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C’est maintenant ou jamais


Championnats nationaux messieurs – La jeune garde luxembourgeoise rêve de faire tomber Traian Ciociu, octuple champion qui entrera dans la légende en cas de succès, dimanche à la Coque. Comme l’homme à battre a 52 ans et revient de blessure, le timing est idéal pour une passation des pouvoirs.

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Traian Ciociu espère « une belle lutte qui honorera le tennis de table ». (Photo : Julien Garroy)

Qui veut la peau de Traian Ciociu ? Tout le monde. Le gaucher en a conscience, mais pour tout dire, il en a vu d’autres.

Il n’hésite pas à rappeler l’enjeu du week-end, quitte à associer le mot champion à son nom de famille à chaque phrase ou presque. « Ils veulent me battre, je suis le champion qui veut garder son titre et battre le record. Je n’ai pas eu une préparation optimale mais ça va, je suis prêt à défendre ma première place », résume Ciociu.

Il n’hésite pas à répéter son âge et le fait que sa saison a été contrariée par deux blessures, une élongation au bras en début de saison, une autre à la cuisse en janvier. Difficile de ne pas associer ses 52 printemps à l’apparition de plus en plus fréquente de ce type de blessures.

L’hygiène de vie et l’amour que Ciociu porte à son sport lui permettront de jouer encore quelques années, mais il est certain que la fin de son règne national approche.

La page pourrait très bien se tourner dès ce week-end. Aux yeux des joueurs, le vieux Traian, tête de série n°1, est encore le grand favori. À l’inverse de ses principaux concurrents, il ne dispute pas les play-offs avec son club d’Echternach, ce qui lui a permis de jouer à l’économie ces dernières semaines, de manière à avoir son pic de forme ce week-end.

> « Ça reste un sport individuel »

Un plan que certains critiquent mais Ciociu répond à cela en déclarant sa flamme aux championnats. « Mais on sait tous que c’est la compétition la plus importante de l’année !

Évidemment que je suis ravi quand on gagne en équipe, mais le tennis de table reste un sport individuel. Être champion dans son pays, il n’y a rien de mieux, s’emballe le vétéran. J’ai regardé des vidéos des championnats de Chine, le niveau est encore plus fort que celui des championnats du monde.

D’ailleurs, le vainqueur des Mondiaux n’a même pas gagné dans son pays. C’est dire l’importance qu’ils accordent à leur championnat national. C’est pareil en France, en Allemagne, partout… »

Alors peut-être qu’il y a une part de bluff dans l’attitude de ses concurrents. Pas du côté de Gilles Michely en tout cas. Tête de série n°2, le double champion national (2006 et 2013) ne cache pas qu’il aimerait se retrouver en face de son éternel rival en finale. Mais le Dudelangeois a clairement dit que cette compétition n’était pas sa préférée (lire par ailleurs).

L’heure est peut-être venue pour un joueur qui n’est pas encore monté sur la première marche du podium de se révéler. « Cinq ou six joueurs ont le potentiel pour gagner », estime Ciociu.

> Glod ou Kill pour une surprise ?

Le Dudelangeois Mike Bast pourrait faire partie de ceux-là. Mais son tableau ultra-compliqué ne l’avantage pas.

Arlindo De Sousa a peut-être une belle carte à jouer. Présenté parmi les favoris chaque année mais jamais sacré, il a réalisé un début de saison quelconque avec l’Union et le fait d’avancer masqué peut lui rendre service. Il reste un homme capable de mettre tout le monde d’accord à grands coups de revers.

Les deux autres noms souvent avancés pour venir jouer les trouble-fêtes sont Christian Kill et Eric Glod. Kill arrive à maturité et a battu quasiment tout le monde cette saison. Il reste sur une victoire 3-2 en championnat face à Ciociu, mais a appris à se méfier de son bourreau préféré.

Comme De Sousa, Kill jouera la carte de la discrétion. « Je me suis mis moins de pression que les autres années. Aussi, je ne me suis entraîné que deux fois cette semaine. Ça ne sert à rien de s’infliger dix séances et d’arriver crevé le jour J », analyse Kill.

Et puis il y a le jeune Eric Glod, donc. Le Wincrangeois a plein d’atouts dans ses mains. Il avait créé une petite surprise l’an passé en s’invitant dans le dernier carré, battu sèchement en demi-finale par Ciociu (4-0). Glod a considérablement augmenté sa charge d’entraînement cette saison en rejoignant la Schlager Academy en Autriche et a multiplié les tournois internationaux.

Ce n’est pas un épouvantail, mais son profil fait peur à beaucoup de monde. En quart de finale, le gaucher pourrait se frotter à l’Unioniste Jim Cloos, pour un match qui sent bon le spectacle et la jeunesse. Un aspect dont a besoin le tennis de table luxembourgeois pour entrer dans une nouvelle ère.

De notre journaliste Matthieu Pécot