois en camp chez les Boston Celtics. Le souvenir le plus fort de ce séjour n’est pas le plus drôle : un jour de fin juillet 1993, des joueurs NBA viennent s’entraîner avec les jeunes stagiaires. Manque à l’appel Reggie Lewis, star de la franchise, voué à faire oublier le jeune retraité Larry Bird. «On nous a dit qu’il était mort d’une crise cardiaque en plein match. C’était une journée de deuil pour toute la ville.» Ken revient de ce voyage avec cinquante étoiles dans les yeux et deux certitudes : il supportera les Red Sox, l’équipe de base-ball de la ville, mais pas les Celtics. «Je suis plutôt Miami Heat», revendique-t-il.
La culture NBA est déjà bien présente dans son quotidien. À 14 ans, des posters de Michael Jordan sont punaisés sur les murs de sa chambre et il baigne dans une époque où le championnat nord-américain n’a pas encore traversé les frontières de manière évidente. «Il fallait vraiment le vouloir pour trouver des informations. Pour voir des matches, on devait se procurer des cassettes. Ma tante m’en envoyait des États-Unis. On était à l’affût de tout. On achetait tous les MaxiBasket et Mondial Basket.»
En tournant une page d’un de ces magazines, Ken scotche sur une phrase de Dražen Petrovic, qui raconte que petit, il s’entraînait le matin avant d’aller à l’école. Va pour des séances matinales. «En fait, je ne l’ai fait qu’une fois, c’était vraiment trop tôt pour moi !» Cela n’empêche pas Ken de multiplier les entraînements avec les Américains de Dudelange, à commencer par Jay Zulauf, qui passe le chercher chaque soir à l’école pour filer immédiatement à la salle.
Matthieu Pécot
Retrouvez le portrait de Ken Diederich en intégralité dans Le Quotidien papier ce jeudi 24 septembre