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L’OGBL veut réveiller un «gouvernement au bois dormant»


Nora Back et l’OGBL vont mobiliser les semaines à venir dans le cadre d’une campagne intitulée «Grad elo !» (ou «C’est maintenant»). Elle compte six thématiques clés.  (photo Fabrizio Pizzolante)

Le premier syndicat du pays lance une nouvelle campagne pour inciter la coalition tricolore à enfin relancer la machine à réformer. «On n’a plus de temps à perdre», clame la présidente Nora Back.

La bipartite de la semaine écoulée n’a pas eu le don de calmer les ardeurs de l’OGBL. «Le gouvernement a bien été à l’écoute de nos revendications. Aucun engagement concret n’a cependant été pris. Aucune stratégie n’est à déceler», fustige Nora Back. Malgré la «confirmation» d’un non-recours à l’austérité, la présidente du syndicat eschois attend de voir : «On espère encore un échange constructif sur le budget de l’État pour 2022. Ce sera le moment pour savoir si le gouvernement tiendra sa promesse. Il faudrait s’assurer qu’on ait la même définition de l’austérité. Il est non seulement faux d’épargner, mais aussi de couper les investissements.» Cet entretien avec le ministre des Finances, Pierre Gramegna, avant le dépôt du budget, a priori fixé au 14 octobre, aura-t-il encore lieu ? «Un tel échange a été énoncé, mais nous n’avons encore aucune confirmation», affirme Nora Back.

Avant le budget, il y aura la déclaration sur l’état de la Nation du Premier ministre prévue pour la rentrée parlementaire du 13 octobre. Pour l’OGBL, le grand oral de Xavier Bettel doit constituer un tournant dans la politique gouvernementale. «L’attentisme qui a prévalu avant l’été est toujours de mise alors que l’on approche déjà la fin septembre. On a toujours l’impression que rien n’est fait pour les travailleurs», lance Nora Back. Elle remet une couche empreinte d’ironie : «On a toujours pensé qu’une législature dure cinq et non pas trois ans.» Les différents partis s’attarderaient à débattre de questions de personnel au lieu de passer à l’action.

«Prendre des décisions courageuses»

À l’occasion de sa rentrée syndicale, le comité national de l’OGBL, réuni mardi matin au Kirchberg, a donc décidé de sonner le réveil. Ou autrement exprimé : «Il est de temps de réveiller un gouvernement aux allures de belle au bois dormant.» Une «offensive» est lancée sous forme d’une campagne intitulée «Grad elo !» (ou «C’est maintenant !» en français). Six thématiques clés sont mises en avant par le syndicat : le pouvoir d’achat, l’emploi, le logement, la fiscalité, les conditions de travail et la sécurité sociale. «La législature n’est pas encore terminée. Il reste beaucoup de temps pour prendre des décisions importantes», estime Nora Back.

Est-ce que les retraits annoncés des ministres du Travail et de la Sécurité sociale risquent de freiner la relance de la machine à réformer, d’autant plus que Dan Kersch et Romain Schneider sont plutôt proches de l’OGBL ? «Nous n’avons pas de ministre préféré au gouvernement. Tout dépend des actions qui sont entreprises», réagit Nora Back. Elle n’estime pas que les deux ministres se transforment en «canard boiteux» : «Il faut adapter une approche positive. Les deux ministres ont encore deux années devant eux pour prendre des décisions politiques courageuses.» Et en cas de départ anticipé ? «Celui qui fait une bonne politique doit être ministre», répond Nora Back.

En prévision des deux grands rendez-vous du mois d’octobre, l’OGBL rappelle ses lignes rouges. «Dès la première minute de la crise sanitaire, nous avons souligné que le recours à l’austérité n’est pas tolérable. On ne va pas céder d’un seul millimètre sur cette question», martèle Nora Back. Et la mise en garde syndicale ne vaut pas seulement pour la législature en cours : «On va observer de très près ce qui se prépare pour l’après-2023. Nous n’allons pas permettre à un futur gouvernement de trancher dans le vif après les élections.» L’OGBL ne compte plus tolérer l’attentisme actuel, notamment dans le logement, pour «des pures raisons électorales». «Les partis qui bloquent se rendent coupables de la détérioration de la cohésion sociale», clame Nora Back.

Des salaires trop fortement taxés

Une priorité devrait être accordée aux bas et moyens revenus, ayant durement souffert de la crise sanitaire. Dans ce contexte, l’OGBL revendique notamment un système fiscal plus équitable. «Il n’est plus concevable que les salaires soient taxés quatre fois plus que le capital», souligne la présidente d’un syndicat qui a définitivement perdu patience. Actions fortes dans le domaine du logement, revalorisation des prestations familiales ou adaptation des heures de travail ne sont que trois des dossiers où «il n’y a plus de temps à perdre».

En tout état de cause, le dialogue social doit être maintenu en vie. Dans la foulée des grands rendez-vous gouvernementaux de la mi-octobre, l’OGBL insiste encore et toujours pour la tenue d’une tripartite nationale. «Si tout se passe comme prévu, le Premier ministre se dit prêt à convoquer une tripartite en fin d’année. Mais rien n’est encore acquis», termine Nora Back.

David Marques

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