Ni exploit, ni quarts : trop timoré, Lyon a sombré à Barcelone (5-1) face à l’inaltérable Lionel Messi, double buteur et double passeur mercredi en huitième retour de Ligue des champions. Voilà les Catalans qualifiés et la France sans le moindre rescapé en C1.
Le printemps n’est même pas arrivé qu’il est déjà terminé pour les clubs français, absents du top 8 de l’épreuve-reine européenne pour la deuxième année d’affilée, alors que le Barça est un habitué : 12e quart consécutif, un record!
On peut en rejeter la faute sur le Paris SG, surpris par Manchester United la semaine dernière, ou sur la stratégie frileuse de Lyon, qui a attendu une mi-temps mercredi pour tenter de jouer et de faire valoir le bon résultat du match aller (0-0).
Mais la faute en incombe aussi à Messi : au Camp Nou, l’Argentin a répliqué au triplé de son grand rival Cristiano Ronaldo la veille, avec un penalty inscrit d’une panenka (18e) et un but salvateur (78e), ainsi qu’un doublé de passes décisives pour Gerard Piqué (81e) et Ousmane Dembélé (86e).
« Quand il est à un tel niveau, il est quasi inarrêtable, a commenté Bruno Genesio, entraîneur de l’OL. On a fait ce qu’on a pu mais à ce niveau de jeu et de motivation, c’est un génie, l’un des meilleurs joueurs de tous les temps. »
Philippe Coutinho avait entretemps alourdi le score (31e) sur une offrande de Luis Suarez, excellent lui aussi, et les Barcelonais n’auront vraiment eu peur que pendant 20 minutes, entre le but du 2-1 de Lucas Tousart (58e), qui a ramené Lyon à un but de l’exploit, et le doublé salvateur de Messi (78e).
Vingt minutes pour bousculer une équipe aussi expérimentée que le Barça, c’est trop peu et ça n’a pas suffi au Camp Nou. Car la première période a été comme un prolongement du match aller : domination barcelonaise, souffrance lyonnaise.
La feuille morte de Messi
Ce n’est jamais bon signe pour une équipe quand son meilleur joueur se trouve être son gardien. Jamais bon signe non plus quand ledit portier, Anthony Lopes, est contraint de céder sa place à la demi-heure de jeu (34e), victime d’un choc fortuit avec Coutinho et apparemment blessé au torse.
Car auparavant, l’international portugais avait été le seul Lyonnais à contenir les déferlantes catalanes (3e, 4e, 14e, 29e). Ces arrêts n’ont pas découragé le Barça, auteur d’un monologue qui a souvent laissé sans voix les Lyonnais et leur défense à cinq dirigée par Marcelo, incertain avant la rencontre.
Hélas pour les Gones, le défenseur Jason Denayer a protesté en vain de son innocence lorsqu’il a taclé dans la surface Luis Suarez et que ce dernier, avec une pointe de vice, a semblé marcher sur la chaussure du Belge et non être déséquilibré par lui. Pour autant, après validation de l’assistance vidéo (VAR), le penalty a été accordé et Lopes n’a rien pu faire sur la feuille morte de Messi.
« Je viens de regarder à nouveau des images, il n’y absolument pas penalty », a râlé Jean-Michel Aulas, président de Lyon.
Quelques minutes plus tard, le portier n’a rien pu faire non plus devant Suarez, qui s’est débarrassé de Marçal en un contrôle pour fixer Lopes et servir à sa gauche Coutinho, auteur du 2-0 (31e).
Brièvement, l’OL y a cru
Dans ce sombre scénario, la frappe puissante de Tanguy Ndombélé au ras du poteau (10e) aura été une éclaircie passagère, de même que le tir légèrement dévié de Moussa Dembélé (22e), mais l’OL n’avait cadré aucune tentative à la pause.
Dos au mur, à 45 minutes d’une élimination, Lyon a dû montrer les crocs. Enfin, son pressing s’est fait mordant, enfin le Barça a peiné à ressortir proprement le ballon, enfin les supporters français, tout là-haut dans leur tribune, ont pu donner de la voix.
Alors, brièvement, l’OL y a cru. Il a réduit la marque sur un geste de grande classe, cet enchaînement de Lucas Tousart, contrôle de la poitrine-reprise au ras du poteau, après un ballon mal dégagé par la défense (58e).
« Nous avons souffert un moment après le 2-1, ils nous ont compliqué la vie sur coup de pied arrêté. Mais par chance, le but du 3-1 est arrivé pour nous tranquilliser », a reconnu Messi, comeilleur buteur de cette C1 avec 8 buts et ambitieux pour la suite de la compétition : « Le plus difficile, c’est ce qui nous attend. »
AFP