Dudelange revient en Andalousie un an plus tard. Il n’y a plus la fraîcheur de la nouveauté et même une certaine lourdeur l’escorte. C’était neuf, c’était beau, c’était le Betis. Le premier déplacement grandeur nature d’un club luxembourgeois en phase de poules de l’Europa League.
Le 4 octobre 2018, tout était rose bonbon dans la vie du F91. Après un début de saison logiquement calamiteux en championnat, il venait d’enchaîner trois victoires consécutives en DN (dont une victoire au Galgenberg, contre le Fola) au moment de s’embarquer pour Séville et un match contre le Betis, dans un stade garni de 40 000 spectateurs, après une jolie petite entrée en matière contre le Milan AC en phase de groupes et une petite défaite 0-1. À l’époque, Dino Toppmöller avait proclamé que cette qualification était une fin en soi, qu’il convenait d’en profiter, et pas plus, puisque le hasard avait voulu que le tirage fut, à la fois, génial et fatal.
C’est marrant les couleurs : le Betis évolue en vert tandis que le FC Séville joue en rouge. Jolie symbolique. Un an plus tard, Dudelange en a fini avec la naïveté. Au moment de reprendre l’avion pour la capitale andalouse, il pointe à plus de trois victoires du podium voire à quatre de la tête du classement de DN, a été battu logiquement à Esch dimanche (2-1) et s’est en plus inventé des obligations sorties de nulle part au niveau européen mais qui se défendent. Romain Schumacher, son président, voit très bien où l’on veut en venir : «Oui, c’est une pensée qui nous a frôlés de nous dire qu’avec l’effectif de la saison passée, dans le groupe de cette saison, on pourrait largement jouer la qualification. Mais là, on peut encore largement battre Nicosie à la maison et contre Qarabag, on n’était malheureusement pas au point. Se qualifier, là, ce n’est pas impossible.»
2019 est un stress permanent
Il y a moins de joie quand il y a plus d’obligations et d’espoirs. Il y en a moins aussi quand on se retrouve à gérer l’après-drone de Qarabag, à se demander quelles pourraient être les retombées de l’affaire, tout en planifiant fébrilement la venue des Sévillans, qui ont déjà annoncé des casseurs dans les rangs. 2018 était un rêve éveillé malgré l’accumulation de défaites. 2019 est un stress permanent malgré les perspectives.
Revenir à Séville à cet instant de l’histoire est un moment particulier. C’est dans l’Estadio Benito Villamarin que le F91 était entré dans le grand monde, pour son premier match à l’extérieur en phase de poules dans l’un de ces lieux qui raconte qu’on a franchi un véritable palier qualitatif. C’est contre le Betis que le club dudelangeois a pris le premier point de son histoire en phase de groupes, «même si on a dû jouer avec le fait que le terrain était gelé», sourit Romain Schumacher. «Alors oui, admet le président, c’est spécial de revenir à Séville.» En un lieu où le F91 a été reçu sans aucun égard pour sa condition de «petit». «Le Betis nous a accueillis avec une gentillesse énorme et avec style. C’est la même chose avec le FC Séville.» Et pourtant, depuis, Dudelange a bien grandi…
Julien Mollereau