Arrivé en 2010, Chris Auger pensait finir sa carrière à Käerjeng. Mais un concours de circonstances l’a poussé à partir. À 38 ans, et après avoir songé à raccrocher, il a rejoint les Red Boys.
Ce samedi, vous ferez votre retour à Käerjeng en tant que Differdangeois. Que ressentez-vous?
Chris Auger : Un sentiment un peu étrange… Mon départ tardif, vers la fin juin, ne m’a pas permis d’expliquer mon choix auprès de mes équipiers.
C’est donc la première fois que vous reviendrez au Um Dribbel…
Non. En fait, il y a quelque temps, comme je savais qu’il y avait un décalage entre l’horaire d’entraînement des Red Boys et celui de Käerjeng, j’ai demandé à Yérime l’autorisation de passer en coup de vent. Il a accepté et cela m’a permis de faire un petit discours. De m’expliquer devant tout le monde. Je leur ai dit que ma porte serait toujours grande ouverte. J’y ai beaucoup d’amis. Temelkov, c’est comme un frère pour moi. À une époque, on habitait même ensemble…
Comment ça?
Nous sommes arrivés tous les deux en 2010. Moi, un peu plus tôt que lui. Et, au début, on résidait dans le même immeuble. Lui au premier étage, moi au deuxième. Du coup, nos deux familles sont devenues très proches. On part souvent en vacances ensemble. Quand on allait jouer à Diekirch, on faisait la route ensemble. Cette saison, lorsque Käerjeng y est allé, il m’a envoyé un SMS : « ça fait bizarre de faire la route sans toi ». Après, il n’y avait pas que lui. Je suis proche aussi de Tommaso (Cosanti) mais aussi de gars auprès de qui j’ai œuvré pour qu’ils viennent comme Miroslav (Rac), Yacine (Rahim) ou Pierre-Yves (Ragot).
Pouvez-vous revenir sur les raisons et les circonstances de votre départ?
J’avais l’impression que le club ne comptait plus trop sur moi. Pour la « gagne » en tout cas. À l’époque où Marc (Sales) était président, ça prenait trois minutes : je travaillais dans son entreprise, il traversait le couloir, frappait à ma porte : « Tu veux continuer? OK. Très bien. »» Et c’était fini. Cette fois, la situation était différente. J’étais à la recherche d’un emploi et j’avais une piste. Si celle-ci s’était avérée concluante, il m’aurait été impossible de continuer de jouer. J’avais prévenu Yérime. C’était en mars, mais cela ne s’est finalement pas fait. Après, en raison sans doute d’un quiproquo, il a cru que je voulais moins m’investir.
Je vais peut-être venir directement en tenue et repartir sans prendre ma douche
Ce qui n’était pas le cas?
Du tout! Le club a engagé (Alexandre) Hotton. Dès lors, on m’a fait trois propositions : continuer de jouer, être entraîneur adjoint ou faire les deux. J’ai dit à Yérime que je voulais continuer de jouer.
En fin de saison, l’entraîneur avait déclaré qu’il avait manqué la saison dernière un manque d’efficacité au poste de gardien de but. Or, en tant que titulaire indiscutable, comment avez-vous pris cette déclaration?
Si j’avais connu Yérime il y a cinq ans, il m’aurait sans aucun doute permis d’être meilleur que je ne le suis. Il voulait changer ma manière de jouer. Ce que je comprends, mais c’est dur de modifier, en seulement une saison, un style travaillé durant quinze ans. Surtout en période de covid… Mais je reconnais qu’il a modifié ma manière de voir le handball. D’ailleurs, si à l’avenir, l’occasion venait à se présenter d’être son adjoint, ce serait avec un réel plaisir.
Cette décision de partir fut-elle difficile à prendre?
Ça m’a coûté… Mais une fois prise, je ne pouvais pas faire marche arrière.
Vous aviez déjà décidé de rejoindre les Red Boys…
Non, pas du tout. J’avais décidé d’arrêter… Et puis, Dominique Gradoux, qui est responsable de la formation à Differdange et que je connais très bien, m’appelle pour me dire que le club recherche un gardien. Et m’invite à prendre le temps de la réflexion. Trois jours plus tard, il m’a rappelé. On s’est vu avec Patrick (Reder) et voilà.
Après votre blessure au dos, aviez-vous des doutes quant à votre capacité à continuer de jouer?
J’ai disputé les trois derniers matches de la saison sans soucis et, en juin, l’IRM de contrôle a révélé que tout était entré dans l’ordre. J’ai eu le feu vert du médecin à condition que je fasse toujours mes exercices de gainage.
Lors de votre signature aux Red Boys, le club n’avait pas encore engagé Sandor Rac comme entraîneur. Vous le retrouvez, tout comme Mikkel Moldrup…
Avec Mikkel, même après son départ de Bascharage, on est restés en contact. C’est un gars positif, bienveillant et qui a un autre style que le mien. Sa présence a joué dans ma réflexion.
Quel regard portiez-vous sur ce club avant votre arrivée?
Celle du perpétuel challenger. De l’équipe capable d’aller chercher le titre, mais qui, à un moment, s’effondre sans trop savoir pourquoi.
Et aujourd’hui?
(Il rit) On en reparlera en fin de saison… Plus sérieusement, il y a dans ce club des gens passionnés et extrêmement motivés. La passion, parfois, peut laisser place à certains débordements et à des décisions pas toujours favorables.
Les Red Boys vous ont privé du titre en 2016 lors du dernier match de la saison…
Oh, je m’en souviens très bien! On menait encore de cinq buts à dix minutes de la fin…
Quel accueil vous a réservé le vestiaire differdangeois?
Très bon! J’ai senti beaucoup de respect. Des joueurs comme Roman Becvar, Damir Batinovic ou Alen Zekan, avec une grande expérience. Il s’en dégage une vraie sérénité. Jusque-là, même lors des matches où on n’a pas très bien joué, il n’y a jamais eu le début d’une tempête.
Quelle est la durée de votre contrat?
J’ai signé pour un an. On fera le point en cours de saison. C’est plus sage et honnête.
Samedi, vous irez dans le vestiaire visiteur…
Justement, ce n’est pas encore sûr. Je me suis toujours juré qu’au Um Dribbel, je n’irai jamais à l’étage. Je vais peut-être venir directement en tenue et repartir sans prendre ma douche.
Vous êtes sérieux?
Il faut voir si Sandor n’y voit pas d’objection, mais c’est ce que je compte faire.
Entretien avec Charles Michel