Ben Gastauer a repris l’entraînement sur route. Il a surtout veillé à se remettre de sa blessure qui avait stoppé net sa saison 2020.
En cette fin d’après-midi de décembre où un froid de saison engourdit les organismes, Ben Gastauer (33 ans) termine sa balade avec ses enfants. «En pleine saison, c’est impossible, donc j’en profite. En janvier, les stages vont reprendre et ce sera reparti pour une nouvelle saison», sourit-il. Quelques minutes plus tard, il était prêt à évoquer sa convalescence depuis sa fracture de la clavicule gauche survenue sur le Giro. Et le reste…
Où en êtes-vous de votre convalescence ?
Je m’entraîne, je passe du temps avec la famille. Là, l’entraînement est différent des autres années car avec mon épaule, je dois faire beaucoup de rééducation et de la musculation. J’ai repris l’entraînement sur route depuis deux semaines. Et enfin, je passe du temps avec la famille, cela fait des journées bien chargées et je ne m’ennuie pas du tout. C’est différent des autres années car avec ma blessure, j’ai dû adapter mes entraînements. Puis cette année, on ne part en stage avec les autres coureurs à cause de la situation sanitaire.
Il s’agissait de votre première blessure. Comment avez-vous vécu cette période, inhabituelle pour vous ?
C’est vrai que c’était spécial pour moi. Ma chute signifiait ma fin de saison. Et cela a été dur de faire le break. Après mon opération, il a fallu consulter les kinés, les médecins. Je ne me suis pas senti comme si j’étais en vacances. Je veille à me muscler l’épaule en prenant garde de ne pas mettre trop de poids. J’ai été très bien encadré et j’ai l’impression que cela s’est bien passé. Et comme je reprends le vélo en ce moment, les sensations reviennent bien même si je ressens que j’ai une plaque dans l’épaule. Par contre, cela ne me fait pas du tout souffrir. J’ai pu effectuer une séance de quatre heures, ce n’est pas un volume de fou. Il faut y aller progressivement. Mais ce ne sera pas un mois de décembre et un mois de janvier comme la saison dernière où j’avais débuté en Australie. J’espère pouvoir aller m’entraîner quelques jours dans le sud de la France d’ici quelques jours.
Cela change évidemment des années précédentes où on sentait un peu la pression montée au fil des stages
Vous partiez en stage ?
Oui, durant le mois de janvier, comme chaque année en Espagne. Ce sera l’idéal avant de se lancer dans la nouvelle saison. Par petits groupes, on ira à Chambéry pour une journée afin de récupérer nos nouveaux vélos et du matériel. On verra un directeur sportif pour échanger un peu. Cela change évidemment des années précédentes où on sentait un peu la pression montée au fil des stages mais le Covid est passé par là. L’ambiance est différente.
Vous pensez que la saison 2021 pourra se dérouler normalement ?
On peut l’espérer en tout cas. Hormis les courses australiennes, les courses devraient pouvoir se tenir quasiment normalement si on en croit les organisateurs, ce qui est bon signe. On verra bien le moment venu.
Vous avez partagé quelques entraînements avec votre futur coéquipier et compatriote Bob Jungels ?
Pas pour le moment encore. C’était prévu, mais c’est difficile de trouver un créneau actuellement entre mes séances de kiné, de musculation et ma reprise sur route. Cela devrait venir, notamment pour échanger un peu sur notre équipe (il rit). J’ai quelques tuyaux à lui donner !
L’équipe a beaucoup travaillé pour être au niveau. J’ai l’impression qu’on va réussir quelque chose de grand
Justement, votre équipe qui s’appellera AG2R-Citröen en 2021, aura beaucoup changé…
Oui, il y a beaucoup de nouveaux coureurs, notamment de nouveaux grands coureurs. Je pense que globalement, on sera un peu moins fixés sur les classements généraux des grands tours. On aura beaucoup de coureurs pour les classiques flandriennes et même les Ardennaises avec Bob (Jungels) qui visera les classements sur les courses par étapes d’une semaine. On verra s’il vise le général d’un grand tour. Mais ce sera une année très intéressante car il y a beaucoup de nouvelles choses. L’équipe a beaucoup travaillé pour être au niveau. J’ai l’impression qu’on va réussir quelque chose de grand. On a su attirer des nouveaux et grands sponsors. On a réussi à se réinventer. On verra bien comment ça se passe sur la route mais c’est très motivant. C’est quelque chose de nouveau, c’est passionnant.
Vous aurez sûrement l’occasion de rouler avec Bob Jungels…
Je l’espère bien en effet. On aura bien le temps de discuter de ça d’ici la reprise.
Vous aviez annoncé assez vite votre prolongation de contrat d’un an. Vu la conjoncture, vous avez eu peur de rester sur le carreau ?
J’étais content de pouvoir le faire rapidement car effectivement, encore à ce moment-là de l’année, beaucoup de coureurs sont à la recherche d’une nouvelle équipe ou d’une prolongation. J’ai trouvé un nouveau contrat alors que le contexte était délicat et je suis content de cette confiance. Cela me motive, et je veillerai à démontrer que je mérite toujours bien ma place.
Entretien avec Denis Bastien