En attendant d’être à 100 %, l’ex-buteur du Fola et nouvel attaquant de la Jeunesse savoure de refouler les terrains après 18 mois frustrants en France.
Il est entré sous le déluge contre Wiltz (1-0, 16e journée), a couru après le ballon à Dudelange (1-0, 17e j.) et s’apprête à défier le dauphin, Niederkorn. On a connu plus simple comme reprise, mais pour Moussa Seydi, l’essentiel est ailleurs : sur le terrain, qu’il retrouve après deux demi-saisons quasi blanches à Orléans (11 matches entre décembre 2020 et janvier 2022). Et sous le maillot de la Jeunesse – lui l’ancien du Fola –, avec qui il espère accrocher l’Europe dès cette année. Entretien.
Où en êtes-vous, trois semaines après votre arrivée?
Moussa Seydi : Je suis resté longtemps sans jouer : j’ai été éloigné des terrains deux mois, car j’étais un peu blessé aux adducteurs. Ça m’a fait du bien de retrouver le terrain. Je ne suis pas encore à 100 %, plutôt à 60-70 %, j’ai un peu perdu les repères et comme je découvre une nouvelle équipe, avoir des connexions avec les autres va prendre un peu de temps. Mais physiquement, je tiens bon.
Jeff Strasser vous utilise pour l’instant dans un couloir, mais vous pouvez également jouer dans l’axe. Dans quelle position vous sentez-vous le plus à l’aise?
Je n’ai pas de préférence. Je pense que je peux m’épanouir dans le couloir, car il y a de bons joueurs devant.
Vous retrouver à la Jeunesse vous procure-t-il un sentiment particulier?
(Il rit) C’est le foot! Moi, c’est mon seul boulot. Ça s’est bien passé au Fola, à présent je défends les couleurs de la Jeunesse et je veux le faire au mieux. Je sais que ce sont des clubs rivaux, mais je suis positif, le Fola a facilité ma venue ici (NDLR : sur le plan financier) et ils ont facilement trouvé un terrain d’entente.
La question d’un retour au Fola s’est-elle posée cet hiver?
Non, ils m’ont dit qu’ils étaient bloqués financièrement. J’avais pas mal d’opportunités, Dudelange et le Racing me voulaient, mais la Jeunesse a fait un effort pour que je puisse venir, et moi j’ai fait un effort sur beaucoup de choses car je voulais rejouer. Le foot est mon seul travail, et quand tu ne joues pas, tu n’as pas de valeur.
Comment expliquez-vous que vous ne vous soyez pas imposé à Orléans?
En partant d’ici, je pensais facilement trouver un club avec mon frère (NDLR : qui le représente). On discutait avec pas mal de clubs, mais ils me demandaient parfois des papiers que je n’avais pas, ça a traîné et je suis resté pas mal de temps à m’entraîner seul. À l’époque, Niederkorn m’a sollicité, mais j’ai privilégié le projet sportif de l’USO, en National, dans un club pro. Ils m’ont très vite mis dans le bain et au bout de quelques semaines, je me suis blessé aux ischios. Ça m’a empêché d’enchaîner les matches, puis en avril 2021, j’ai attrapé le covid et suis resté positif un mois. Je n’arrivais pas à revenir à 100 %. Cette saison, j’ai fait toute la prépa, mais au début du championnat je me suis blessé aux adducteurs…
Est-il important, dans ces moments-là, de changer d’environnement ?
C’était compliqué : avant cela, je n’avais que rarement connu les blessures et là, je me blessais tout le temps! Je suis resté positif, car les blessures font partie du football, et que certains ont plus de blessures que moi, ou des blessures plus graves. Ces blessures, c’est le seul truc que j’aie regretté à Orléans. Là-bas, j’ai beaucoup appris, progressé, évolué. Mon entraîneur comptait sur moi et appréciait mon travail, mais je voulais vite rejouer.
Était-ce un choix logique de revenir au Luxembourg, dans ce contexte?
Oui, car je connaissais le championnat, je connaissais des gens ici, mon frère aussi. Je me suis fixé pour objectif de finir le travail que j’avais commencé ici, au Fola, où j’avais fait une bonne saison avant d’aller à Orléans. Je veux franchement faire la même chose pour la Jeunesse, où je retrouve un coach que je connais très bien, puisqu’il m’a eu au Fola. Je vais travailler pour revenir à mon meilleur niveau et me donner à fond.
La présence de Jeff Strasser a-t-elle joué dans votre décision?
Ça a pesé, oui. J’ai discuté avec lui, je lui ai expliqué pourquoi j’avais peu joué à Orléans, il m’a dit „Ok, je te connais, je sais que tu es quelqu’un qui travaille et qui écoute, je te fais confiance“. Il attend de moi que je me donne à fond, que je travaille pour le collectif et que j’aide l’équipe à gagner et atteindre les places européennes.
Votre équipe est à la peine sur le plan offensif. Comment l’expliquer et comment y remédier?
Pour l’instant, c’est vrai que ce n’est pas suffisant, on doit proposer beaucoup plus de solutions devant. Je pense qu’on doit travailler plus, être plus tueurs devant, et respecter davantage les consignes du coach. Il faut une meilleure coordination dans les déplacements, et faire plus d’appels pour fatiguer la défense et avoir plus d’actions.
Vous êtes la seule recrue offensive hivernale, et ces progrès vous incombent donc en partie. Ressentez-vous une certaine pression?
Non. Je suis tranquille, je joue comme je sais le faire, et je sais que j’ai les capacités d’aider l’équipe. On est pas mal de joueurs devant, et on est là tous pour aider l’équipe. On le fera. À Orléans, c’était pareil, ça ne marchait pas, on ne marquait pas, mais au fur et à mesure ça a fini par changer. J’espère que ça changera ici aussi.
Vous évoquiez tout à l’heure l’Europe. La Jeunesse peut-elle encore y croire cette saison?
Nous avons beaucoup de qualité, il y a moyen d’avoir la 4e place (NDLR : qualificative pour l’Europe si l’un des trois premiers remporte la Coupe). Si ce n’est pas possible, j’ai signé un an et demi, et on sait que l’an prochain, on peut faire mal. Pour moi, on peut le faire dès cette année : au Fola, on était 6 ou 7es, on a enchaîné trois victoires et on a rattrapé les autres. Il faut juste gagner et prendre chaque match comme une finale, c’est tout. Les prochains matches vont être déterminants.