Le Quotidien Indépendant Luxembourgeois
Loin des clichés, Francisco Muñoz dispute, ce samedi (18h), les qualifications en ligne de l’Euro-2020 sur PES 2020.
Si vous pensez que le «gamer» apprécie le sucré-salé sans pour autant être un fin gourmet; que chips, boissons gazéifiées – utile aussi comme débouche tuyau – et barres chocolatées constituent la sain(t)e trilogie de son alimentation; et, enfin, que ses seules «virées» nocturnes le conduisent jusqu’au canapé du salon, vous êtes, désolé de vous le dire, victime de vos propres préjugés. Francisco Muñoz confirme : «Ça, c’est un cliché ! À haut niveau, l’hygiène de vie est primordiale. Personnellement, je fais du sport et j’ai une bonne alimentation.»
Protégé de Fabio De Aguiar, fondateur de 11F Luxembourg et agent de joueurs, le Luxembourgeois n’exclut pas, par contre, l’éventualité de s’entraîner parfois au clair de lune : «Pour progresser, il te faut affronter des gars plus forts que toi, qui te permettent de voir quelles sont tes failles, ce que tu dois améliorer. Et les meilleurs se connectent généralement à partir de 23h, et ce, pendant plusieurs heures…» Ce rythme est propre à deux catégories de joueurs : les étudiants et les professionnels. La nuit, on y fait de belles rencontres. «Un jour, j’ai affronté Ryan Tafazolli, un joueur de Hull City. Et, une autre fois, Juan Bernat, le défenseur du PSG, était en ligne…»
Francisco Muñoz ne vit pas du gaming. Employé depuis six mois chez Editus dans le secteur des données légales et financières, il passe en moyenne «deux heures par jour» sur sa Playstation. Mais à l’approche des deux phases qualificatives (ce samedi et le 25 novembre) pour l’Euro-2020, il tourne depuis quelques jours à «4-5 heures», histoire pour cet amateur de Fifa, de se familiariser à ePro Evolution Soccer 2020, le dernier opus sur lequel se disputera la compétition.
Il y avait 836 inscrits pour… 16 places
À son niveau, on ne joue plus, on s’entraîne. De la composition de l’équipe, aux gestes techniques, à la tactique mise en place, rien n’est laissé au hasard. Francisco s’appuie d’ailleurs sur le système intégré dont la Playstation est pourvue pour enregistrer et analyser ses matches. «Quand on joue, on ne fait pas n’importe quoi, c’est réfléchi», glisse «Ciscinho», son pseudo dans le milieu. «Mes potes m’appelaient Cisco et, au moment de choisir mon pseudo, c’était la mode des Ronaldinho, Robinho et donc j’ai choisi Ciscinho.»
Du haut de ses 26 ans, ce dernier disputa sa première compétition en 2012 et, dès sa première année, se hissa en demi-finale du championnat de France. «Le vainqueur gagnait notamment un billet pour aller à Madrid voir un match du Real et rencontrer Karim Benzema», se souvient ce supporter des Merengue qui, récemment, a disputé les qualifications en ligne de la première étape de Fifa 20 Ultimate Team (FUT 20) prévue en Roumanie : «Il faudrait revoir le système car cela se déroule le samedi et dimanche. Le samedi, cela revenait à jouer 16 matches (8 allers-retours)! Au vu de la concentration que cela demande, c’est beaucoup. Et le dimanche, il aurait fallu passer encore trois tours avec des matches au meilleur des trois manches. Il y avait 836 inscrits pour… 16 places.»
Ce samedi, sur le coup de 18h, «Ciscinho» sera chez lui, dans son siège baquet à disputer les qualifications de l’Euro-2020 sur PES avec le Luxembourg et face à des adversaires qui évolueront également avec les Roud Léiwen. Objectif : atteindre les demi-finales et décrocher l’un des quatre premiers billets pour le play-off qui réunira les huit meilleurs luxembourgeois (les quatre autres billets seront délivrés le 25 novembre). À l’issue de celui-ci, on connaîtra l’identité des deux représentants du Luxembourg lors de la phase finale de la compétition européenne. Au fait, c’est quoi la principale qualité d’un bon joueur e-sport ? «Le mental. Tu peux être très bon, mais si tu perds tes nerfs et que tu trembles, ce n’est pas la peine.» De quoi mettre à mal un autre cliché, celui des mains moites.
Charles Michel
