Flavio Becca, sponsor principal du club hesperangeois, voit encore un peu sa patte dans la réussite actuelle de Dudelange. Et admet que le Swift n’est pas encore tout à fait là où il devrait. Avant le choc de dimanche, interview qui décape.
Alors que son ancien club du F91 renvoie depuis le début de la saison une impression de puissance assez difficile à contrecarrer et que son nouveau club du Swift continue de tâtonner et joue déjà gros ce week-end, Flavio Becca nous a accordé une interview lors de laquelle il use de son franc-parler habituel et l’avoue : il est «content» pour Dudelange.
On a l’impression que cela va mieux au Swift depuis quelques semaines. On se trompe ?
Flavio Becca : Je ne sais pas trop. Les résultats, en tout cas, y sont, mais maintenant, il faut aussi commencer à remporter les gros duels. Contre le Progrès (NDLR : le 17 octobre, 1-1), on aurait pu, mais on a carrément été volés. En général, on vit avec ce genre de choses au pays, surtout les clubs dans lesquels je suis : on nous annule des buts qu’on marque, on ne nous accorde pas des penalties flagrants, on en accorde des imaginaires aux autres… Et là ça continue, on continue de se faire avoir.
Vos joueurs vous font-ils plaisir ?
On a une équipe avec beaucoup de jeunes et je constate que certains se sont dit que puisqu’ils venaient du monde pro, ce serait facile, pas besoin de s’entraîner à fond. Ils ont pris ça à la légère. Et certains commencent à faire les calculs : en se préparant mal, ils se sont retrouvés dans le noyau B. Ils ont du mal à comprendre pourquoi ils en sont là. La réponse, c’est parce qu’ils sont trop gâtés.
Que pensez-vous du boulot abattu par le duo Parisi-Crasson ?
Ils font du bon travail malgré cette règle des quatre transférés, des premières licences qu’on continue de nous imposer… Mais d’autres clubs commencent sérieusement à se fâcher à ce sujet (lire ci-dessous).
Le titre, selon vous, c’est encore largement envisageable malgré le niveau très relevé de la concurrence ?
Tel qu’est le championnat, tout est encore possible! Pour tout le monde! Et cela peut aller très vite. Alors forcément, à ce moment de la saison, j’aurais préféré être à la place du F91, en tête, mais en même temps, je ne suis pas surpris qu’ils soient là. Après tout, c’est moi qui leur avais proposé, avant de partir, de prendre ce coach (NDLR : Carlos Fangueiro) qui fait du bon boulot. C’est moi qui l’ai mis en place et je vois que je ne me suis pas trompé. Ils ont aussi des joueurs que j’aurais bien aimé récupérer, mais bon, il y a des contrats…
Fangueiro, c’est moi qui l’ai mis en place et je vois que je ne me suis pas trompé
Visiblement, vous avez laissé un club en excellent état de fonctionnement, qui tourne même sans votre sponsoring. Vous les attendiez aussi compétitifs, un an et demi plus tard ?
Oh je ne suis pas rancunier. C’était important de laisser le club dans un état sain et qui lui permette de continuer à être performant. En vrai, je suis content de leur réussite. Après, nous, on a été énormément perturbés par la pandémie. Toute notre préparation, toute notre organisation, tout le développement du club ont été ralentis à cause du covid. On partait vraiment de très loin, il n’y avait rien au Swift. Vraiment rien!
Le choc de dimanche, il est spécial pour vous ?
Ça ne me fait ni chaud ni froid. C’est des amis. Maintenant, si on peut les battre, même 1-0, ces trois points relanceraient bien tout le championnat.
Vous aviez quitté Dudelange à cause des freins communaux mis à vos velléités de nouvelles infrastructures. Comment cela avance-t-il à Hesperange ?
Ça avance. Nous avons encore des réunions la semaine prochaine. Et pas que pour le stade, mais aussi pour nos plus de 400 jeunes.
Flavio Becca, déjà du temps du F91, n’était jamais en retard d’une pique sur les orientations politiques de la fédération. En général, c’est cependant Romain Schumacher qui se chargeait de pointer du doigt ce que son club estimait être des règlements hors-la-loi au regard du droit européen.
Vendredi, c’est le sponsor en personne qui est monté au front avec le Swift, s’appuyant sur le combat actuellement mené par l’Antwerp en Belgique. Ce dernier a saisi la Cour de justice de l’Union européenne après une victoire devant le tribunal de première instance francophone de Bruxelles, au sujet de ce que l’URBSFA appelle des «joueurs formés localement», qu’elle impose sous forme de quotas sur les feuilles de match. Soit plus ou moins le système mis en place par la FLF.
L’Antwerp y voit une entrave à la libre circulation des travailleurs et à la libre concurrence. Un nouvel arrêt Bosman dans 15 à 18 mois ? Apparemment, Flavio Becca n’est pas enclin à attendre, d’autant que les coaches de BGL Ligue s’insurgent de plus en plus souvent contre ces réglements qu’ils estiment datés.
Becca s’engouffre donc dans la brèche : «Ces réglements sont plus que problématiques. On vit encore trois siècles en arrière dans le football luxembourgeois. Si la FLF ne change pas très vite cette politique, alors nous, le Swift, on tracera notre chemin et on ira en justice. Soutien de la Ligue ou pas.»
Julien Mollereau
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