Trois joueurs ont été testés positifs lundi au Fola. Sébastien Grandjean, l’entraîneur, fait le point.
Alors que le Fola devait recevoir mardi soir Pétange pour son premier match amical à domicile, la nouvelle que trois joueurs avaient été testés positifs au Covid-19, tests pratiqués lundi, s’est répandue à vitesse grand V durant l’après-midi. Sébastien Grandjean, l’entraîneur du club, joint mardi soir, fait le point.
Confirmez-vous que trois joueurs ont été testés positifs au Covid-19 ?
Sébastien Grandjean : C’est exact. Les tests ont été réalisés lundi dans le cadre du protocole que nous suivons. Lorsque nous avons appris la nouvelle, ça nous a un peu coupé le souffle, mais il ne faut pas non plus dramatiser et je vais insister là-dessus. Les trois joueurs concernés sont asymptomatiques. Alors, oui, on a été surpris, car nous sommes sérieux en ce qui concerne la prévention. Tout le club, et pas seulement le staff médical, a fait très attention. Nous appliquons les gestes barrières, le port du masque dans les endroits clos et lors des transports. Nous prenons vraiment beaucoup de précautions. Les tests effectués jeudi étaient négatifs vendredi et samedi on est allé jouer un match amical à Charleroi (perdu sur le score de 1-2). Vu les précautions prises, on peut se demander comment on se retrouve avec trois joueurs positifs… Est-ce le fait qu’on se trouve dans la région d’Esch-sur-Alzette où il y a le plus de cas positifs en ce moment?
Ça fait peur pour le championnat et le reste
Vous vous posez beaucoup de questions ?
Oui, forcément. On a tous une vie à côté du sport. Une professionnelle et une vie familiale. On croise fatalement des gens. Plus on croise de personnes et plus il y a des risques. Et malheureusement, on se retrouve avec ces trois cas positifs. C’est clair que ce n’est pas la meilleure des nouvelles, mais on va faire face. On vient de faire cinq semaines de préparation et on avait prévu de faire un petit break, on va dire que le break tombe bien. On se retrouve à une trentaine de personnes en quarantaine pour sept jours. On ira faire un nouveau test vendredi matin. Si on n’a pas d’autres cas positifs vendredi matin, ce sera donc trois cas isolés. Voilà la situation.
Quel message avez-vous passé aux joueurs ?
Nous avons fait un débriefing du match (contre Charleroi), mais on a aussi parlé de cette situation. On en connaît tous les tenants et les aboutissants, mais il s’agit d’une situation nouvelle. Même les scientifiques ont du mal à s’y retrouver, alors ce n’est pas nous, des personnes lambda, qui sommes capables d’avoir des explications. La seule solution, elle serait simple, c’est le confinement, que tout le monde reste chez soi ou dans sa chambre. Mais ce n’est pas celle qui est préconisée, on nous permet de jouer au foot, on le fait. En prenant mille précautions. Ce n’est plus une question de hiérarchie. Nous sommes des hommes, on discute entre nous et on prend des décisions. On a décidé de ne pas faire d’entraînement et on a annulé le match prévu ce mardi soir contre Pétange. Et on essaie de gérer au mieux une situation difficilement gérable, tant que nous n’avons pas tous les éléments de façon claire et nette dans les mains. Même le gouvernement, qui gère bien les choses, a des difficultés.
Tout ceci doit faire un peu peur avant la reprise du championnat prévue le 23 août ?
Oui, ça fait peur pour le championnat et le reste. En tant que sportifs et personnes jeunes, le monde du foot peut avoir un peu moins de craintes. Mais on a tous des parents et des grands-parents. On connaît tous des personnes un peu plus vulnérables. Avant de penser à nous, on pense à eux. Parce que nos trois joueurs positifs, ils n’ont rien. Pas de fièvre, pas de toux. Rien ! Ils sont totalement asymptomatiques, comme 90 % des gens testés positifs actuellement. Si on prend un peu de hauteur, c’est un peu comme la grippe en plus fort. Ça traîne, des personnes ont des symptômes, d’autres aucun symptôme. Mais cela fait des morts et c’est bien plus spectaculaire que la grippe. Ce n’est pas facile à vivre et je l’ai dit aux joueurs, on doit apprendre à vivre avec ça. Pas seulement nous. Toute la population doit apprendre à vivre avec ça. On doit mettre les masques, etc.
Ces masques, vous les portiez durant votre trajet jusqu’à Charleroi samedi ?
Oui, oui, c’est clair. On a fait le voyage avec les masques. C’est pour ça qu’on est tombés des nues. On avait pris toutes les précautions. Tout le monde était négatif au départ. Chacun boit dans sa bouteille. Le vestiaire, on l’a d’abord séparé en deux pour que les onze qui jouaient au départ soient espacés, et laissent ensuite la place à ceux qui allaient entrés ensuite. Plus, on peut pas, je pense.
En tant que professionnel de la santé, je pense que c’est inévitable et je pense même qu’on ne sera pas les seuls !
Vous avez prévenu l’équipe de Charleroi ?
Oui, j’ai eu au téléphone le secrétaire qui m’avait transmis un message. Je l’ai évidemment mis au courant de la situation. Ça pend au nez de tout le monde, que dire de plus.
De votre côté, votre activité professionnelle de kinésithérapeute est entre parenthèses ?
Comme j’avais justement prévu des congés, cela n’affecte pas mon activité professionnelle. Cela tombait bien. Habituellement, j’effectue mes soins avec le masque et j’ai été testé négatif pour la septième fois. Comme toute l’équipe. On ne peut pas dire que nous sommes négligents. Mais malgré tout ça, ça nous arrive. En tant que professionnel de la santé, je pense que c’est inévitable et je pense même qu’on ne sera pas les seuls ! C’est normal que le virus se répande. Mais tant qu’on n’a pas de vrai vaccin capable de le stopper, on doit être capable de vivre avec ce risque. Et faire attention aux plus fables.
En ce qui concerne la Ligue des champions, cela change-t-il les choses ?
C’est le 18 ou le 19 août et le tirage est prévu le 9 août. D’ici là, on sera encore testés tous les quatre jours et on va continuer à s’entraîner à l’issue de cette quarantaine. Il n’y a pas péril en la demeure. Trois joueurs sont concernés, nous en avons 31. Nous ne sommes pas sans rien. On jouera avec des garçons négatifs et s’il faut jouer avec des jeunes, on jouera avec des jeunes. On en a beaucoup, ce n’est pas un problème. Ils ont encore prouvé contre Charleroi qu’ils tenaient la route, ils sont costauds. Bien sûr, hier (lundi), tous les joueurs ont eu un choc quand ils ont appris la nouvelle. On a fait du bon boulot, je sens que tout le monde est dans le projet, tout le monde mort bien. Je sens une excellente dynamique. Mais, évidemment, ce qui nous arrive sape un peu le moral. C’est pour ça que ces quelques jours de congé vont nous permettre de repartir du bon pied si au prochain test on est tous négatifs. Il faut imaginer que ce n’est pas facile à vivre avec toujours ce même problème. Et l’autre souci, c’est que ça a des répercussions professionnelles pour tout le monde, car nous sommes amateurs, pas professionnels. Ici tout le monde travaille.
Pour finir avec le sport, quels enseignements avez-vous tiré du match contre Charleroi ?
On est battus 2-1, mais on mène 0-1 jusqu’à la 85e minute de jeu. On a fait vraiment une excellente prestation, contrairement à ce que la presse belge a relaté. Ils disent qu’on a été bons, mais je trouve que nous avons été plus que bons par rapport à Charleroi. C’est même l’avis de leur entraîneur, Karim Belhocine. On était bien en place. On avait une bonne agressivité, une bonne dynamique. Tout le monde a bien couru, j’ai vu des garçons très impliqués dans le respect et c’était très intéressant.
Entretien avec Denis Bastien
D’autres cas au pays
Le Fola n’est assurément pas le seul club luxembourgeois concerné. Il apparaît qu’un joueur a été testé positif fin juin à Etzella. Par précaution, ce sont plusieurs joueurs qui avaient alors été mis en quarantaine. Aujourd’hui, tout est rentré dans l’ordre et bien sûr les tests se poursuivent, tous les quatre jours.
Par ailleurs, un entraîneur, à Mertzig (D1), vient d’être également testé positif au Covid-19.
D. B.