Favoris sur le papier, les Red Boys se sont fait surprendre, ce mercredi en demi-finale de Coupe de Luxembourg, par une équipe de Berchem brillante collectivement. Les Differdangeois devront en tirer les enseignements…
En se rendant ce mercredi soir à la Coque, moins d’une heure avant le coup d’envoi, on croisa sur le parking un membre du HB Esch. On lui fit remarquer que ces demi-finales, Berchem – Red Boys et Esch – Dudelange, s’annonçaient particulièrement ouvertes. Un bref regard et une moue dubitative plus tard, le dirigeant glissa : «Surtout la première… parce qu’avec les Red Boys, vous savez…» Pas besoin de mots, un simple pincement des doigts de la main gauche suffit à comprendre l’allusion. Ah, pour ceux qui ne parleraient pas la langue des signes, les Red Boys éprouveraient des difficultés à assumer la pression et auraient tendance à se liquéfier.
Sur le papier, pourtant, cette première joute de la soirée ne doit pas faire un pli. Avec le retour de Yann Hoffmann, la grosse Bertha differdangeoise a du gros calibre dans un chargeur déjà riche en munitions (Damir Batinovic, Tom Meis, Max Kohl, Senjin Kratovic, Daniel Scheid). En face, la formation du Reiserbann, si on doit s’en tenir à une simple lecture de la feuille de match, ne doit pas peser bien lourd. La question est même, d’une certaine manière, de savoir combien de temps elle parviendra à rester au contact d’un adversaire face auquel elle s’est inclinée à deux reprises cette saison (37-39 et 29-21). Berchem ne manque pourtant incontestablement pas de talent. Même si le sien ne saute pas aux yeux au premier coup d’œil, puisqu’il réside dans le lien qui lie tous ses éléments. «C’est fort ce qu’ils font cette saison, car ils n’ont pas enregistré la moindre arrivée et ont même perdu Loïc Goemaere…», fit remarquer le fameux dirigeant eschois dont on taira le nom, mais qui a sans doute un bel avenir en tant que diseur de bonne aventure.
La belle aventure berchemoise se dessine dès une première mi-temps que les deux formations débutent avec la même prudence, refusant d’emballer la rencontre et procédant par des attaques placées. Histoire de limiter les fautes techniques. Dans les faits, c’est une réussite dans la mesure où l’on ne déplore, au total, pas plus de quatre pertes de balle (deux de chaque côté) lors des trente premières minutes.
Pour l’instant,on n’a rien gagné
Cette lutte du pot de terre contre le pot de fer va tourner à l’avantage du premier. Parmi ses protégés, Alexandre Scheubel ne compte pas plus de «stars» que Sylvain Brosse, mais sans doute moins d’individualités. «On savait que pour faire un résultat il nous fallait réussir une grosse performance collective, car, intrinsèquement, les Differdangeois nous sont supérieurs sur le plan individuel», déclarera après la rencontre, juste devant la porte de son vestiaire, le technicien français avant d’ajouter : «Toutes nos rotations, tous les joueurs entrés en jeu ont apporté un plus.»
Ces petits hommes verts, hier soir, se sont montrés extraordinaires, redonnant de l’éclat à un maillot qui, sur le plan esthétique, en manque quelque peu. Au-delà de cette considération toute personnelle, l’équipe du président Sinner a mis son adversaire devant ses propres failles en développant un jeu basé sur un collectif parfaitement huilé. «Tous les gars ont apporté leur pierre à l’édifice, car n’encaisser que 26 buts face à une équipe habituée à en marquer plus de 30, c’est une belle performance», se félicitera
Scheubel, tout en se gardant bien de crier victoire : «On est en finale, c’est bien, mais pour l’instant on n’a rien gagné. Samedi, il faudra entrer sur le terrain avec le même état d’esprit.»
Question état d’esprit, les Red Boys ont eu un sursaut en début de seconde période. Accusant trois longueurs de retard à la pause, ils montrent alors davantage d’agressivité en défense avec une 1-5 (contre une 0-6 en première mi-temps). Ce changement tactique leur permet de profiter des contre et de revenir à hauteur d’un adversaire (17-17, 38e) que l’on croit alors en perdition. En vérité, il ne fait que courber l’échine…
Quelques instants plus tard, Berchem se voit offrir une occasion de «tuer» le match avec les exclusions temporaires conjuguées de Rezic et Ostrihon, les deux défenseurs centraux differdangeois. Mais Hotton en décide autrement en stoppant un penalty de Tsatso, puis en annihilant une contre-attaque de Brittner. Au lieu de creuser un écart conséquent, Berchem voit son adversaire revenir une nouvelle fois (20-20, 46e). Ce passage ne sera pas le tournant du match. À l’image de Raphaël Guden ou Ariel Pietrasik, Berchem est bien trop solide mentalement pour céder au doute et reprend ses distances (23-21, 51e).
En face, Differdange manque d’imagination. Une impuissance symbolisée par ce raté de Hoffmann devant Liskai (50e) ou plus sûrement par cette tentative de Meis repoussée par ce même Liskai qui, dans la foulée, voit Guden offrir à son équipe quatre longueurs d’avance (25-21, 53e). C’est finalement sur le plus petit écart que Berchem décroche son billet pour la finale. Et ce, après un but d’Ostrihon refusé pour une faute préalable d’un Berchemois, puis une tentative de Kohl que Liskai s’en est allé détourner au pied de son poteau. Tel un enfant, le gardien de 31 ans se rue vers son banc pour se jeter dans les bras de ses équipiers. Tout un symbole.
Charles Michel
Gymnase de la Coque. Arbitrage de Mme Janics et M. Niederprüm. 1 000 spectateurs.
BERCHEM : Liszkai (1re-60e, 12 arrêts dont 2 penalties), Moreira, Guden 5/1, Scholten 1, Stein 1, Pietrasik 7, Weyer 6, A. Biel 1, Guillaume, Tsatso 1, Stupar, Gerber, Brittner 3, Schmale 2, L. Biel.
Penalties : 1/2.
Deux minutes : L. Biel (25e).
RED BOYS : Moldrup (1re-30e, 7 arrêts), Hotton (30e-60e, 7 arrêts dont 1 penalty), Rezic, Ostrihon 1, Reding, Ale. Zekan 1, Meis 6, Batinovic 6, Faber 4, Marzadori, Kratovic, Ald. Zekan 2, Scheid 2, Plantin, Kohl 3, Hoffmann 1.
Penalties : 1/2.
Deux minutes : Kohl (23e), Rezic (43e), Ostrihon (43e, 52e).
Évolution du score : 5e 2-2; 10e 3-5; 15e 7-7; 20e 10-9; 25e 14-10; 35e 17-14; 40e 19-17; 45e 20-20; 50e 23-21; 55e 25-23.