Depuis le début de la saison, Schifflange, c’est quatorze victoires, un nul et zéro défaite dans l’antichambre de l’élite. Une réussite qui porte la marque de l’emblématique entraîneur Maurizio Parisotto.
«Il m’a marqué pendant ma jeunesse, c’était mon entraîneur à la Fraternelle», disait Laurent Reinesch. «C’est aussi une légende du handball luxembourgeois», répondait – entre autres – l’actuel président du HB Esch Christian Bock, à la question «Quel technicien les avait le plus marqués ?» au cours de leur carrière de joueur, dans notre rubrique C’était mieux avant, publiée chaque vendredi dans ces mêmes colonnes. Lui, c’est Maurizio Parisotto.
Il faut dire que l’homme a façonné de ses propres mains une grande partie de la génération dorée du club eschois et, par conséquent, plusieurs anciens cadres de l’équipe nationale. On ne va pas les citer, on risquerait de manquer de temps. Après une douloureuse séparation avec Esch qui «l’a profondément touché», à tel point «qu’il n’a plus jamais été dans aucune salle de hand pendant près de vingt ans», résume le capitaine schifflangeois Yves Braconnier, ce personnage haut en couleur a rejoint son «mentor» Otto Heel à Schifflange.
Pendant plusieurs années, les deux hommes sont en charge des équipes de jeunes avant d’être nommés, en janvier 2023, à la tête de l’équipe première à la suite du départ de Ricky Bentz. Et cette saison, Maurizio Parisotto, «quelqu’un qui vit pour ce sport depuis toujours et aussi d’un peu fou», plaisante le pivot, a repris seul les commandes de ce groupe à l’effectif «limité à huit ou neuf joueurs».
C’est comme un père très sévère pendant les matches et à l’entraînement, mais dès que c’est fini, c’est un père qui t’aime bien
Plus de sept mois après sa prise de fonction, son équipe est tout simplement invaincue en championnat et affiche un bilan inégalé avec 14 succès, un nul et zéro revers en deuxième division – les deux phases confondues. La seule défaite de l’exercice en cours est survenue au premier tour de la Coupe de Luxembourg face au quintuple champion national, le Handball Esch, au terme d’un match accroché.
«Il arrive à tirer le maximum de l’équipe. Il a réussi à créer comme une sorte de petite famille : c’est comme un père très sévère pendant les matches et à l’entraînement, mais dès que c’est fini, c’est un père qui t’aime bien», explique dans un sourire le n° 10. À créer une osmose aussi entre les plus expérimentés et les plus jeunes – que Maurizio Parisotto s’attelle à former – et qui constituent la majeure partie du groupe. «Il veut toujours jouer un handball rapide, que ce soit intéressant pour les spectateurs», indique le Luxembourgeois.
Intéressant ? Nul doute que cela l’a été pour le public venu assister aux matches de la première partie de la campagne 2023/2024. En témoignent les statistiques de ses protégés : ces derniers ont terminé meilleure attaque avec un total de 512 buts inscrits – 112 de plus que leur dauphin, le Standard – en 12 journées, soit plus de 42 réalisations par match. «Il veut qu’on respecte chaque adversaire, qu’on joue à fond pendant 60 minutes. Et lui non plus n’arrête pas une seule seconde sur son banc. Par exemple, même si on joue la 59e minute, qu’on a un avantage de 30 buts, il veut qu’on marque encore trois buts, s’amuse Yves Braconnier. Pour lui, c’est 60 minutes à fond !»
C’est presque un show de le voir! On a beaucoup de spectateurs et certains viennent juste le voir lui
Si en attaque tout roule comme sur des roulettes, l’arrière-garde a, elle aussi, suivi le mouvement. En encaissant 271 buts, les Schifflangeois ont terminé au sommet du classement des meilleures défenses. Et cela semble parti pour durer puisqu’en trois rencontres disputées à l’occasion des play-downs, Schifflange a trouvé le chemin des filets à 130 reprises et a concédé 72 pions. «En fait, dès que le match commence, il nous annonce combien de buts il accepte qu’on prenne. Dès qu’on dépasse ce qu’il avait dit, on a une petite punition à l’entraînement.»
Quelle est-elle ? «Il nous fait beaucoup courir. Alors, on se force à ne pas trop en encaisser», se marre le capitaine. Les séances d’entraînement justement (trois à quatre par semaine), pas question de les rater. Et si d’aventure, c’est le cas pour cause de maladie ou de blessure, «il faut venir lui dire en face. Maurizio, c’est l’ancienne génération, il n’a pas WhatsApp, pas Facebook, il n’a pas de réseaux sociaux. Il n’accepte pas qu’on lui dise par message. C’est quelqu’un qui insiste sur la discipline, sur le respect. D’ailleurs, on n’a reçu aucune deux minutes pour contestation cette saison.»
Que ce soit à l’entraînement ou lors des matches, Maurizio Parisotto n’hésite pas à donner de la voix. «C’est presque un show de le voir ! On a beaucoup de spectateurs et certains viennent juste le voir lui, déclare, hilare, Yves Braconnier. On paye pour le voir parce que c’est un phénomène, il crie comme un fou pendant 60 minutes. C’est fascinant de le voir ! Sur les matches diffusés par RTL, on n’entend que lui. Même si on mène de 25 buts, il crie comme si on en comptait cinq de retard. Maintenant et avec l’habitude, on respecte sa façon d’être et on l’accepte.»
Une personnalité diamétralement opposée à sa nature «calme et tranquille» dans la vie de tous les jours. Mais qu’il laissera aux vestiaires dimanche à partir de 18 h et le temps du choc contre Rumelange qui promet un beau spectacle.