Ahmed Nouma entend beaucoup trop de choses «fausses» sur son poulain, parti du Wisla Cracovie après… onze jours. Alors, il livre ses vérités.
Il y a quelques jours, l’agent de Tim Hall, mais aussi de Gerson Rodrigues ainsi que de deux des frères Thill (Sébastien et Olivier), s’est laissé surprendre par une nouvelle réflexion désobligeante sur les bords d’un terrain de DN. Une question sur la raison pour laquelle le défenseur central avait «été mis dehors» du Wisla Cracovie. Ce n’était pourtant pas la première fois qu’il entendait ça. Puisque c’est, visiblement, l’avis de beaucoup de gens au Grand-Duché, il n’a pas lutté contre son envie de rectifier certaines choses importantes pour l’avenir de son joueur.
Ce n’est pas si courant que ça de prendre la parole pour un agent. Pourquoi le faites-vous ?
Parce que ce qui se dit est faux. Il n’est pas vrai que le Wisla ait résilié le contrat de Tim, c’est même tout à fait faux et il faut que les gens sachent les choses.
Les médias polonais ont tout de même relaté ce souci majuscule avec le coach allemand du Wisla, Peter Hyballa…
Franchement, c’est un cas psychiatrique. Même quand Gerson Rodrigues ne jouait pas au Dynamo Kiev, je n’ai jamais critiqué son coach, mais là, dans les médias polonais également, je n’ai pas pu faire autre chose que de le descendre, ce coach. Il est malhonnête. Deux jours après le départ de Tim, il a fait signer un de ses joueurs, Souleymane Koné (NDLR : qu’il a eu sous ses ordres dans le club slovène de DAC). Attention, je n’ai rien à dire sur le club du Wisla, qui lui a été classe avec nous.
Peter Hyballa prétendait que Tim Hall n’était pas prêt.
C’est des conneries. Il faut revenir au tout début, quand Tim a résilié au Karpaty Lviv (NDLR : au tout début du printemps 2019). À l’époque, on avait reçu une dizaine d’offres concrètes, une quinzaine si l’on compte les offres exotiques comme l’Azerbaïdjan. Mais il y avait la Hongrie, la Pologne, l’Italie, les Pays-Bas… On avait choisi Gil Vicente parce que tout le monde, du coach francophone Rui Almeida au directeur sportif, Dito, le voulait absolument. Mais Tim a attrapé deux fois le coronavirus et quand il est revenu à l’entraînement, le coach était parti et le directeur sportif malheureusement décédé. Un autre entraîneur est arrivé (NDLR : Ricardo Soares) qui ne parlait pas un mot d’anglais. D’ailleurs, aucun des autres défenseurs centraux ne le parlait. Ils étaient tous strictement lusophones également. Imaginez les séances vidéo de 45 minutes en portugais…
Tim était en forme. La preuve, il a joué contre Benfica (NDLR : le 20 décembre), mais personne ne pouvait comprendre, ni lui, ni moi, ni le directeur sportif, ni le club, qu’un gars de 23 ans avec son talent ne joue pas. Pourtant, le club voulait qu’il reste. Le coach aussi. Mais Tim ne se voyait pas continuer à cirer le banc. On en a discuté longuement, il a choisi le départ et Gil Vicente a été compréhensif. En plus des Italiens de Vicenza, trois clubs polonais étaient intéressés : le SLASK Wroclaw, Rakow et le Wisla. On s’était souvenu qu’on avait de très bons rapports avec le Wisla, dont le vice-président n’arrêtait pas de m’appeler pour me demander comment cela se faisait que Tim ne jouait pas à Gil Vicente. Non seulement ils le voulaient toujours après avoir déjà formulé une offre quelques mois plus tôt, mais en plus, ils n’ont pas changé d’un poil leur offre initiale.
Mais Hyballa était déjà là. Il a forcément fallu avoir son accord.
Il faut savoir une chose : Hyballa, l’été dernier, il était aux Pays-Bas, en D2, à Breda. Et il voulait Tim, qui lui avait dit non, parce qu’après la D1 ukrainienne, cela ne pouvait pas être son plan de descendre d’un échelon. Il le lui a dit poliment. Mais le 20 décembre, quand on lui a proposé le recrutement de Tim, Hyballa a dit que c’était un très bon choix. Je ne sais pas à quoi il jouait, mais le transfert s’est fait et on pensait que tout irait bien.
Hyballa le voulait déjà à Breda. Tim lui avait dit non poliment Il est narcissique, égocentrique et il se prend pour Jürgen Klopp.
Encore une fois, ça, c’était jusqu’à ce qu’Hyballa évoque des lacunes physiques.
Tim s’entraîne deux fois avec l’équipe et là, Hyballa veut lui faire le test yoyo (NDLR : un test d’endurance intermittent) et là, il dit que le résultat n’était pas à la hauteur de ses attentes. Il dit même que c’est catastrophique et inacceptable, qu’il doit s’entraîner cinq semaines à part. Cela m’a sidéré. Juste avant de partir de Gil Vicente, il comptait parmi les plus rapides aux tests de vitesse. C’est à ce moment-là que j’ai commencé à me renseigner sur Hyballa. Le directeur sportif de Breda a été le premier à me répondre en me disant qu’il fallait fuir cette personne : « Il est narcissique, égocentrique et il se prend pour Jürgen Klopp. » Les autres échos que j’ai eus sont les mêmes, où qu’il soit passé, c’est problématique. Pour Tim, le Wisla, c’était le bon endroit, mais pas le bon moment.
Vous prétendez qu’il n’a pas été remercié. Comment cela s’est-il donc solutionné ?
Tim disposait d’un contrat de deux ans et demi plus une année en option. Et le souhait du club, c’était qu’il ne parte pas. Ils ont tout fait pour le prêter, ont cherché eux-mêmes et comme il était tard, que beaucoup de clubs avaient déjà fait leur recrutement, ils lui ont proposé de patienter quelques mois chez eux. De rester, de s’entraîner et de conserver son contrat alors qu’il était très bien payé. C’est Tim qui a refusé. Il faut des couilles pour ça. Il leur a dit « je préfère être libéré que rester ici dans ces conditions. Je ne reste pas avec ce malade mental qui veut me faire passer pour un incapable. C’est un total manque de respect ». Alors qu’il aurait pu poireauter jusqu’à ce qu’Hyballa s’en aille et percevoir son salaire. Il n’a pas choisi la facilité. Et c’est tout, absolument tout, sauf une rupture de contrat unilatérale.
Et maintenant ?
Nous avons reçu des offres de D1 roumaine ou lettone, mais ce n’est pas la priorité de Tim. Puisqu’il est libre, il peut signer à tout moment dans plein d’endroits différents. On cherche. Et en attendant, il va s’entraîner au Progrès, pour garder la forme. Ce sera peut-être un mal pour un bien.
Entretien avec Julien Mollereau