Une plainte pour «abus de biens sociaux» à l’encontre de Flavio Becca a été déposée lundi au parquet de Luxembourg. En cause, «un cadeau» que Jonathan Joubert aurait reçu lors de l’achat de son appartement.
Le nom du capitaine dudelangeois et emblématique gardien de la sélection nationale est abîmé depuis hier par une affaire dont la genèse se trouve dans le conflit entre Flavio Becca, mécène du F91, et Éric Lux, un de ses (anciens ?) partenaires en affaires.
Pourquoi cette plainte ?
Qu’importe l’issue de l’affaire qui a éclos hier, le but de la plainte émanant d’Éric Lux (via les sociétés Ikodomos Holding et Trivola) reste le même : fragiliser Flavio Becca. Les deux hommes n’en sont pas à leur premier affrontement public mais il s’agit du premier qui implique Flavio Becca en tant que grand argentier du F91.
Peut-on parler de corruption ?
Aussi puissant soit-il, le mot a été lâché au milieu de plein d’autres, hier, par divers médias. Au cœur d’une période où le football est marqué par les multiples scandales de la FIFA et de son président, Sepp Blatter, le terme semble toutefois démesuré.
Les faits qui sont reprochés à Becca concernent un «abus de biens sociaux». Jonathan Joubert a bénéficié d’une remise le jour de l’achat de son appartement à Dudelange, il y a trois ans (il a acheté un bien 405 010 euros alors qu’il était estimé à 450 000 euros). Jusqu’ici, aucune preuve n’a été apportée pour faire un lien avec la prolongation de contrat qu’il a signée à ce moment-là.
D’ailleurs, le gardien de 35 ans crie sur tous les toits depuis plus longtemps que trois ans qu’il compte finir sa carrière au Luxembourg, un pays qui l’a adopté depuis 1999 et dont il défend les couleurs en équipe nationale depuis 2006. La puissance que représente le F91 à l’échelle du foot luxembourgeois ne laissait aucun doute sur le fait que Joubert finirait sa carrière au F91. Il n’y avait donc aucune raison de «l’acheter».
Cela peut-il avoir un impact sportif ?
«Non», scandent à l’unisson la Fédération luxembourgeoise de football et le F91 Dudelange. Pour autant, une interrogation légitime se pose : si l’affaire en cours débouche sur une confirmation des accusations et que ce procédé est généralisé, la FIFA peut-elle demander des sanctions ? Et contre qui ? Nous n’avons pas réussi à joindre le service juridique de la plus haute instance du football mondial, hier. Pendant ce temps-là, le foot luxembourgeois se retranche derrière le caractère privé de l’histoire.
Quelle est la position de la FLF ?
En marge de la plainte qui a été déposée au parquet de Luxembourg, la FLF a reçu un courrier, mercredi en fin de journée. L’expéditeur, Ikomodos, suggérait à la fédération luxembourgeoise de prendre ses responsabilités par rapport à Jonathan Joubert.
Premier vice-président de la FLF et avocat à la Cour, Jean-Jacques Schonkert arrose : «La lettre qu’on a reçue provient de gens qui n’ont aucun lien direct avec la FLF, le club ou avec le joueur (NDLR : le F91 et Joubert). L’éthique du sport n’est pas atteinte. Alors on n’intervient pas. On ne va pas aller fouiller dans les comptes privés de chacun de nos licenciés, vous comprenez ? Si on nous dit que Joubert a été payé pour faire exprès de se prendre des buts, là, O. K. Mais dans ce cas, c’est une affaire qui ne nous regarde pas. Ce qui se passe, c’est que des gens manipulent le foot pour régler leurs comptes en public. C’est l’histoire de deux anciens partenaires qui se chiffonnent devant tout un pays. C’est le football luxembourgeois qui est pris en otage et Joubert en particulier. Les finances des clubs ? Un organisme indépendant vérifie chaque année la conformité des comptes.»
Matthieu Pécot