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[Handball] Yann Hoffmann, bras armé des Red Boys

Avec son bandeau à la Mikkel Hansen, Yann Hoffmann rêve d'évoluer, un jour, "dans un club mondialement connu". (Photo Eddie Guillin)

[Séries espoirs] Le Differdangeois, 21ans, constitue à ce jour le plus grand espoir du handball luxembourgeois et rêve d’embrasser une carrière pro. Reste à savoir si celle-ci passera ou non par le soutien de l’armée.

« Hoffmann, l’étoile rouge. » Ce titre, c’est celui d’un article paru dans Le Quotidien le 26 septembre 2014. À l’époque, Yann Hoffmann, arrière gauche des Red Boys, ne cachait pas son admiration pour «les Yougoslaves (…), parce qu’ils disent ce qu’ils pensent» et son goût pour «les situations piquantes (…) où tu n’as pas d’autre choix que d’y aller». Quinze mois plus tard, Yann Hoffmann s’apprêtait à enfiler le treillis et intégrer le cadre des sportifs élites de l’armée. Début décembre, il était parti durant deux jours effectuer les tests d’admission. Pour ce bachelier, ce ne devait être qu’une simple formalité et il devait rejoindre Diekirch et sa caserne le 4 janvier pour les quatre mois d’instruction. Devait car, mercredi, Laurence, sa mère, reçoit un appel lui signifiant que le fiston n’est pas admis. Raison invoquée ? Vue insuffisante.

Lundi, chez les Hoffmann, on attendait – ou pas d’ailleurs – l’officialisation de cette décision via courrier postal. «Pour l’instant, il n’y a rien dans la boîte aux lettres, on a juste eu un coup de fil. Il n’y a donc rien d’officiel», déclare Claude, son père, sans cacher l’impact de la nouvelle : «Yann a pris une grosse claque !» Un coup derrière la nuque qui ne l’a pas empêché de partir dimanche avec l’équipe nationale pour Kielce et un tournoi de préparation avant la double confrontation contre la Suisse (6 et 9 janvier) dans le cadre des qualifications du Mondial-2017. Le garçon a un certain sens du devoir.

«Un génie avec ses différentes facettes»

S’il venait à se confirmer que l’armée lui ferme ses portes, cela ne remettrait en rien son ambition de devenir professionnel. Tout juste cela compliquerait sa démarche. «J’étais content qu’il puisse aller à l’armée, car cela lui aurait permis de gagner en rigueur, estime John Scheuren, secrétaire des Red Boys et premier entraîneur d’un Yann qu’il a vu débarquer à 10 ans, et qu’il considère comme «un génie avec ses différentes facettes». Le côté obscur de la force se situerait à l’en croire dans son goût plus que modéré pour le lever de fonte. «Il faut le voir en salle de musculation jouer avec son iPhone», confie Scheuren qui s’en amuserait presque si la prise de muscle n’était pas une condition sine qua none pour une aventure chez les pros.

«Depuis que je suis au Luxembourg, j’ai vu des joueurs avec de gros potentiels comme Alain (Poeckes). Mais Hoffmann est un vrai espoir !», assure Dominique Gradoux, directeur technique nationale, tout en énumérant ses deux principales qualités : «Une motricité exceptionnelle pour quelqu’un de sa taille et ce dont rêve tout handballeur, un poignet très laxe !» S’il ne l’a vu jouer qu’une seule fois, Jeff Decker a été également frappé par les qualités de son successeur en sélection : «Il possède une énorme détente et il est très fort dans les un contre un, que ce soit vers l’intérieur ou l’extérieur !»

L’ancien eschois apprécie d’autant plus aisément la capacité du Differdangeois à «faire la différence à tout moment» que lui avait davantage besoin d’être mis sur orbite pour s’exprimer pleinement. «C’est ce qui explique qu’au niveau international, je perdais un peu mes moyens.» Autre différence, et pas des moindres : là où Decker, qui avait été approché en son temps par quelques clubs pros comme Nancy, reconnaît qu’il lui manquait «la motivation de quitter les amis et la famille», Yann Hoffmann n’aurait aucun problème à plier bagages comme l’a fait Jimmy, son frère, qui étudie près de Cologne et est en train de se faire une place au Longerischer SC (5e de 3e Bundesliga).

Yann Hoffmann rêve de devenir le troisième Luxembourgeois à embrasser une carrière professionnelle. Ses deux prédécesseurs, Dan Ley et Martin Muller, n’avaient pas eu la chance de bénéficier du soutien militaire pour y parvenir. «C’est vrai, mais ce serait quand même dommage qu’il ne puisse pas bénéficier de cette aide qui est destinée spécialement à des gars de son profil», fait remarquer Gradoux, qui laisse le mot de la fin à un John Scheuren sarcastique : «On lui demande de tirer sur un but de handball, pas sur un ennemi…»

Charles Michel

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