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[Football féminin] Les dames méritent-elles le grand stade ?


(Photo : Luis Mangorrinha)

La finale de la Coupe des dames, a priori, ne se déroulera pas (encore) au stade de Luxembourg. La FLF raterait-elle alors une occasion d’écrire l’histoire ?

Cette année, la Coupe des dames fêtes ses 20 ans. C’est un heureux hasard, qui coïncide avec la superbe première campagne de la sélection nationale en éliminatoires du Mondial-2023. Elle fait dire, au vu de l’intérêt croissant porté aux Lionnes, qu’on se trouve peut-être à un nœud de l’histoire dont il serait bienvenu de faire un virage complet. D’où cette question, parce que le symbole serait fort : ne faudrait-il pas que la finale de la Coupe des dames se joue, enfin, au stade national?

Depuis la finale 2013 et un nombre de spectateurs assez parlant dans le mauvais sens du terme (353 personnes seulement avaient assisté à Junglinster – Progrès, au stade François-Trausch de Mamer), on n’est plus descendu sous la barre des 700 personnes pour cet événement encore à qualifier «de niche». Record : 1 061 spectateurs en 2017. Dernière édition, il y a deux ans pour cause de covid : 930 spectateurs.

Faut-il surfer sur la vague?

Ces considérations sont aujourd’hui au cœur même des tergiversations qui agitent le microcosme du foot féminin. Peut-on prétendre au stade de Luxembourg avec de telles affluences? Si la FLF a bien du mal à estimer très concrètement à combien lui revient l’utilisation de cet outil, tant ses besoins en ouverture de buvettes, de stewards ou d’agents de sécurité varient d’un événement à l’autre.

Mais c’est une évidence : ouvrir son nouveau bijou pour moins d’un millier de spectateurs ne serait pas du tout rentable et ne relèverait que de l’opération promotionnelle et d’une volonté de traiter égalitairement hommes et femmes.

La joueuse-journaliste du RFCU Betty Noël, impliquée dans la promotion de son sport, soucieuse de cette égalité, souligne ainsi que cette question travaille fortement le microcosme : «Je n’irais pas jusqu’à utiliser le mot « discrimination », mais on peut parler de « différence », ça c’est certain. Pourquoi les hommes ont-ils droit au beau stade et pas nous? C’est comme ça qu’on le vit. Et vu la façon dont on parle désormais du foot féminin grâce à sa sélection, c’est dommage de ne pas surfer sur la vague.»

Son RFCU n’était mercredi après-midi pas encore assuré d’y être. Le Junglinster du coach Claudio Matos non plus. Pourtant il a déjà eu le temps de tomber de haut depuis sa prise de fonction, en début d’année : «Mon premier discours aux joueuses a été pour leur dire que l’objectif, c’était de se qualifier pour la finale de la Coupe et d’aller fouler la pelouse du stade national. Y jouer, ce serait faire un immense pas en avant pour tout le football féminin. Ne pas le faire, ce serait faire un pas en arrière. Et vu le bon boulot que la FLF fait avec les dames, ce serait dommage.»

Pourquoi pas en lever de rideau?

D’ailleurs, l’argument du public pourrait se résoudre assez facilement. Si sur ses trois dernières éditions, la Coupe masculine navigue aux alentours des 3 000 spectateurs de moyenne, les dames autant que les entraîneurs des juniors qui rêveraient de voir la Coupe du Prince faire l’ouverture de la finale de la Coupe, vendent chacun de leur côté le concept d’une «après-midi commune».

«Pourquoi pas un lever de rideau pour regrouper les deux publics?, réclame ainsi Betty Noël. Est-ce trop Bisounours comme question? Ce serait tirer parti du public de l’un pour faire la promotion de l’autre!» Et ça marcherait dans les deux sens.

Mais ce serait faire fi d’un particularisme très luxembourgeois : l’attribution des matches-phares (les «petites» finales, les barrages, les sélections jeunes…) à des clubs très demandeurs de ce genre d’événements. Dans cette période d’après-covid, c’est même une petite bouteille d’oxygène financière.

La question de la visibilité

«Nous, on a été très tôt demandeurs dans le cadre des 25 ans du club», alerte Jim Thomas, président de l’UN Käerjeng, qui vient de servir d’hôte à la finale de la Coupe du Prince entre le RFCU et Pétange. «Oh ce n’est pas une recette énorme. Je dirais moins de 5 000 euros – surtout que seule la buvette est pour nous. La billetterie, c’est pour les deux finalistes et la fédération. Mais c’est aussi une visibilité pour nos sponsors, pour nos installations. On aurait bien aimé en avoir un autre cette année d’ailleurs!»

Les dames sont-elles ainsi sacrifiées, comme les sélections jeunes, les divisions inférieures… sur l’autel de la nécessité de faire venir le barnum un peu partout dans le pays? Selon nos informations, certains clubs se seraient en tout cas renseignés sur l’opportunité de jouer les barrages, véritables grand-messes très courues de fin de saison, au stade national. On leur aurait dit non.

Ces dernières années, la finale de la Coupe des dames a ainsi visité Hesperange, Rumelange, Junglinster, Bascharage, Beggen, Grevenmacher… Et cette année?