L’annulation attendue de la 11e journée a conduit la DN à une quasi-impasse au niveau du calendrier.
On ne va pas dire que la situation est catastrophique, elle l’est déjà depuis longtemps. C’est juste qu’aujourd’hui, elle est un peu plus compliquée et que cela pourrait – ou devrait – entraîner de légères modifications dans le plan de bataille de la FLF, que ce soit à court, moyen ou long terme. Cela fait quand même dix-huit matches (non joués) qu’on aurait déjà dû reprendre en cette année 2021. Mais le bilan est implacable : journée 10, reportée pour défaut de décision acceptable par le reste de la société concernant les tests antigéniques. Journée 1, en retard, reportée pour raisons météorologiques. Journée 11, aussi, depuis vendredi après-midi, la fédération faisant les choses selon le vœu des clubs, c’est-à-dire suffisamment en avance pour que les dirigeants n’aient pas à se réorganiser en dernière minute.
Il faut dire que même en retard sur le calendrier, l’administration mondercangeoise n’a même plus le loisir de prendre son temps pour s’assurer de la jouabilité des terrains. Patienter jusqu’à dimanche après-midi en croisant les doigts aurait été de bonne guerre, mais il faut désormais compter avec une autre variable : les tests. La plupart des clubs avaient prévu en effet de passer leurs joueurs au détecteur de Covid dès vendredi soir et vu la façon dont la société civile se positionne à l’heure actuelle vis-à-vis du football, un gaspillage de tests rapides serait peut-être mal passé après que plus d’une centaine de joueurs et membres de staff se sont fait tester en pure perte mardi soir, pour des matches en retard… annulés le lendemain. «Qu’aurait dit la population si on avait recommencé ?, s’interroge Henri Bossi, l’entraîneur de l’US Hostert. Sinon, ces tests, autant les garder pour aller au restaurant…»
De ce point de vue, la BGL Ligue se scinde lentement mais sûrement en deux catégories. Ceux qui estiment qu’on ne pourra pas aller au bout de cette saison d’un côté et de l’autre ceux… qui s’en doutent. La frontière est mince mais il n’y a à l’heure actuelle plus beaucoup d’espace d’expression pour les motivés (acharnés ?) comme Paolo Amodio, le coach de Differdange, soucieux de «tout jouer à fond. Oui il y aura des blessés et sûrement même des cas de Covid, mais laissons leur place aux juniors, intégrons-les. On nous fait la faveur de pouvoir encore jouer, alors disputons le maximum de matches possibles».
[C’est la ligne directrice que Paul Philipp a défendue devant les clubs avant la reprise déjà trois fois reportée. Le président de la fédération, malgré ses bonnes intentions, va avoir de plus en plus de mal à vendre le concept à son élite, comme l’assure Neil Pattison, à Etzella : «Mais beaucoup de clubs ne veulent même plus jouer du tout! Entre ce qui se dit en interne et ce qui se dit à l’extérieur, il y a un monde!». C’est une autre manière de dire que les clubs sont bien plus à l’agonie financièrement que ne le dit parfois leur mercato et que certains ne seraient pas contre s’économiser deux à trois mois de salaires en finissant après quinze journées, soit le minimum fixé par Mondercange pour valider la saison et fixer les positions.
Techniquement, c’est encore possible de finir ce championnat. Mais physiquement ?
Bon, techniquement, c’est encore possible de finir ce championnat. Mais physiquement ? Il faut quand même être bien tordu pour imaginer que cela se fera facilement. Concrètement, il reste 14 week-ends d’ici au 30 mai et… 21 journées à jouer, sans compter les matches en retard (il en reste, par exemple, 23 au Progrès). Cinq mercredis étaient déjà occupés par des journées complètes avant même les premiers reports, il faudra en rajouter deux de plus. On en est donc, au bas mot, à sept d’ici au 30 mai, huit pour les équipes en retard, neuf pour le Progrès Niederkorn.
Ils sont plusieurs, les entraîneurs, à avoir déjà tiré la sonnette d’alarme, depuis des semaines, sur le danger des cadences infernales et, alors, on n’en était pas encore à ce calendrier démentiel qui s’annonce. Là, nous voilà théoriquement partis pour une bonne dose de blessures et surtout de questionnements d’importance. Le premier, et non des moindres : est-il VRAIMENT possible d’aller au bout de cette saison ? Certains craignent déjà que par souci de jouer pour jouer (ce qui peut se comprendre, en termes d’envie), la BGL Ligue aille au-delà de la 15e journée en sachant très bien qu’elle ne pourra pas boucler le championnat et que cela introduise une certaine dose d’illégitimité du classement. Ne s’irriterait-on pas, en effet, de voir un concurrent direct avoir un calendrier bien moins compliqué que le sien juste avant que cela ne s’arrête?
Bref, à un moment, il faudra reprendre une décision forte. Celle de confirmer qu’on joue aussi longtemps que possible, avec les critiques que cela ne manquera pas de susciter. Ou celle de dire que l’on coupe définitivement après quinze rencontres et la fin des matches allers, quitte à introduire, dans la foulée, un système différent de play-offs pour meubler un peu cette saison encore une fois hors norme.
Julien Mollereau