Olivier et Vincent Thill ont donné des informations à leur famille, ce vendredi matin. Ils vont bien mais sont encore loin de la frontière… hongroise, vers laquelle leur club les a redirigés.
Alors que leur club a tout fait, ce jeudi, pour faire partir ses joueurs en bus en direction de la Pologne, ne réussissant qu’à retarder tout le monde d’une journée (le bus avait à peine progressé d’une quinzaine de kilomètres dans la journée), les frères Thill, effrayés par la tournure des événements et constatant que c’est tout un pays qui prend ces dernières 24 h le chemin de l’exode, ont décidé d’assumer une décision courageuse : s’en sortir par eux-mêmes.
Montés dans une voiture du club dans la soirée de jeudi, ils étaient ce matin en train d’essayer de faire le plein d’essence pour s’échapper de ce cauchemar quand ils ont donné des nouvelles à moitié rassurantes à leur famille. Les deux milieux de terrain internationaux vont bien, mais ils étaient encore au bas mot à une dizaine d’heures de la frontière polonaise, longtemps désignée comme la seule échappatoire du moment, quand bien même elle est restée fermée une bonne partie de la journée de mercredi. Et c’est vers elle, qu’ils ont fini par se retourner, en fin de journée, face à des bouchons de… 38 kilomètres allant vers la Hongrie.
Mahmutovic, coincé à la frontière polonaise
Sauf qu’il y a eu un contr’ordre majeur. Enes Mahmutovic y est, en effet, à cette frontière. Depuis 23 h, mercredi soir. Et le défenseur central, joint par sa fédération en fin de matinée, ce vendredi, n’a pas caché son dépit : la police polonaise laisse passer de très petits contingents de personnes cherchant à fuir l’Ukraine avant de refermer pour de longues plages d’une demi-heure. Mahmutovic n’a pas dormi de la nuit dans l’espoir de passer de l’autre côté. Il n’y était pas encore parvenu à 10 h, ce vendredi matin. Et vendredi soir, son téléphone a rendu l’âme sans espoir de pouvoir recharger sa batterie. Bref, il est tout seul.
Les frères Thill ont donc changé de cap, sur les conseils de leur club : direction la Hongrie, où le passage serait a priori plus facile. La fédération, après avoir contacté Jean Asselborn pour s’assurer du soutien du Ministère des affaires étrangères et de la mise en place de moyens logistiques pour rapatrier ses joueurs, a eu Olivier et Vincent en ligne. Là encore, ils ont été rassurants : «Ils en avaient environ pour huit heures de route au moment où je les ai eus en ligne», indique Erny Decker, chef du personnel de la fédération et rouage de la mini-cellule de crise mise en place à Mondercange.
Sébastien Thill est quand même rentré en Moldavie!
«Ils m’ont dit qu’ils circulaient sur des routes jusque-là très tranquilles et dégagées, poursuit-il. Ils ont vu passer quelques contrôles routiers et des convois militaires mais pour l’instant, tout va bien. Le souci, c’est qu’ils sont dans une voiture de leur club et qu’ils vont devoir, à un moment, la rendre avant de continuer leur trajet. Ils ne savent pas encore comment ils vont faire. Mais pour l’heure, pas de danger». La FLF suit l’évolution de la situation heure après heure.
Sébastien Thill, éliminé de l’Europa League aux tirs au but contre Braga, est lui en train de rentrer sur la Moldavie. Après avoir pris un avion depuis le Portugal jusqu’en Roumanie, son Sheriff Tiraspol ajoute six heures de bus pour trouver, vraisemblablement, un championnat mis à l’arrêt par la force des canons. Après avoir bouclé ses aéroports, la Moldavie est en effet en état d’alerte pour au moins 60 jours.
Julien Mollereau