Niederkorn est qualifié (2-1 pour Cardiff) mais cela a été aussi difficile que tout ce qu’on pouvait craindre. Il a même été éliminé, l’espace de six minutes…
Treizième minute. Thill combine gentiment avec De Almeida dans le couloir gauche et il a beau lever la tête, il n’y a pas la place dans le bloc défensif gallois pour passer ne serait-ce qu’un crampon : les dix joueurs de champ alignés par Christian Edwards, fidèles à des décennies d’un English football qui n’a pas disparu dès qu’il s’agit de l’Europa League des «petits», sont dans leurs trente derniers mètres.
Pourquoi se priver d’être laid quand, après moins de 120 secondes, on a déjà fait son retard de l’aller à l’anglaise, c’est-à-dire en estropiant Hall dans un duel aérien puis en finissant le boulot de la tête au second poteau ? Bienvenue sur l’île, tout ce que le Progrès redoutait vient d’arriver. Il ne reste plus aux Gallois qu’à rester très bas et dégager loin.
La réponse de Roland Vrabec aux problèmes posés par l’absence de véritable n°9 a pris la forme du renvoi de Mayron De Almeida dans son couloir gauche puisque après une heure fantomatique en pointe à l’aller (pas sa faute, il faut dire), c’est de là qu’il avait surgi pour ouvrir le score.
Au point zéro dans l’axe, le technicien a confié la charge à Bah, malgré son jeune âge. Il ne pourra pas faire pire que De Almeida devant, mais De Almeida pourra faire bien mieux que lui sur le flanc, question d’expérience. Sur le papier, c’est logique. Sans doute la moins pire des solutions pour traiter le problème sans forcément le régler.
Dans l’animation, cela percute plus, cela accélère aussi un peu plus qu’une semaine plus tôt à l’approche de la surface. Mais les Niederkornois oublient peut-être que le seul moyen de faire désormais sortir les Gallois serait peut-être de tenter un peu plus sa chance à mi-distance.
Et d’un coup, tout devint «british»
Alors que son hôte se montre de moins en moins charmant, durcissant le jeu, voyant même son coach, Christian Edwards, bousculer tranquillement Skenderovic au moment de rentrer aux vestiaires dans une tentative d’intimidation un peu crasse, le Progrès n’a plus de doute à avoir : il est bien au Royaume-Uni et sa supériorité, dans cet environnement détestable si typique, ne lui garantit plus rien. Sa qualif, il devra l’arracher. Il en fait pourtant moins en seconde période, retrouvant le rythme (c’est-à-dire la torpeur) de l’aller.
Et l’invraisemblable se produit. La seule fois où Cardiff franchit la ligne médiane, il marque sur un penalty qui oscille entre la fantaisie pure et l’arnaque manifeste. Mené 2-0, le Progrès est éliminé. Il lui reste le talent à opposer à ce qui commence à ressembler à une faillite collective. Cela va le sauver. De Almeida surgit d’une sublime volée en pleine course (2-1, 75e) pour faire taire le Leckwith Stadium, qui commençait déjà à s’enflammer.
Niederkorn verra Cork, gérant sa fin de partie de manière plus «professionnelle» qu’il n’a organisé le siège de la surface de réparation de ces courageux universitaires, 180 minutes durant.
Ce qui l’attend la semaine prochaine en Irlande sera paradoxalement certainement plus facile à appréhender tactiquement que ce non-match qui lui a été proposé (deux fois). La première partie du contrat menant à Ibrox Park est remplie. Mal mais qui s’en souciera… C’est en survivant à cela, paraît-il, qu’on grandit.
A Cardiff, Julien Mollereau