Le jeune coureur de l’équipe Geofco Doltcini n’aura que peu couru cette saison, mais presque exclusivement des courses pros. Cela a aiguisé son appétit…
La ressemblance avec son grand frère Nicolas, de trois ans son aîné, est telle qu’en voyant évoluer Alexandre, 19 ans, on s’entremêlerait vite les pinceaux. Sauf que sur le plan sportif, les deux enfants du Dr Pascal Kess, ORL, exerçant à l’hôpital Émile-Mayrisch, lui-même fervent cycliste, ont pris des trajectoires opposées.
Cela fait déjà plusieurs années que, études obligent, Nicolas a stoppé sa carrière dans les sous-bois, que fréquente peu Alexandre, «hormis pour l’entraînement, pour l’amusement, mais absolument pas pour la compétition», relève-t-il avec un brin de malice au fond de la voix.
Cet élève du Sportlycée où il retrouve chaque jour ou presque son professeur, également son entraîneur particulier, l’incontournable Michel Wolter, se montre malgré son jeune âge d’une détermination à toute épreuve. Il passera son bac en 2023 et devra ensuite concilier sport et études.
Il sait par avance – même si l’envie de se consacrer davantage au cyclisme reste dans un coin de sa tête -, que le chemin menant au professionnalisme, terme qu’il ne prononce d’ailleurs pas, est semé d’embûches. «Je regarde quelles études je pourrai faire après le bac et j’ai tendance à écarter celles qui me prendraient trop de temps», s’autorise-t-il simplement, même s’il n’a pas fait encore son choix.
Comme Colin Heiderscheid, sacré champion, Noé Ury, son dauphin, Alexandre Kess, troisième des championnats nationaux en juin, au nez et à la barbe des professionnels aguerris, aura fait une entrée par effraction dans le paysage du cyclisme luxembourgeois. Une médaille de bronze à Nospelt qui aura grandement marqué sa jeune carrière.
«On a eu de la chance ce jour-là, mais franchement, notre échappée était parfaite, on a bien travaillé ensemble pour y arriver. On a réussi à épuiser les pros, même si personnellement, je suis persuadé que si Bob Jungels, très expérimenté, avait été présent au départ, notre sort aurait été différent», relève-t-il aujourd’hui.
«Je vais rester chez Geofco Doltcini»
Alexandre Kess, qui a rejoint l’équipe continentale belge Geofco Doltcini (3e division) en début de saison, ne regrette pas son choix. Il annonce d’ailleurs qu’il compte rempiler en 2023.
Il s’explique : «Je m’entends très bien avec le manager, Geoffrey Coupé. Je vais rester dans cette équipe en 2023. Pour moi, c’est l’idéal, on dispose d’un bon programme de courses. Pour la saison prochaine, j’aurai plus de disponibilités après mon bac. Cela m’a fait plaisir de courir cette saison dans cette équipe avec les deux autres coureurs luxembourgeois (NDLR : Ivan Centrone et Jacques Gloesener). Ce n’est pas donné à tous les coureurs de pouvoir s’aligner au départ de courses d’envergure comme le Tour de Luxembourg ou le Tour de Belgique…»
Cela lui laisse d’ailleurs des souvenirs impérissables. Récemment, il a pu côtoyer Remco Evenepoel, ceint de son nouveau maillot arc-en-ciel de champion du monde, sur la ligne de départ de Binche-Chimay-Binche où le jeu belge faisait son retour à la compétition après son sacre australien. «Je n’ai pas osé m’approcher de lui, mais j’ai apprécié de le voir si près», sourit Alexandre Kess.
Sur le Tour de Belgique, ce sont Philippe Gilbert et Fabio Jakobsen qu’il avait suivi du regard durant les étapes. «Dans le peloton, c’est impossible de se retrouver près de ces champions. De toute façon, les grosses formations roulent en bloc, très groupées et les petites équipes se retrouvent directement derrière», témoigne-t-il.
De saines ambitions
N’allez pas croire qu’Alexandre est un simple groupie. Ce solide garçon (1,80 m pour 70 kg) s’estime «plutôt puncheur, assez bon grimpeur». Il dit encore qu’il aime «rouler sur le plat». Par contre, il décrit son sprint «assez moyen». Cela lui donne des axes de travail intéressants à l’entraînement.
Pour le moment, tout n’a pas été toujours simple dans sa jeune carrière. Ainsi, une chute survenue le 9 juillet dernier sur l’Omloop der Zevenheuvelen, une épreuve néerlandaise, le laissait avec une sale fracture de la main.
«J’ai eu trois semaines d’arrêt total, raconte-t-il. Puis j’ai repris avec trois semaines d’home-trainer. Je n’avais que deux semaines d’entraînement dans les jambes lorsque je me suis aligné au départ du Tour de Luxembourg.» Sans avoir pu réaliser une préparation digne de ce nom, il a mis un point d’honneur à aller au bout, ce qui en dit long sur sa détermination.
C’est nourri de saines ambitions qu’Alexandre Kess va continuer à aller de l’avant. «Sur le Tour de Belgique, j’ai remarqué que les grands coureurs avaient le soin du détail, je pense que c’est la voie à suivre pour suivre une progression», conclut le jeune coureur luxembourgeois qui espère, lui aussi, pouvoir honorer en 2023, des sélections avec l’équipe nationale espoirs. Il continuera donc à se faire un nom et un prénom!