COUPE DU MONDE À HEIDENHEIM Flavio Giannotte termine 12e de cet énorme rendez-vous mondial de l’escrime. Il a échoué d’un rien à se qualifier parmi les huit finalistes.
On le sait, Flavio Giannotte est un garçon pétri de talent. On ne bat pas comme cela par hasard un n° 1 mondial, un champion du monde ou un champion olympique. Mais l’épéiste luxembourgeois a parfois du mal à mettre en adéquation son talent et sa performance sur la piste. La faute, notamment, à un mental un peu trop friable.
Très émotif, parfois trop, il peut en effet avoir tendance à perdre ses nerfs et à sortir complètement d’un match. Ces derniers mois ont été compliqués pour le jeune homme, qui avait besoin d’une bonne compétition pour se relancer alors que la période de qualification pour les JO de Paris approche à grands pas. Et après s’être complètement loupé sur son premier gros rendez-vous de l’année, du côté de Doha, il espérait que Heidenheim, endroit mythique de la discipline, lui permettrait de se relancer.
« Cela fait des mois que je galère, que je ne suis pas dedans »
Pour cause de Coupe du monde par équipes samedi et de Coupe d’Europe des clubs le lendemain, la compétition avait débuté dès jeudi par les poules. Même s’il a dû se battre, il a réussi à remporter cinq de ses six assauts, ce qui lui a permis d’éviter le tour préliminaire de 256. Par la suite, il avait enchaîné avec deux victoires face à l’Italien Giacomo Paolini (15-12) puis en mort subite contre l’Espagnol Manuel Bargues (13-12) pour se hisser en tableau de 64 : «Dans la voiture, j’ai dit à Benoît (Omont, son coéquipier chez Escrime Sud) que le premier objectif, c’était de passer le deuxième jour. Cela fait des mois que je galère, que je ne suis pas dedans. Alors atteindre le deuxième jour, je serais content.»
Vendredi matin, il était donc sur la piste face au Suisse Elia Dagani, un adversaire qu’il a déjà battu. Et de quelle manière : «Je me méfie car au dernier match entre nous deux à Lausanne, j’avais gagné 15-3. Je ne veux pas y aller trop relax», confiait-il la veille de son match. Et effectivement, ce fut moins facile que lors de leur dernier affrontement puisqu’il ne l’emporte «que» 15-13 : «En fait, je me suis peut-être trop méfié. Je l’ai trop respecté, si bien que quand j’attaquais, je marquais et quand il attaquait, il marquait aussi. Mais j’ai réussi à me reprendre et à 10-10 j’ai fait la différence en mettant les touches les plus importantes. C’est dommage car si j’avais lâché les chevaux plus tôt, j’aurais pu tuer le match beaucoup plus tôt.»
Un instant de déconcentration qui coûte cher
Un succès qui lui ouvre donc les portes du tableau de 32. Où il va frôler la correctionnelle contre l’Autrichien Alexander Biro : «Je suis mené mais je ne m’affole pas. Je trouve la solution, je me remets dedans. Sur la dernière touche, j’ai vraiment de la chance. Je pars de trop loin, il me touche mais son épée ne fonctionne pas. Je me suis dit que c’était une chance incroyable et que je devais la saisir. Je me remets en garde, j’attends qu’il se rapproche et je lui mets une belle flèche.» Il l’emporte 10-9 et accède donc pour la première fois en Coupe du monde au Top 16.
Face à lui, le Suisse Alexis Bayard, 15e mondial. Où il sera tout près de réussir l’exploit : «Mais j’ai craqué mentalement. Pendant les deux jours, tant tactiquement que mentalement, j’ai été vraiment bien. Même quand j’étais mené, je ne m’affolais pas, je ne discutais pas les décisions des arbitres. Je pouvais me concentrer sur moi.»
« C’est mon meilleur résultat en Coupe du monde »
Dans ce match, il mènera même 12-10 avec quelques secondes restantes : «Je commets une erreur et je sors du match. C’est la première fois que ça m’arrive sur cette compétition. Je demande à un arbitre si la touche est bonne, ensuite je rate la touche, je râle et il égalise. J’étais ailleurs. Et ça ne pardonne pas. Et en mort subite, je fais une flèche au milieu de piste sur rien. Normalement, soit tu provoques une situation, soit tu la vois, mais je fais la faute. Alors que si je le fais partir, je mets la touche et c’est moi qui passe. C’est frustrant de savoir que tu es si proche d’une finale. Maintenant, bien sûr que j’aurais signé pour un tel résultat. Je termine 12e, c’est mon meilleur résultat en Coupe du monde. D’ailleurs, c’est un joli cadeau d’anniversaire pour Maurice (NDLR : son entraîneur) qui fête ses 73 ans. Et ça donne confiance pour la suite.»
La suite, c’est donc dès ce week-end. Samedi, il sera le chef de file de l’équipe luxembourgeoise, qui devrait être opposée au premier tour de la Coupe du monde par équipes nationales à l’Autriche : «Un match pas facile mais qu’on peut gagner» avant, en cas de victoire, d’affronter Israël, 9e nation au monde. Et le lendemain, il représentera Escrime Sud avec un apport de choix puisque le Belge Neisser Loyola, actuel 5e tireur au ranking, sera également de la partie : «On a vraiment une équipe pour faire quelque chose», se réjouit Flavio Giannotte. Qui se verrait bien poursuivre positivement sur cette belle lancée.