Opposé ce soir à l’Inter Milan lors de la 4e journée de la Ligue des champions, l’atypique Sébastien Thill aimerait pour une fois rallier la majorité : 84 % des clubs qui comptaient comme son Sheriff six points après trois journées ont vu les huitièmes de finale de la compétition.
Tout ou presque a été dit, dans ces colonnes ou plus récemment celles d’autres canards étrangers, sur le parcours atypique de Sébastien Thill, l’homme qui marque des pions sensationnels sur les pelouses européennes les plus prestigieuses (Santiago-Bernabéu, puis San Siro, série en cours) depuis qu’il a cessé de choyer celle du Progrès Niederkorn en tant que jardinier communal. Une demi-volée dans la lunette de Thibaut Courtois par-ci, un coup franc mieux brossé qu’un Allemand des «eighties» par-là : auteur de ses deux premiers buts en Ligue des champions, les deux premiers de l’histoire du Grand-Duché aussi, le gaucher ne fait décidément rien comme les autres.
Il serait toutefois bien inspiré, pour une fois, de faire comme tout le monde, ou du moins comme la grande majorité. Ce ne sont ni ses parents ni son entraîneur qui le disent, mais les stats : plus de 84 % des équipes qui, comme son Sheriff Tiraspol, leader-surprise du groupe D à la faveur de ses succès sur le Shakhtar Donetsk (2-0) et le Real Madrid (1-2), comptaient six points après trois journées de C1 ont rallié les huitièmes de finale à l’issue de la phase de poules.
Depuis l’instauration de l’actuel format de la compétition (huit groupes de quatre, un premier tour à six matches par équipe et deux qualifiés pour les huitièmes par poule), en 2003, un tel scénario s’est en effet produit 90 fois. Dont 21 ces cinq dernières saisons, pour un bilan de 76 qualifiés et 14 recalés (18 contre 3 depuis la saison 2016/2017), éliminés ou reversés en Ligue Europa, sort réservé depuis 2003 aux troisièmes de chaque groupe. Soit un pourcentage exact de réussite de 84,44 %.
Sûr à 100 % de
voir le printemps?
De quoi aborder les matches retour, qui débutent ce soir (21 h) pour le Sheriff, avec sérénité? Pas tout à fait, et pas seulement parce que les trois poursuivants se nomment le Real Madrid, l’Inter Milan et le Shakhtar Donesk, qui compilent à eux trois 56 participations à la C1 (contre une seule pour le Sheriff, bizut de la compétition), pour – avant cette saison – 37 présences lors de la phase à élimination directe (24 pour le Real, 9 pour l’Inter et 4 pour le Shakhtar) et 8 victoires finales (7 pour le Real, une pour l’Inter) depuis 1997, année de la création du Sheriff.
L’autre raison de se méfier, pour Sébastien Thill et les Moldaves, tient au fait que les trois seules équipes, depuis 2016, à ne pas être sorties des poules et avoir dû se contenter de la C3 après avoir engrangé six points lors des trois premières journées (l’Inter en 2018, l’Ajax Amsterdam en 2019 et Manchester United la saison dernière) comptaient déjà ces six unités à l’issue de la deuxième journée… comme le Sheriff.
Cela dit, ces cinq dernières saisons, le nombre d’équipes qui comptaient six points après trois matches et qui ont fini en tête de leur groupe est bien plus élevé : sept (Naples en 2016, le Real et Manchester City en 2018, Liverpool et Leipzig en 2019 et Dortmund et la Juventus en 2020). Et parmi les 14 autres, 11 ont terminé deuxièmes, trois ont fini troisièmes et aucune n’a achevé la phase de poules à la dernière place de son groupe.
Statistiquement, «Séba» et Tiraspol ont donc pour l’heure 100 % d’être encore là au printemps. Reste à savoir dans quelle compétition… Mais même une troisième place, synonyme de détour par les barrages de la phase à élimination directe de la Ligue Europa, aurait quelque chose d’historique pour le club moldave : en quatre participations, le Sheriff n’est jamais parvenu à s’extirper de sa poule en C3.
Simon Butel