Après avoir été à l’arrêt pendant 15 jours à cause du Covid-19 et des 17 cas positifs dans son club, Danel Sinani a repris le chemin des terrains lundi. Et espère rejouer dès ce week-end.
Depuis qu’il a inscrit le but de la victoire face au Monténégro le 13 octobre dernier, Danel Sinani (23 ans) n’a plus foulé le gazon d’un terrain de foot jusqu’à lundi. Et la reprise des entraînements dans son club de Waasland-Beveren. Un de ceux qui ont été le plus touché par la deuxième vague de l’épidémie de coronavirus. En fin de semaine dernière, on recensait ainsi 17 personnes touchées au club. Dont 14 joueurs du cadre.
Vous venez de vivre des jours assez particuliers avec Waasland-Beveren…
Danel Sinani : C’est sûr. Mais désormais, cela va déjà mieux puisqu’on a pu retrouver le chemin des terrains ce lundi. Du moins pour tous les joueurs qui ont été testés négatifs en fin de semaine dernière. Nous étions une quinzaine de joueurs présents. En attendant qu’on connaisse les résultats du dernier test que nous avons effectué lundi. On espère bien évidemment que quelques-uns des 14 joueurs contaminés pourront reprendre. Mais en tout cas, cela fait du bien de pouvoir retrouver le gazon après pratiquement deux semaines d’absence. Et d’en terminer avec les entraînements individuels.
Vous étiez encore avec la sélection nationale lorsqu’on a appris que 7 joueurs de votre équipe étaient contaminés. Puis on est passés à 9 et enfin à 14. Quelle a été votre première réaction à tout ça?
J’ai été choqué. Comme je l’ai été aussi de voir ce chiffre gonfler de jour en jour. Lorsque j’ai appris qu’il y avait autant de personnes touchées, j’ai contacté le club. Parce que je ne voulais pas risquer de l’être à mon tour en revenant au club. Et de devoir passer deux semaines à la maison. Tout ce qui arrive est quand même dommage. Cela freine le développement de l’équipe, cela lui fait perdre le rythme aussi. S’entraîner individuellement, cela n’a rien d’idéal. Personnellement, je peux même dire que cela m’ennuie.
Et comment se passaient ces entraînements individuels? Vous aviez chacun une webcam qui vous permettait de vous voir l’un l’autre? Comme c’était le cas de Tim Hall lorsqu’il a connu le même genre de situation à Gil Vicente…
Non, il n’y avait pas de webcam. Simplement un planning personnel qui nous avait été fourni par le préparateur physique de l’équipe. Avec l’obligation de mettre en ligne les données de son GPS après chaque séance. Ainsi, le staff pouvait contrôler que tout le monde avait bien suivi les instructions qui avaient été données.
Waasland-Beveren a déjà vu deux de ses rencontres (face à Ostende et Charleroi) reportées en raison des nombreuses absences. Et le risque existe toujours qu’il en soit de même le prochain week-end, pour la réception de La Gantoise. Le règlement belge prévoit qu’on peut faire remettre un match à partir de 7 joueurs positifs au Covid-19…
C’est possible, oui. Mais si cela devait être le cas, cela compliquerait beaucoup notre situation pour la suite de la saison. On est actuellement la seule équipe à avoir deux matches de retard sur la plupart des autres clubs de la D1A. Si on passait à trois, c’est tout notre calendrier qui deviendrait très compliqué… On espère donc vraiment qu’il y aura beaucoup de joueurs qui redeviendront négatifs cette semaine.
Quand on connaît la forme que vous aviez avec la sélection nationale lors des rendez-vous face à Chypre (deux buts) et au Monténégro (un but). Vous devez être frustré de ne pas avoir pu surfer sur cette vague-là en club. Vous auriez pu faire mal en D1 belge…
Quand on est freiné dans une bonne dynamique, c’est forcément toujours frustrant. Après, il faut savoir être lucide. Tout le monde répète depuis longtemps, et à juste titre, que dans la situation actuelle, c’est la santé le plus important. Donc, il faut faire avec. J’ai donc tout fait pour rester le mieux possible sur le plan physique. Mais j’avoue que retoucher le ballon a été une sorte de libération.
Avec tout ça, on ne vous a pas demandé comment vous vous sentez depuis votre arrivée dans ce club de Waasland-Beveren.
Je m’y sens bien. Au début, ce n’est jamais simple de débarquer dans un club avec une nouvelle structure. D’autant que j’avais dû quitter Norwich City du jour au lendemain. Ce qui n’a pas été facile pour moi… Après, en Belgique, la langue n’a pas été un souci. Et au niveau de l’équipe, vu les renforts qui ont débarqué plus ou moins en même temps que moi, on a de quoi mettre une belle formation sur le terrain. Avec de la qualité et de l’expérience. Je pense qu’on l’a prouvé lors de notre match face à Genk (NDLR : 1-1 mais WB a dominé la rencontre) juste avant le rassemblement de la sélection. C’était très positif pour la suite.
Comment s’est passé exactement votre départ de Norwich? On avait entendu que le club anglais voulait se séparer de certains joueurs, mais, n’ayant pas réussi à le faire, les avait finalement conservés. Les faisant jouer pour les mettre en vitrine…
Il y a de ça, oui. C’était une situation compliquée. Des joueurs devaient effectivement partir, mais n’ont pas trouvé de porte de sortie avant la fin du mercato. Norwich s’est donc retrouvé avec beaucoup de joueurs sur les bras. Et d’ailleurs, si vous y jetez un œil, vous verrez qu’il y a pas mal d’éléments qui ont été libérés et ont été prêtés. Le club de Beveren a téléphoné pour obtenir mon prêt. Et cela a été accepté. Afin que je puisse avoir davantage de temps de jeu et livrer une saison complète à un bon niveau.
Vous avez été déçu de cette situation, de ne pas pouvoir jouer dans le club qui venait de vous transférer? Alors que vous aviez livré une bonne préparation…
Déçu non. Je dirais plutôt surpris. Car c’est vrai que l’avant-saison s’était bien déroulée. J’avais marqué et fait marquer. J’ai été surpris qu’on me parle d’un prêt. Je voulais rester. Et si je l’avais fait, je pense que j’aurais eu un peu de temps de jeu. Après, il faut savoir respecter les choix du staff. Le coach est venu me parler. « On doit vendre ces joueurs-là », m’a-t-il dit. « Peut-être que tu joueras, mais cela risque de durer avant que cela soit le cas. » Bref, c’était mieux d’envisager ce prêt. C’était la meilleure solution. Parce que passer une saison sans beaucoup jouer…
On suppose que vous regardez tous les matches de Norwich…
Presque tous, oui. Évidemment, cela me fait envie. Comme de voir le match entre Waasland-Beveren et Anderlecht sans pouvoir y participer m’a donné envie. Je me dis juste que je vais tout faire pour tenter d’être sur la pelouse avec Norwich lors de la prochaine campagne.
Vous disiez que c’est Beveren qui a contacté Norwich pour obtenir votre prêt. Vous savez comment ils ont pensé à vous?
Le président, Dirk Huyck, me connaissait. Parce que ce club-là était aussi intéressé par mes services l’été dernier. Et le nouveau directeur sportif espagnol, Miguel Torrecilla, m’a dit qu’il me connaissait également. Qu’il m’avait vu à l’œuvre en Europa League ces deux dernières années avec Dudelange face aux deux clubs de Séville. C’est lui qui a pris contact avec Norwich…
Entretien avec Julien Carette