[Handball] «Si on est malins, on peut les avoir»

Entraîneur des Red Boys, Sylvain Brosse, évalue l’état de forme de ses troupes avant de s’envoler samedi matin pour Prague où elles affronteront le Dukla en 8e de finale aller de Challenge Cup. Il veut voir ses joueurs se faire plaisir.

Avec un brin de recul, que retenez-vous de la victoire acquise à Käerjeng (26-30), mercredi soir, en match avancé de la 14e journée d’Axa League?
Sylvain Brosse : Il y a des choses encourageantes et d’autres moins. Pour que cette équipe des Red Boys soit performante, elle a besoin d’un Damir Batinovic au top de sa forme. Malheureusement, ce n’est pas le cas depuis plusieurs semaines en raison de différents pépins musculaires. Tout est parti d’une douleur au talon. Sans doute par effet de compensation, il a ressenti ensuite une douleur au genou de l’autre jambe et là, en ce moment, il a une petite contracture au mollet. Il n’y a rien de grave mais Damir est un athlète et, comme tous les athlètes, il est fragile. Après, l’absence de Yann Hoffmann, touché à la cheville, nous handicape car il était sur une bonne dynamique en fin d’année 2019. Il s’agit de deux absences qui peuvent expliquer les manques constatés mercredi.

Lesquels?
Tom Meis est un « instinct player » capable de faire exploser une défense adverse à n’importe quel moment. Et, depuis le début de saison, il progresse, je le vois, mais il pèche parfois dans la gestion. Tom se donne complètement sur le terrain mais ne donne pas forcément toujours le rythme qu’il faut. Quand tu mènes de trois buts, il n’y a pas lieu de se précipiter, de tenter de servir le pivot dans un trou de souris… Mieux vaut faire tourner le ballon et attendre qu’un espace se libère. En cela, Tom et Damir sont très complémentaires.

On vous a vu, mercredi, parfois agacé sur certaines actions offensives…
Oui parce qu’on a du mal à développer notre jeu. Un jeu offensif doit être varié, alternant le calme et les accélérations. Mercredi, il était monocorde. Et puis, mercredi, on n’a pas libéré suffisamment sur les ailes. Et ce, alors que Daniel (Scheid), à droite, est performant. C’est un super joueur. En face, Aldin (Zekan) et Charlie (Plantin) ne sont pas maladroits.

J’ai de l’affection pour mes joueurs car ce sont des types bien et c’est important. Je n’ai jamais supporté entraîner un con…

Daniel Scheid a marqué sept buts dont six en première période…
Oui, c’est ça. Il a été bien servi en première mi-temps, moins en seconde.

Comment l’expliquez-vous?
Je pense qu’on paie un peu la coupure internationale. En début de saison, n’étant pas habitué à avoir sept internationaux, je ne l’avais intégrée. Alors, forcément, pour travailler, ce n’est pas l’idéal. J’en ai donc profité pour permettre à Mikkel (Moldrup) et Alexandre (Hotton) de faire du travail spécifique de gardien.

Et le travail paie?
Paradoxalement, par rapport à ce qu’ils montrent depuis le début de la reprise, je dirais qu’ils nous ont habitués à mieux.

Pourtant, la défense semble tenir la route…
À mon arrivée, j’ai immédiatement décidé de travailler la défense car je suis convaincu que c’est en étant performant dans ce domaine que l’on peut remporter un championnat. Actuellement, elle fonctionne plutôt bien. Elle commet de moins en moins d’erreur. La paire Rezic et Ostrihon s’entendent bien dans l’axe. Alors, pour en revenir à Mikkel, par exemple, j’ai envie de dire qu’il commence à arrêter les ballons qu’il doit arrêter avant de vouloir réussir des parades impossibles. Il faut qu’il accepte de ne pas pouvoir arrêter tous les tirs… En ce moment, il manque de confiance alors il bouge un peu trop vite, donne trop d’informations au tireur. Mais je ne m’inquiète pas pour lui, c’est un garçon intelligent qui a un très bon état d’esprit. J’ai de l’affection pour mes joueurs car ce sont des types bien et c’est important. Je n’ai jamais supporté entraîner un con…

En handball, c’est quoi un « con »?
C’est l’individualiste qui ne pense qu’à tirer la couverture à lui. Le gars qui n’a rien compris à l’essence même d’un sport d’équipe. Bref, c’est ça être un con. Je précise qu’on peut être un vrai con sur un terrain mais être charmant en dehors…

Samedi matin, vous vous envolez vers Prague où vous affronterez dimanche, le Dukla en 8e de finale aller de Challenge Cup. Que savez-vous de cette formation tchèque?
Elle possède un excellent arrière gauche (NDLR : Matej Klima), international tchèque. Un très bon demi-centre (NDLR : Jakub Svitak), un vrai organisateur capable aussi de marquer des buts. L’arrière droit (NDLR : l’Estonien Martin Gristsuk) aussi est bon. Cette équipe s’appuie sur une défense 1-5 assez performante. Offensivement, elle me paraît complète mais a tendance à lâcher les ballons un peu trop vite… Sinon, pour donner une idée de ce qui nous attend, Dukla a gagné son match de championnat contre Veseli, notre adversaire au tour précédent de sept buts… C’est un niveau supérieur.

Sur le papier, les Red Boys ne partent donc pas avec les faveurs des pronostics. S’agira-t-il de limiter la casse à l’aller?
J’ai des plans de jeu qui devraient permettre de gérer les temps faibles. En attaque, on essaiera peut-être le 7 contre 6.

Ce qui peut déboucher sur des buts faciles offerts aux Tchèques…
Il y a un risque, c’est vrai, car cela demande concentration et précision. Mais si c’est bien fait, ça peut permettre d’inverser le rapport de force. Après, au-delà de ces considérations tactiques, j’ai envie de vous dire qu’on n’a rien à perdre. C’est une belle expérience et les gars doivent jouer. Le handball reste un jeu alors qu’ils se fassent plaisir au maximum. C’est vrai, nous ne sommes pas favoris mais nous pouvons quand même essayer d’être malins. Si nous le sommes, on peut peut-être les avoir…

Au tour précédent, vous l’aviez emporté sur le plus petit écart, n’encaissant que 21 buts sur le terrain de Veseli. L’objectif sera-t-il à nouveau de prendre le moins de buts possible?
Si tu joues vite, le score peut monter à plus de 30 buts. Et quand tu te trouves dans cette zone, tu peux perdre très vite en fin de match de cinq buts. Tandis que si tu restes en dessous des 25 buts encaissés, l’écart ne sera pas trop important.

Ça laisserait de l’espoir…
Oui. Yann (Hoffmann) est en phase de reprise et il pourrait être opérationnel pour le match retour. Mais on ne prendra aucun risque. Notre priorité n’est pas la Coupe d’Europe mais la Coupe de Luxembourg. Celle-là, on peut la gagner!