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[Cyclisme] Colin Heiderscheid : «J’ai ressenti de la fierté de porter ce maillot…»


Ici sur le Skoda Tour de Luxembourg en septembre 2022, Colin Heiderscheid a porté avec application son précieux maillot de champion national. (Photos : luis mangorrinha)

Colin Heiderscheid va remettre dimanche à Berbourg son titre en jeu. Confessions…

Il le sait pertinemment bien, il faudrait un petit miracle, donc un nouveau grand coup de tonnerre, pour que Colin Heiderscheid puisse garder dimanche son titre de champion national. Voici un an, le sprinteur de 25 ans frappait un grand coup à Nospelt, en s’imposant devant deux autres coureurs issus d’équipes continentales, Noé Ury et Alexandre Kess. Au nez et à la barbe des coureurs pros, finalement pas si déçus que ça de voir ce garçon «aussi méritant qu’attachant», comme ils le résumeraient par après, réaliser cette énorme surprise.

Un an est donc passé. Colin Heiderscheid a fait de son mieux pour honorer son nouveau statut. Il voulait se donner la chance de s’imposer avec son précieux tricot et sa troisième place dans la dernière étape de la Tageblatt Flèche du Sud lui a laissé logiquement un arrière-goût amer. Ce soir à Berbourg, il s’élancera dans le chrono, même si ce n’est pas la spécialité du coureur de Leopard-TOGT. Pour Colin Heiderscheid, le compte à rebours est lancé…

Tout d’abord, comment avez-vous vécu cette saison avec le maillot de champion national sur les épaules?

Colin Heiderscheid : Cela s’est passé comme à la fin de la saison passée. On sent que l’on est plus respecté dans le peloton, dans toutes les courses, grandes ou petites. Pour le reste, je n’ai pas vraiment eu les résultats que j’avais envie de faire. D’un côté, je me suis rendu compte que le fait de porter le maillot, cela ne m’aidait pas vraiment. Par exemple, lorsque tu attaques pour aller en échappée, on ne te laisse pas filer comme ça.

Quel moment fort allez-vous garder?

Je n’ai pas vraiment un moment fort à retirer. Sinon, je dirais que c’est l’acquisition de ce maillot de champion. Lorsqu’on regarde le palmarès, je suis le seul coureur à l’avoir obtenu en n’étant pas dans une équipe d’élite.

Le pire moment que vous avez passé avec ce maillot de champion?

(Il rit) Il y a beaucoup de pires moments! Alors, je dirais que j’ai vécu un mauvais moment dans l’étape de Sanem sur la dernière Flèche du Sud. Avec Cédric (Pries), on avait beaucoup travaillé pour l’équipe. Et dans la première ascension du col de l’Europe, on était lâché après avoir fait notre travail. Sur le bord de la route, j’ai entendu un spectateur qui disait que je devais mettre mon maillot à la poubelle…

Lorsqu’on revient sur votre titre, il s’agissait d’un jour parfait…

La fin était parfaite, mais ma forme n’était pas top. Ce jour-là, je suis parvenu à faire de mon mieux. Comme j’essaie toujours de le faire. J’ai eu beaucoup de chance, car dans notre groupe d’échappés, tout le monde avait contribué. Personne n’avait fait moins de travail que les autres. Cela m’a beaucoup aidé…

C’est un peu comme si vous aviez partagé votre succès, finalement…

Oui, c’était ça. Il y avait trois coureurs avec contrat et trois coureurs sans contrat. Comme nous arrivions à six, tout le monde grimpait sur le podium. Chacun avait intérêt de rouler.

Mon père a toujours cru que je pouvais remporter un championnat national élite. Honnêtement, moi, je n’y croyais pas

Il y a quelque chose de particulier que vous ressentez aujourd’hui en repensant à votre titre qui avait fait plaisir à beaucoup de coureur?

Oui, je crois qu’il n’y avait personne qui était mécontent. On n’avait jamais connu cette situation. Après, j’ai été sélectionné pour les championnats d’Europe puis les championnats du monde. Quand j’en reparle avec Jempy Drucker (entraîneur national) et Frank Schleck (coordinateur du cyclisme luxembourgeois), ils me disent que c’était un championnat formidable.

Le plus bel hommage que vous avez reçu?

Sans doute mes parents. Mon père a toujours cru que je pouvais remporter un championnat national élite. Honnêtement, moi, je n’y croyais pas. En général, les circuits sont si sélectifs pour les championnats que je ne grimpe pas assez bien. Un Bob (Jungels), un Kevin (Geniets), un Alex (Kirsch) sont beaucoup plus forts que nous. Et jamais, on n’avait jamais connu cette situation, où l’échappée va au bout.

Est-ce que cela peut se reproduire?

Je pense que oui, mais peut-être pas cette année. Beaucoup de coureurs vont essayer de recommencer. Je crois que cette année à Berbourg, cela va être différent. Beaucoup de coureurs voudront tenter, mais cela va durcir directement la course.

Justement, que pensez-vous du parcours?

C’est presque le même qu’en 2016. La première bosse sera celle du chrono et je ne pense que ce sera assez dur pour lâcher beaucoup de monde. Il y a une première minute difficile, ensuite, il y a des changements de rythme.

Lorsque dimanche, vous vous placerez sur la ligne de départ, vous aurez un petit pincement au cœur?

Je ne sais pas. Je n’y ai pas encore pensé.

Lorsque vous partez à l’entraînement avec le maillot de champion, quel sentiment ressentez-vous?

C’était une grande différence pour moi et jusqu’ici, j’ai ressenti de la fierté de le porter.

On se souvient qu’après votre titre, vous aviez émis le souhait de rejoindre une équipe de première ou de deuxième division. Cela a-t-il failli se faire?

Il m’aurait fallu de meilleurs résultats. Jusqu’à la fin de saison, je vais encore essayer, je veux faire le meilleur pour moi et pour l’équipe. Mais, je ne sais pas ce qui va se passer la saison prochaine. J’aime mon équipe, mais je ne sais pas si ce sera encore une option pour la saison suivante.

Pour quelle raison vous alignez-vous ce mercredi dans le chrono?

En fait, j’aime bien ce type d’effort, mais c’est clair que je ne suis pas le meilleur.