Les Roud Léiwen affrontent la Norvège et l’Écosse début juin. C’était déjà sans Stefano Bensi, mais ça ne le sera plus jamais : l’Eschois a mis fin à sa carrière internationale.
Neuf mois après l’annonce du départ à la retraite d’Aurélien Joachim, une nouvelle page de l’histoire récente du football luxembourgeois vient de se tourner.
Près de 72 heures après l’annonce d’une liste dont il ne faisait pas partie pour un pépin au mollet mais à laquelle venait d’être convié l’international le plus âgé encore en activité, Dan Da Mota, Stefano Bensi a annoncé via les réseaux sociaux qu’il mettait un terme à sa carrière internationale.
Celle-ci sera riche de 54 sélections, 5 buts et 4 passes décisives. Un joli ratio qui doit en plus tenir compte des nombreuses turbulences physiques que l’Eschois a dû traverser. C’est d’ailleurs son corps, qui l’arrête, à 32 ans. Et il ne le cache pas.
Pourquoi et comment prendre cette décision, à un âge encore raisonnable et alors que vous avez lutté tant de fois pour rester performant à un tel niveau?
Stefano Bensi : C’est un processus que j’ai mis en route depuis un certain temps. J’en ai parlé avec le sélectionneur et je lui ai dit que mon corps n’y arrive plus. Je ne parviens plus à faire les efforts et être performant en sélection, c’est important. C’est mieux d’installer un jeune à ma place, qui pourra évoluer avec la même passion que celle que j’ai mise. Une carrière a un début et une fin. Là, c’était le bon moment pour fermer ce chapitre, même si ça me fait du mal, même si j’aurais préféré continuer jusqu’à 40 ans. Mais il vaut mieux prévenir que tout gâcher…
Avez-vous reçu beaucoup de messages?
J’avais prévenu les gars de l’équipe en avance. J’ai reçu beaucoup de messages et ça fait plaisir. Ça montre que je comptais pour eux, qu’on est une vraie famille, comme des frères. Et il faut qu’ils gardent ça.
Mais cela fait déjà un an que le sélectionneur m’a prolongé!
Luc Holtz est en manque cruel de joueurs offensif capables de prendre la profondeur. Il n’a pas essayé de vous retenir?
(Il sourit) Mais cela fait déjà un an qu’il m’a prolongé! Mais là, je ressens vraiment que mon corps ne suit plus le niveau international. C’est vraiment incomparable avec ce qu’on rencontre en BGL Ligue ou même en Coupes d’Europe. Tiens, un exemple : au Monténégro (NDLR : 13 octobre 2020), je devais rentrer et à l’échauffement, je sentais que je n’étais pas bien. Et finalement, c’est celui qui est entré à ma place, Maurice (Deville), qui laisse filer le ballon entre ses jambes pour permettre le but de Danel (Sinani). Mais normalement, c’est moi, qui aurais dû rentrer…
Quel souvenir vous restera-t-il de ces treize années internationales?
Mon meilleur souvenir, c’était d’ouvrir la porte de l’hôtel Leweck à chaque rassemblement et de retrouver tous mes coéquipiers et le staff. Des liens se sont créés et cela me fait mal de refermer cette porte. Mais si je dois retenir un match, ce serait l’Irlande du Nord (NDLR : victoire 3-2, le 10 septembre 2013, lors duquel il a marqué), à cause de tous les retournements de situation qu’il y a eu et pour l’émotion que ça a procurée aux gens.
Vous avez remarqué qu’à chaque fois que vous avez marqué en sélection, il y a pratiquement toujours eu un résultat positif? Vous avez inscrit cinq buts, synonymes de deux victoires, deux nuls et une seule défaite…
(Il rit) Oui, j’ai mis cinq buts et j’ai donné quatre passes décisives. Ce sont de bonnes stats, mais j’aurais peut-être dû en mettre plus pour qu’on remporte plus de matches.
Vous imaginez-vous continuer encore longtemps?
J’ai un contrat à long terme avec mon club et ce sera la même chose : tant que mon corps tient. Si ça dure cinq ans, tant mieux. Mais je ne suis pas satisfait de mon temps de jeu actuel, alors voyons d’abord aussi ce que veut mon club.
Entretien avec Julien Mollereau