Blessé au genou après un tirage de maillot, samedi à Esch, Pierre-Yves Ragot a, en plus, écopé d’un carton bleu. Yérime Sylla, son entraîneur, s’inquiète de la non-protection des joueurs.
Spectaculaire, l’action ne l’est pas. Pourtant, ses conséquences pourraient s’avérer assez lourdes. Samedi soir, à Lallange, la saison de Pierre-Yves Ragot a peut-être pris un drôle de tournant. Celui que l’on redoute et qui vous conduit, tout droit et pour plusieurs mois, vers l’infirmerie. Mardi, le Français arrivait à peine «poser le pied» sans pour autant plier le genou. L’urgentiste, qui l’a ausculté samedi soir à l’hôpital de Mont Saint-Martin craignait que le ménisque postérieur ne soit touché. Ainsi qu’éventuellement le ligament externe. «Si ce n’est que le ménisque, ça peut se régler entre trois semaines et, grand maximum, deux mois, fait remarquer le Bascharageois. Mais si c’est le ligament, ça peut être plus long. Surtout s’il doit y avoir une opération…»
Mardi, Pierre-Yves Ragot s’inquiétait évidemment pour son genou, mais aussi des conséquences de ce carton bleu reçu à la 36e minute. Sur la fameuse action, que voit-on? À la suite d’une parade devant Agovic, Alexandre Hotton relance rapidement vers Ragot. Pour s’emparer du ballon, ce dernier saute. Dans le même temps, revenu défendre à sa hauteur, Tom Krier le touche. Au moment de se réceptionner, l’arrière français boite immédiatement. Son genou vient de vriller. Sur le moment et, dans le feu de l’action, Ragot se tourne et interpelle Eric Schmidt, l’un des deux arbitres de la rencontre. S’ensuit alors un échange qui débouche sur l’exclusion pure et simple du joueur. Que s’est-il passé ? «Je lui dit « Et là, il n’y a pas faute?« Et il me répond « Non« . C’est là que, sous le coup de l’énervement, j’ai lâché un « Vous êtes vraiment nul à c…« Je sais, je n’aurais pas dû, mais c’était sur le coup de l’énervement. Quelques minutes avant, j’avais déjà subi une faute. Sur mon genou justement.» L’affaire ne s’arrête pas là pas pour autant. «Alors que j’étais en tribune, je le vois et je lui dis « mon genou est mort« en croisant les mains. Et là, j’ai appris que dans son rapport, il avait indiqué que je l’avais menacé de mort…», se désole l’intéressé qui arrive toutefois à en plaisanter : «Je n’ai pas passé ma main sous la gorge. Je ne suis pas non plus un terroriste…»
Au haut niveau, on ne voit plus ces tirages de maillot
Cet incident agace particulièrement Yérime Sylla. L’entraîneur de Käerjeng ne mâche pas ses mots : «Plusieurs fois, l’ailier droit (NDLR : Krier) a défendu de cette manière. C’est-à-dire, en arrivant de par le côté. Sans être averti. Or, ce type d’intervention entre dans la catégorie des fautes à sanction échelonnées. La première, jaune; la deuxième, deux minutes et s’il y en a une troisième, c’est rouge. Certains arbitrent passent même directement au « Deux minutes« . Or, sur cette action, il n’a rien eu…» Cette mansuétude, ou ce laisser-aller, inquiète le technicien qui est également lecteur au sein de la fédération internationale (IHF). «On passe du temps à réfléchir à l’arbitrage avec, comme souci majeur, de protéger l’intégrité des joueurs. Par exemple, les ballons en plein visage ou les « fermetures sur l’aile« . Or, quand je vois le match de samedi, ça me pose un vrai problème…»
Yérime Sylla ne compte pas faire des arbitres le bouc-émissaire tout désigné. «Contre Rumelange, Trivic prend un rouge. Bon, la faute ne méritait peut-être pas une telle sanction même si, en me mettant à la place de l’arbitre, l’action devait être assez spectaculaire au vu de la différence de gabarits des deux joueurs, concède l’ex-3e meilleur buteur du championnat de France en (2003/2004 avec Pontault-Combault. Mais bon, je préfère cette décision qui a pour but de défendre l’intégrité d’un joueur qu’une qui sanctionne la victime et donne la bénédiction à l’auteur de la faute…» Si, selon nos informations, le club bascharageois n’a pas fait officiellement appel de ce carton bleu («on attend de voir l’évolution de la blessure de Pierre-Yves»), Yérime Sylla a adressé une missive à l’attention de Patrick Simonelli, président de la commission des arbitres.
Ce tirage de maillot de Krier sur Ragot symbolise-t-il un manque de maîtrise? «Au haut niveau, on ne voit plus ces tirages de maillot ou ces petites poussettes à la sortie d’un un contre un qui viennent déséquilibrer l’adversaire… Non, le joueur laisse son adversaire passer, conscient qu’en cas d’intervention non maîtrisée, il peut y avoir, non seulement une grosse blessure derrière, mais aussi que la sanction sera le rouge, souligne Yérime Sylla avant d’ajouter : Or, l’intensité défensive croît lorsque tu la laisses croître. Et samedi, Miroslav (Rac) a pris une mandale et Radoncic un gros coup à l’épaule. Savoir défendre, c’est avant tout être capable de récupérer le ballon…»
Charles Michel
Becirovic absent, Edgar présent
Pour la réception de Käerjeng, Dudelange doit se passer des services de Becirovic, touché au mollet. De son coté, Käerjeng déplore les absences de Yacine Rahim et de Pierre-Yves Ragot, mais enregistre le retour de Sébastien Edgar après une déchirure au mollet.
Sérieusement? Une telle blessure après un tirage de maillot?
Il suffit de regarder le match sur Vimeo pour se faire une idée.