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Le débriefing du mardi – Alain Gallopin : « Bob sait tout faire »


Alain Gallopin, le directeur sportif de l’équipe Trek sur l’Étoile de Bessèges, revient sur le joli succès de Bob Jungels, une victoire qui en appelle bien d’autres.

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« Quand tu gagnes Bessèges, ça file le moral pour la suite et bien sûr pour Paris-Nice qui, ne l’oublions pas, débute par un prologue », analyse Alain Gallopin. (Photo : Julien Garroy)

On ne présente plus Alain Gallopin, 58 ans au compteur et une déjà longue carrière de directeur sportif derrière lui. Il était aux commandes de l’équipe Trek la semaine dernière sur l’Étoile de Bessèges. Décryptage en règle du phénomène Jungels.

> Vous avez dirigé Bob sur cette Étoile de Bessèges. On imagine bien que son succès ne vous a pas étonné…

Alain Gallopin : Non, effectivement. Lorsque j’ai vu comment les choses tournaient, c’était assez facile de calculer et de prédire un probable succès. Une course par étapes qui se termine par un chrono, et alors que tu possèdes le meilleur rouleur, tu as des chances de l’emporter. D’autant plus que jusque-là, nous n’avions pas de maillot de leader à protéger. Tout ça nous arrangeait bien. Surtout que ces courses sont vraiment difficiles à contrôler. Je pensais bien que si on limitait les écarts jusqu’au chrono, Bob allait faire un numéro. Ce qu’il a fait avec brio. On savait également que sur l’Étoile de Bessèges, il n’y avait pas les grands rouleurs qu’on peut retrouver sur Paris-Nice, par exemple.

> Quelle place doit prendre, d’après vous, ce succès de début de saison ?

D’abord, pour Bob, c’est important, car il a besoin de remporter des courses. En 2014, il avait fait le choix de se concentrer sur les épreuves du World Tour et s’il n’était pas passé loin du succès, ça lui a manqué de ne pas lever les bras. Même si, bien sûr, il a continué à progresser. C’est en gagnant des courses qu’on devient un champion.

> Comment a-t-il pris son succès ?

Il était forcément content, il a remercié tout le monde. C’était agréable. On s’est tous fait plaisir à le conduire au succès.

> Est-ce que ce succès va changer les choses pour Bob ?

Ce qui est certain, c’est qu’il vient de remporter la première course de la saison pour notre équipe Trek, ce qui n’est jamais anodin en début de saison. Il est jeune, talentueux. Il a gagné la course comme un grand, sans jamais trembler. Forcément, quand tu gagnes Bessèges, ça file le moral pour la suite et bien sûr pour Paris-Nice qui, ne l’oublions pas, débute par un prologue. Qui sait s’il ne peut pas d’entrée réaliser un gros coup? Et Paris-Nice, rappelons-le, se termine par un chrono. Certes, il y a bien l’étape de la Croix-de-Chaubouret. Mais je pense qu’il est capable de passer. De toute façon, je vois bien Bob devenir, au fil de la saison, l’une des révélations pour le grand public. Pas pour les spécialistes qui l’ont vu venir mais pour le grand public non initié. Surtout qu’il a de grandes chances de faire le Tour.

> Comment gère-t-il la pression dans l’intimité de l’équipe ?

Il a beaucoup de confiance en lui mais il reste agréable, ne cède pas au stress. Il n’a pas peur de prendre ses responsabilités, ce qui est indispensable pour un leader.

> Au niveau physique, vous le rangez où ?

D’abord, c’est un talent. Sur ce que nous avions vu lors du stage de Majorque, on savait qu’il serait opérationnel dès sa première course. Pour le moment, c’est un gros rouleur qui passe bien les bosses. À mon sens, il peut gagner toutes les courses d’une semaine sans haute montagne, mais avec un chrono. Sur une fin d’étape, il sait aller vite au sprint, il roule donc très bien, il passe les pavés, aime les côtes. Bref, il est complet.

> Où doit-il s’améliorer ?

En haute montagne, mais il a bien le temps car il est très jeune. La haute montagne, ça vient avec l’expérience et je suis sûr qu’il la passera un jour. Il faut juste qu’il comprenne qu’il lui faudra du temps. À 22 ans, on est tout jeune.

> Serait-il trop ambitieux ?

On n’est jamais trop ambitieux. Bob est ambitieux, il fait partie des coureurs très sérieux qui n’ont pas besoin d’être encouragés pour s’entraîner. Ce qui est quand même un plus.

> Comment est-il perçu par ses coéquipiers ?

Il est très apprécié. Je vais vous raconter une anecdote. Sur l’Étoile de Bessèges, un champion comme Stjin Devolder, d’ordinaire très discret, a pris la parole devant tout le monde pour dire : « Il ne doit pas y avoir de discussion, de ce que nous voyons sur la course, nous devons tous rouler pour Bob. Car il peut gagner le général avec le chrono dans la dernière étape. » C’est ce qui s’est passé. Stjin a dit les choses qu’il fallait dire à ma place. Je n’avais plus rien à faire… Et quand, dans la course, tu as un Devolder qui travaille, il ne fait pas sa part de boulot, non, mais il roule pour trois! Riccardo Zoidl qui restait placé a également été admirable.

> Bob Jungels nourrit aussi des ambitions sur les classiques et notamment les classiques ardennaises. Qu’en pensez-vous ?

Ce sont en effet des courses qui lui plaisent et qu’il a découvertes l’an passé. On savait qu’il avait du potentiel pour les Flandriennes. Un Liège-Bastogne-Liège c’est quand même moins aléatoire qu’un Tour des Flandres. Bob, il sait tout faire, alors il va réussir. Moi, je le vois bien remporter un jour une course comme l’Amstel ou Liège-Bastogne-Liège. Cette année, ce sera sans doute un peu trop tôt encore. Mais il devrait déjà pouvoir y confirmer sa progression.

De notre journaliste Denis Bastien


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