En l’emportant à Bakou ce jeudi soir dans les éliminatoires-2022, contre la lanterne rouge du groupe A, les hommes de Luc Holtz s’assureraient la troisième place. Ce serait historique.
Le Grand-Duché n’est pas encore tout à fait taillé pour les grandes conquêtes – et peut-être ne le sera-t-il jamais –, mais il a le droit de s’inventer les moments de gloire qu’il veut sans que d’autres se piquent de le faire pour lui. Le mois dernier, à notre immense surprise, la presse portugaise a jugé utile de dire que non, le Luxembourg ne pouvait plus prétendre à se qualifier pour la Coupe du monde au Qatar. On ne savait même pas qu’il postulait.
Alors si cela ressemble déjà à une consécration de s’entendre répertorier dans la catégorie des nouveaux prédateurs, une autre surprise pourrait naître à Bakou, aux confins de l’Asie sans que quiconque en Europe en garde la trace tant cela n’intéresse que l’orgueil local : en cas de victoire, les Roud Léiwen auraient la certitude de terminer troisièmes de leur groupe. Ce qui serait historique. On n’en tirerait rien de concret, mais l’abstrait, quand on regarde où en était le pays il y a 20 ans, ce n’est finalement pas si mal.
Il y a de petits marqueurs, comme ça, qui valent la peine d’être appréciés à leur juste valeur. Un peu comme quand, ces dernières années, le Luxembourg a arrêté de terminer systématiquement à la dernière place de ses campagnes éliminatoires. Ou comme quand il a enfin symboliquement (et durablement) réintégré le top 100 des meilleures nations au classement de la FIFA.
Presque autant que les résultats, ce genre de petits instants marquent une génération et ses progressions. C’est de cela qu’il sera question au stade Olympique, avant de recevoir l’Irlande dimanche. Gagner pour refermer le cercueil du groupe A au-dessus de l’Azerbaïdjan, donc, mais aussi des Irlandais, 50e mondiaux, avant qu’ils ne viennent présenter leurs hommages au stade de Luxembourg, dimanche.
Invaincus depuis huit ans
L’Azerbaïdjan commence à tenir une place un peu à part dans le cœur du supporter luxembourgeois. Voilà une nation contre laquelle les Roud Léiwen refusent en effet de perdre. Depuis une défaite en amical en mars 2010 (1-2), cinq matches officiels se sont succédé sans qu’il parvienne à lui arracher plus d’un point.
Ces huit dernières années, Holtz et ses hommes présentent un bilan excédentaire de 2 victoires et trois nuls. Pas suffisant pour se présenter sur la pelouse dans le costume de favori, assure Laurent Jans dans l’interview qu’il nous a accordée, mais assez pour y croire en grand.
À l’aller, pour la grande première de la nouvelle enceinte de Kockelscheuer, il faudra se rappeler que c’est en agressant les hommes de Giovanni De Biasi que ceux de Luc Holtz avaient inauguré avec férocité leur nouvel antre. Ne pas oublier non plus de se souvenir qu’en deuxième période, c’est un curieux laisser-aller qui avait fait peser une menace sur un résultat qu’on pensait acquis, tant le gouffre entre les deux formations semblait infranchissable.
Pour disputer cette partie comme elle doit l’être, il faudra également taire les frustrations d’une campagne émaillée, de nouveau, de tout un tas d’approximations arbitrales qui titillent notre sentiment d’injustice, mais aussi d’un calendrier qui a donné l’impression de ne pas donner toutes ses chances au Luxembourg.
Ce jeudi soir, encore une fois, cette génération qui a déjà raté deux fois la marche menant à une qualification en Nations League n’écrira pas l’histoire, mais elle pourrait écrire la sienne, qui ne cessera d’être petite et anonyme que quand elle commencera enfin à se mêler des affaires des grands.
Julien Mollereau
Ce jeudi soir, 18 h : Azerbaïdjan – Luxembourg; 20 h 45 : Irlande – Portugal.