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[Cyclisme] «En gravel, on ne peut pas se cacher», explique Tim Diederich


(photo Luis Mangorrinha)

Le Luxembourgeois, qui vient de finir 44e des récents championnats d’Europe en Belgique, représentera son pays dimanche en Italie lors des Mondiaux de cette discipline en vogue.

Tim Diederich, 34 ans, qui est tenant du titre de champion national élite sans contrat en course en ligne et en contre-la-montre (il s’agissait de son quatrième titre en course en ligne et du septième d’affilée en chrono !), est un personnage intéressant du cyclisme luxembourgeois. L’instituteur de Lenningen possède des capacités physiques qui auraient sans doute pu faire de lui un honnête professionnel s’il avait fait ce choix plus jeune.

Dans tous les cas, le coureur du Team Snooze s’oriente désormais vers une carrière de gravel, où il s’épanouit. Dimanche à Oud-Heverlee (Brabant flamand), où le routier professionnel belge Jasper Stuyven s’est imposé en solitaire devant son compatriote Tim Merlier et l’Allemand Paul Voss, Tim Diederich a terminé 44e (à pile 20 minutes) et ce dimanche, il défendra à nouveau les couleurs du Luxembourg à Pieve di Soligo (nord-est de l’Italie), où le grand favori ne sera autre que Wout van Aert !

D’où est venue votre envie de vous lancer dans le gravel ?

Tim Diederich : Pendant la pandémie, je me suis acheté un vélo gravel et je me suis lancé. La discipline était déjà développée aux États-Unis, mais pas du tout en Europe. J’ai commencé à m’entraîner avec des amis. Puis, je me suis racheté un vélo plus compétitif il y a deux ans pour prendre le départ de mes premières courses gravel. L’an passé, je me suis lancé dans mes premiers Mondiaux gravel en Italie (NDLR : avec les pros, il avait terminé 49e).

Et dimanche dernier, comment se sont passés les championnats d’Europe en Belgique ?

C’est l’une des plus belles courses gravel que j’aie faites. Le public était juste exceptionnel. La météo était super. En Flandre, les gens vivent le vélo. Il y avait tant de monde sur le parcours. Et en élite, avec des routiers qui roulent en World Tour, c’était de la haute compétition. Je partais dans l’inconnu et, à l’arrivée, je suis satisfait de mon résultat. Je me suis retrouvé dans un groupe avec l’Italien Daniel Oss qui n’est pas un inconnu. Le parcours était bien choisi, l’organisation était bien faite.

On a l’impression que les compétitions de gravel nivellent les niveaux…

C’est différent des courses sur route. On peut moins se cacher que sur route, où on est confronté au vent. Moi qui aime bien le contre-la-montre, qui est une discipline qui montre la forme de chacun, j’apprécie. Si tu n’as pas le niveau, tu ne suis pas le groupe alors que sur route, cela arrive parfois qu’un coureur s’impose après s’être caché toute la journée. En gravel, c’est impossible. Et la technique importe beaucoup, comme le choix du matériel. C’est bien également de reconnaître les parcours. Cela nécessite de bien se préparer au préalable. Sur route, chez les amateurs, on n’a pas besoin de faire ce genre de choses.

Sur route, on cherche à éviter les voitures de plus en plus nombreuses. Le gravel permet ça en faisant plus de kilomètres qu’avec un VTT et avec moins de technique

Rassurez-nous, le gravel, ce n’est pas du cyclo-cross sur des chemins ?

Non, j’ai essayé une fois le cyclo-cross, mais ce n’est pas du tout mon truc. Le cross, c’est une heure à bloc, le gravel c’est entre quatre et cinq heures. Au niveau de la préparation physique, ce n’est pas du tout la même chose. Le départ n’est pas toujours important. Ça l’était pour les championnats d’Europe où, rapidement, les chemins se sont rétrécis après une grande route. Mais il n’y a pas autant de relance qu’en cross. En gravel, on est dans un effort de force – endurance. Pas comme sur route où on a des moments où on peut rouler tranquillement dans le peloton. Dimanche dernier, je n’ai pas eu le temps de me reposer en cours de course. Par contre, au moindre pépin, tu perds des places et tu ne reviens pas devant.

Vous n’avez pas eu de pépin dimanche ?

Non, pas du tout. J’étais content, j’avais eu un ennui avec ma chaîne lors de la reconnaissance, ce qui m’a permis de pédaler dans les passages techniques pour avoir la bonne tension sur la chaîne. Mais il y a beaucoup de coureurs qui ont eu des ennuis (NDLR : comme l’ancien champion olympique belge Greg Van Avermaet).

Comment voyez-vous votre avenir en gravel ?

Il y a de plus en plus de courses. Il y a le calendrier UCI et un autre calendrier avec des organisateurs qui ne font seulement pas partie de ce label. C’est surtout le cas des courses américaines. Ils ne veulent pas faire d’évènements trop grands, favorisent davantage les courses en pleine nature afin d’éviter la pollution. J’ai fait un peu de toutes ces courses cette année et j’avoue que l’ambiance des courses UCI est plus tournée vers la compétition. Sur les autres courses, c’est plus relâché. L’ambiance est plus conviviale. Cela ressemble davantage au VTT. Sur la route, on fait la course, on se dit au revoir et on se barre (il rit). Les courses UCI ressemblent un peu à ça.

À quand la première compétition de gravel au Luxembourg ?

Avec notre équipe Snooze-VSD, on est en train de regarder ce qu’on pourrait proposer. Il y a beaucoup de chemins. Depuis que je fais du gravel, je découvre presque à chaque sortie de nouveaux parcours. Ce qui pourrait bloquer, ce sont les autorisations forestières. Cela se comprend, les réglementations sont strictes en ce qui concerne les zones vertes. Surtout pour une course. Peut-être devrait-on se concentrer sur un parcours de 20, 30 kilomètres à effectuer plusieurs fois. Ce qui est chouette dans le gravel, c’est la découverte d’un pays, d’une région. On peut être compétitif en gardant un œil pour tout ce qui se trouve aux alentours. Les courses que j’ai faites en Espagne ou en Suède, j’ai combiné ça à un séjour touristique. Il y a beaucoup à faire. Cette discipline est prisée par de plus en plus de coureurs. Même sur route, on rencontre de plus en plus de cyclistes avec des vélos gravel. On peut rouler n’importe où. Sur route, on cherche à éviter les voitures de plus en plus nombreuses. Le gravel permet ça en faisant plus de kilomètres qu’avec un VTT et avec moins de technique.

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