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[Cyclisme] Alex Kirsch a attendu son heure


Alex Kirsch ne semble pas le croire lui-même. Il a décroché, à 31 ans, son premier titre en course en ligne. (Photos : luis mangorrinha)

Dans la foulée du contre-la-montre, Alex Kirsch enchaîne les succès. Le voilà champion national!

Sous le soleil de plomb qui fusillait la route de Berbourg, il filait, droit comme un i. Il semblait figé dans cette position qui fait de lui l’un des meilleurs rouleurs au monde lorsqu’il s’agit d’emmener au sprint, son leader, l’ancien champion du monde danois Mads Pedersen ou de préparer le final des classiques flandriennes.

Alex Kirsch qui avait dû attendre ses 31 ans pour remporter sa première course professionnelle, mercredi dans le contre-la-montre, n’avait pas caché ses intentions de viser un doublé. Mais, voilà, il était plus de 17 h 30 et cette fois, plus aucun pépin ne se mettrait au travers de sa route. Le succès lui faisait de l’œil.

La veille, lors d’une petite sorte d’entraînement, il avait encore mordu la poussière, finalement sans aucun dommage. Mais voilà qui ne présageait rien de bon, pensait-il. «Je n’étais vraiment pas top avant la course», remarquera-t-il après coup, avec le sourire retrouvé. Car c’est bien Alex Kirsch qui s’est imposé et pour les émotions d’après-course, il valait mieux avoir le cœur bien accroché pour le suivre dans son périple.

Jungels et Geniets piégés

Il y eut d’abord ces longues minutes où c’est à même la chaussée, les fesses posées sur le bitume brûlant, qu’il reçut les félicitations d’usage. De ses pairs. Puis de sa famille. De ses amis. C’est même ainsi qu’il rembobinera pour la première fois le film d’un championnat national comme souvent haletant. Avec des gagnants et des perdants. Dans cette deuxième catégorie, on mettra évidemment Bob Jungels et Kevin Geniets, qui avaient pour leur part déjà connu le succès dans le championnat à six, et deux reprises. «Ils étaient impressionnants en début de course», remarquera le nouveau champion national, six fois placé sur le podium dans le passé avant son sacre d’hier…

Si cela n’a pas duré, c’est surtout parce que les dés n’ont pas roulé à leurs avantages. Absents du grand groupe de coureurs qui prit le large assez rapidement, un groupe allant jusqu’à douze unités, ils passèrent leur temps à chasser. Et à chasser encore et toujours. Avec forcément un peu de monde sur le porte-bagage…

Si Kevin Geniets a renoncé à cette poursuite devenue vaine, Bob Jungels y est allé jusqu’au bout, transformant ce championnat en long chrono. Comme un dernier tour de chauffe avant le Tour. La minute trente à reboucher à une soixantaine de kilomètres de l’arrivée était devenue de trop. Car devant, quand bien même les professionnels étaient mis plus souvent à contribution, cela n’amusait pas le terrain. D’évidence, les lauréats se trouvaient là. Et il fallait en faire partie.

Déjà une longue carrière

Alex Kirsch ne s’y est pas trompé. Sur le chemin du podium, il prit ensuite le temps de s’arrêter auprès de Bob Jungels, lequel grand seigneur, le félicita en l’enlaçant dans ses bras. Une autre belle image…

Ce succès du grand coureur d’un mètre quatre-vingt-treize qui a déménagé depuis plus d’un an en Andorre, était salué par le plus grand nombre tant le garçon est méritant. Passé professionnel en 2015 dans l’équipe Cult Energie, il a roulé deux ans chez Wallonie Bruxelles avant d’embrasser une carrière World Tour chez Trek-Segafredo (depuis 2019), l’équipe américaine qui deviendra Trek-Lidl dès le prochain Tour de France. Devenu le coéquipier indispensable de Mads Pedersen, un leader devenu incontournable et familier, Alex Kirsch n’a sur une saison que très peu d’occasions de penser à lui.

D’où sans doute cette avalanche d’émotions au moment de réaliser son succès. «Il était le plus explosif, je dirais le plus fort», saluera Michel Ries, son dauphin. Son compatriote Glen Leven, promu directeur sportif hier, resituait sa performance : «Alex sort du Giro, il a bien récupéré, a acquis à 99 % sa sélection pour le Tour (NDLR : l’officialisation est prévue aujourd’hui). Dans la course, il est sorti assez tôt. Le championnat, c’est une succession d’attaques, de contres, de retours, de regroupements. Ensuite, on a bien vu qu’il tournait bien les jambes. Son titre mercredi en chrono, lui avait fait déjà fait du bien, alors ce titre est pleinement mérité.»

Finalement, Alex Kirsch a bien fait d’attendre son heure!