L’ancien joueur de l’OM Joakim Kada a fêté sa grande première avec le RFCU d’un doublé sur la pelouse de Käerjeng (0-5). Ses visées sont monumentales.
Le défenseur central de 20 ans a frappé d’entrée un très grand coup le week-end dernier. On devrait être habitué : avec Trani à Differdange, Bacconnier ou Perez à Strassen, la cité phocéenne ne nous envoie que des cadors. Et celui-là, ravi de continuer à évoluer sous les mêmes couleurs bleu ciel et blanc, a des ambitions qui dépassent l’entendement.
Quand vous êtes arrivé au Racing, début août, il suffisait de filer sur le site de l’Olympique de Marseille pour découvrir ce qu’on pensait de vous dans votre ancien club. Il y était écrit « joueur de devoir« . En général, c’est ce qu’on dit des joueurs sérieux et impliqués mais un peu plus limités techniquement.
Joakim Kada : Ah mais si vous venez me voir, vous ne serez pas déçu : j’aime jouer, chercher la passe entre les lignes. C’est comme ça qu’on nous a appris à jouer à l’OM. Mais ma qualité première, oui, c’est d’être fort dans les duels. J’aime mettre de l’impact, mais je reste propre : je prends peu de jaunes et je n’ai jamais pris de rouge. Je pense qu’ils ont écrit « joueur de devoir » parce que depuis mon arrivée, à 16 ans, j’ai été capitaine de chacune des équipes de l’OM dans lesquelles je suis passé. J’aime diriger. Un gars rugueux, mais surtout qui aime jouer.
Un gars qui a connu un démarrage en trombe avec deux buts dès son premier match de championnat de BGL Ligue.
Il ne pouvait pas y avoir meilleur scénario. Cela faisait un mois, juste de pouvoir jouer, que j’attendais ça parce que quand je suis arrivé, je n’avais pas du tout fait de préparation et qu’il a fallu tout ce temps. Le coach m’a préservé. Et puis il faut dire que je sortais d’une année très compliquée. Après cinq matches avec la réserve de l’OM, je me suis cassé le pied quand j’ai voulu dégager et qu’un adversaire a mis la semelle en avant. Et quand je suis revenu, en mars, j’ai eu un gros problème de famille. Heureusement, grâce à la sélection algérienne espoirs, j’ai pu faire le tournoi de Toulon, affronter la Colombie, les Comores, le Japon et l’Indonésie. Il y avait un gros niveau et beaucoup de clubs viennent voir ça.
Rester en équipe d’Algérie espoirs, c’est l’objectif individuel principal que vous allez poursuivre avec le RFCU?
Je ne voulais plus jouer en National 2. Trois ans que je faisais ça. Je voulais aller au niveau du dessus. Désormais, en sélection, le plus important, c’est de se qualifier pour la Coupe d’Afrique des nations. Les qualifications, en tout cas le 2e tour qui se joue en matches aller-retour contre le vainqueur du match Éthiopie – Congo, se jouent en octobre. J’espère que le club acceptera de me libérer parce que ce ne sont pas des dates officielles. Mais je veux vraiment y participer. Le vainqueur va au 3e tour et s’il passe, il file à la CAN. Là, notre objectif sera d’atteindre au moins les demi-finales parce que si on rentre dans le dernier carré, alors on ira aux Jeux olympiques. Et c’est ça mon objectif : faire des saisons pleines et aller aux JO-2024. En plus, ils seront à Paris, alors…
Pour ça, il faudra s’adapter à la DN et à son environnement.
Ce n’est pas dépaysant. La N2 française, vous savez, c’est la même chose. Sauf qu’ici, les pelouses sont belles. Ce ne sont pas des trucs injouables. Je me sens bien ici. J’ai 20 ans et partir pour voir autre chose, je n’attendais que ça.
Avec Sampaoli, j’ai appris à être serein
Que vous a-t-il manqué pour passer pro et fouler la pelouse du Vélodrome?
À Marseille, c’est compliqué, même si tu as le niveau. En fait, c’est tout simplement trop dur. Ces cinq dernières saisons, seuls deux joueurs issus du centre de formation ont vraiment percé à l’OM. Vous vous rendez compte? C’est juste que c’est la politique du club qui veut ça : il y a trop de pression du résultat. Ils ont peur de lancer des jeunes. Surtout, ils n’ont pas le temps.
Cela ne vous a pas empêché de faire la préparation avec l’équipe première, à l’été 2021. Quels souvenirs en gardez-vous?
Dimitri Payet, techniquement, c’est énorme. Il y avait aussi un jeune de chez nous, un de ceux qui ont percé, Boubakar Kamara. Lui comprenait mieux que personne ce que cela signifiait pour un jeune Marseillais de se retrouver là. Il s’appliquait à nous mettre à l’aise. C’est un bon gars. Sinon, l’enseignement majeur est venu des attaquants et de leur niveau technique : leurs remises sont claquées, elles sont précises, leurs déplacements sont impressionnants, toujours au bon moment. C’est incomparable avec la BGL Ligue. Avec Sampaoli et ses adjoints, j’ai appris beaucoup de choses. Et notamment à être serein. Si un défenseur ne l’est pas, ça ne sert à rien de venir jouer. J’ai aussi appris à mettre du rythme dans tout, à tout faire à fond, à être précis, à être rigoureux.