Alors que les protagonistes pour le succès final feront une dernière bataille ce samedi, côté luxembourgeois, on n’attend que le sprint final de Madrid dimanche…
« Je suis content de moi car je ne termine pas cette Vuelta cramé. Parmi les sprinteurs, je suis l’un des plus forts… » Devinette. Quand est-ce que Jempy Drucker a prononcé ces deux phrases ? Réponse : le dimanche 13 septembre 2015, quelques minutes après sa troisième place à Madrid, à l’issue de la 21e et dernière étape du Tour d’Espagne. Il venait de subir la loi de John Degenkolb et Danny Van Poppel.
Depuis, comme on le sait, à Peniscola (province de Valence), Jempy Drucker s’est rincé le gosier au mousseux local en montant sur le podium qui célébrait le vainqueur de la 16e étape de cette Vuelta 2016. Un premier succès dans un grand Tour, même délaissé par les grands noms de la spécialité, ça n’a pas de prix. Surtout pour un homme habitué aux places d’honneur, très souvent placé et peu vainqueur (il avait défloré son palmarès en 2015 en remportant la London Classic). « J’en rêvais, je l’ai fait et ça restera pour la vie », nous a confessé un Jempy Drucker dont le triomphe a été salué par tous, comme une victoire méritée.
Une victoire qui ne couronne pas une carrière car la sienne est bien en cours. Ce qui, à 30 ans, lui donne du baume au cœur alors que sa valeur sportive, au fil des ans, n’a cessé de grimper au point qu’on peut, aujourd’hui, le considérer comme un des spécialistes des courses flandriennes, ce qui n’était encore jamais durablement arrivé pour un coureur luxembourgeois.
«On va tout faire pour qu’il puisse s’imposer»
Mais pour le moment, il enfile la tenue du parfait routier-sprinteur dans cette Vuelta, l’un va d’ailleurs parfaitement avec l’autre, dans les enchaînements d’une saison. La preuve, il sera le principal favori ce dimanche après-midi à Madrid. Un «Grand Duc» vainqueur dans la capitale espagnole ? « On va tout faire pour qu’il puisse s’imposer, même si ce ne sera pas simple. Mais c’est clair que l’équipe sera à son service. Jempy a les armes pour s’imposer. On l’a encore vu jeudi à Gandia où il s’est retrouvé esseulé. Je pense que c’était le plus costaud des finisseurs. Un sprint, ce n’est jamais gagné d’avance, mais il me semble le plus puissant dans cette fin de Vuelta », juge ainsi Valerio Piva, son directeur sportif.
S’il n’a pas manqué grand-chose à Gandia, si les efforts de Danilo Wyss, payants à Peniscola, et ceux de Silvan Dillier, l’autre coureur suisse de l’équipe BMC en lice sur le Tour d’Espagne, propulsent l’enfant de Sandweiler en bonne place dans la dernière ligne droite, alors Jempy Drucker pourra doubler la mise. Pas besoin de repasser les vidéos, c’est le plus puissant des finisseurs de cette fin de Vuelta, alors que Gianni Meersman, double vainqueur en début d’épreuve, marque le pas.
« Dire qu’il voulait s’arrêter a près ses huitième et neuvième places des premiers jours (2e et 5e étapes). Il était déçu, alors on lui a remonté le moral. Là il sait qu’on sera sur place, non seulement pour le soutenir, mais aussi pour fêter son succès et pourquoi pas ses succès s’il l’emporte à nouveau dimanche », rapporte un Jempy Drucker senior, pas peu fier du fiston.
Edith, la maman, et Lynn, son épouse, seront également aux premières loges. Bon, d’accord, Jempy a compris. Il n’a plus qu’à ! Et comme ses deux premières phrases sont toujours d’actualité…
Denis Bastien